Les cosy mysteries sont au cœur d’un nouvel engouement. Depuis 2020, ces polars légers séduisent de plus en plus de lecteurs et de lectrices, à tel point que le genre, né au xxe siècle, est devenu un véritable phénomène littéraire.
Qui a dit qu’un roman policier devait absolument être sombre et violent ? Si Michael Connelly et Jo Nesbø ont leurs adeptes, mener l’enquête peut aussi se révéler léger ! C’est ce que proposent les « cosy mysteries », un phénomène littéraire tout droit venu d’Angleterre qui ne cesse de prendre de l’ampleur auprès des lecteurs français.
Ces « enquêtes douillettes » désignent un sous-genre des romans policiers, et se distinguent largement du thriller. Ici, vous ne trouverez ni effusion de sang ni de descriptions gores, et encore moins de détective hanté par de vieux démons. Dans le cosy mystery, le suspense et l’humour priment. L’intrigue évolue quant à elle autour d’un crime, et se situe généralement à la campagne. L’occasion pour notre attachant enquêteur de croiser une palette de personnages haute en couleur, et pour le lecteur de découvrir une histoire aussi prenante qu’amusante.
Agatha Christie, la mère du cosy mystery
Certains attribuent la naissance du genre à Arthur Conan Doyle et à son cher Sherlock Holmes, ou encore à Gaston Leroux avec Le Mystère de la chambre jaune (1907). D’autres à Maurice Leblanc et aux aventures du gentleman cambrioleur Arsène Lupin. En réalité, le cosy mystery a pris racine dans l’œuvre de l’indémodable Agatha Christie. Les situations cocasses et l’humour british teintent les romans d’une des écrivaines les plus populaires au monde. Anne Beddingfeld, Parker Pyne ou encore Miss Marple sont autant de détectives amateurs qui ont ouvert la voie, à travers la plume de l’auteure. Exit donc Hercule Poirot et ses mystères à bord de l’Orient-Express. Que ce soit dans L’Homme au complet marron (1924), L’Affaire Protheroe (1930) ou dans le recueil de nouvelles éponyme Mr Parker Pyne (1934), l’intrigue nous embarque au côté d’un enquêteur novice qui navigue dans un mystère, au sein d’une petite communauté de suspects loufoques souvent récurrents.
À quoi reconnaît-on un cosy mystery ?
C’est notamment à cet élément que l’on reconnaît le cosy mystery. L’environnement de prédilection du genre, quant à lui, se trouve être le cottage anglais, en plein cœur d’une campagne verdoyante et pluvieuse. Ceci favorise les huis clos au sein desquels les habitants se livreront aux pires bassesses. Ici, tous les potentiels suspects se connaissent et le périmètre d’investigation restreint offre à la nuit tombée une ambiance mystérieuse, propice au secret.
Mais n’ayez crainte ! Ce qui distingue avant tout le cosy mystery du polar, c’est son humour et sa légèreté. Si le suspense est un ingrédient primordial, la tension des thrillers, et leur violence, sont écartées.
Il n’est d’ailleurs pas forcément question de meurtre. L’enquête peut également tourner autour d’un vol, d’un cambriolage, d’un secret de famille ou bien d’une usurpation d’identité. Le coupable est souvent un proche ou un parent de la victime au mobile personnel. Un élément qui saura offrir autant de rebondissements que de réconfort aux lecteurs. Notre fin limier ne se trompant jamais de piste !
Les femmes et le cosy mystery
Dans le cosy mystery, la justice est toujours rendue, un argument qui fait le charme douillet d’un genre de plus en plus attractif. Son succès doit aussi beaucoup à ses personnages, et notamment à son enquêteur amateur, aussi curieux que culotté, qui prend souvent les traits d’une femme. Miss Marple ou Agatha Raisin sont les figures de proue du genre.
Bien que le genre ne soit pas exclusivement réservé aux femmes, on retrouve une empreinte féminine et féministe dans les cosy mysteries. Les enquêtrices sont des femmes de caractère, bourrées d’humour et d’ingéniosité. Les auteur·es n’hésitent pas non plus à faire des femmes des génies du mal, et des criminelles.
Par ailleurs, si Agatha Christie a démocratisé le genre en son temps, plusieurs écrivaines ont depuis suivi le mouvement. C’est le cas de Lilian Jackson Braun à travers les romans Le Chat qui…, mettant en scène les aventures de Jim Qwilleran, un journaliste alcoolique repenti, au côté de son chat siamois. Parmi les auteures plus contemporaines, on compte également M.C. Beaton, à qui l’on doit la fameuse saga littéraire Agatha Raisin, Rhys Bowen et les aventures de son espionne royale, ou encore l’Américaine Joanne Fluke avec les enquêtes d’Hannah Swensen.
Le cosy mystery aujourd’hui
Si le berceau du cosy mystery est la Grande-Bretagne, le genre ne se cantonne plus aux côtes de la Manche. On retrouve également les ambassadeurs du genre en France, avec Claude Izner et les enquêtes du libraire parisien Victor Legris, Jean-Pierre Alaux et Noël Balen pour la série Le Sang de la vigne, Nadine Monfils et ses Folles Enquêtes de Magritte et Georgette ou Margot et Jean Le Moal pour leur série bretonne Bretzel et beurre salé. Il existe aussi des cosy mysteries pour la jeunesse qui n’ont rien à envier à leurs aînés, et dont Enola Holmes est la digne représentante. Le genre a ainsi su dépasser les frontières, pour se diversifier. Tout en douceur.