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Au MAMO, Daniel Arsham explore l’érosion du temps présent

25 juin 2022
Par Apolline Coëffet
Au MAMO, Daniel Arsham explore l’érosion du temps présent
©Pete Casta / Hypebeast France

Jusqu’au 25 septembre 2022, l’institution marseillaise accueille Le Modulor du Basketball. Une exposition in situ dans laquelle l’artiste new-yorkais envisage l’élision physique de la culture pop.

Architecte, sculpteur, réalisateur, scénographe et à la tête, depuis peu, d’Objects IV Life, sa propre ligne de vêtements – composée de pièces utilitaires pensées, comme son nom l’indique « pour durer toute une vie »… Rien ne semble arrêter Daniel Arsham, dont la dernière exposition, Le Modulor du Basketball, est à découvrir au MAMO – Centre d’Art de la Cité Radieuse jusqu’au 25 septembre prochain. Dans ce nouveau projet in situ, l’artiste new-yorkais envisage toute une réflexion sur le passé et le futur par le prisme d’objets sportifs.

Connu pour détourner les objets du quotidien, Daniel Arsham se distingue par des œuvres monochromes qui oscillent entre le passé et l’avenir. Si cette inclination pour les nuances épurées, allant du blanc éclatant au noir profond, s’explique par son daltonisme, elle renforce son propos et suscite une indéniable confusion temporelle. Un véritable travail sur la texture vient pallier cette absence de couleurs. Sable, fibre de verre, obsidienne, marbre, poussière de roche glaciaire… Dans chacune de ses créations, l’artiste pluridisciplinaire manie des matériaux aussi divers que les pratiques qu’il convoque.

Une idée de ce vers quoi la vie se destine

Dans cette nouvelle exposition, l’artiste – féru de basketball – interroge plus largement l’athlétisme et les loisirs qui ont toujours participé à l’expérience humaine. Au sommet du MAMO – gymnase à ciel ouvert, imaginé par Le Corbusier, avant d’incarner cet espace de création mythique –, sports et histoire dialoguent alors avec la structure elle-même. Dans les pas de l’architecte, Daniel Arsham engage ainsi une étude d’échelle, de dimensions qui s’ancre dans la linéarité du temps. Un bel hommage au langage esthétique et au geste singulier de l’instigateur de ces lieux. 

Çà et là, Le Modulor du Basketball reprend les codes du Corbusier. Au sol, les jaunes et les bleus rappellent le Poème de L’Angle Droit (1955), de même que le soleil que Daniel Arsham a métamorphosé sinon transposé, qui renvoie, de la même façon, au symbole de la « main ouverte », signe éminemment fraternel. Devenu ballon de basket, l’astre lumineux orne et rayonne désormais au centre du terrain de jeu, mais également sur les bannières et les uniformes des équipes. Sculpté et placé dans des structures tubulaires, il semble subir les affres du temps et s’inscrit dans le long sillage de la vie humaine. 

Des sculptures en bronze, inspirées de l’antiquité gréco-romaine, peuplent également la surface. Elles souffrent pareillement d’un délitement, représenté par du cristal, qui instille déjà l’idée de ce vers quoi la vie contemporaine se destine – quoique, selon les archéologues, il est fort à parier qu’il ne restera que peu de choses de nos civilisations, en raison des matériaux utilisés pour bâtir nos structures actuelles et de l’immatérialité de nos mémoires numériques. À la manière d’un memento mori, Daniel Arsham effleure finalement, avec poésie, des problématiques d’envergure qui, pour l’heure, ne manqueront pas d’interroger les visiteurs. 

Le Modulor du Basketball, de Daniel Arsham, au MUMO – Centre d’Art de la Cité Radieuse, à Marseille. Jusqu’au 25/09/2022.

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Article rédigé par
Apolline Coëffet
Apolline Coëffet
Journaliste
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