En résumé
Si Huawei a contenu le prix de ses P40 et P40 Pro sous la barre de 1000 euros, son P40 Pro+ s’inscrit dans une gamme tarifaire qui impose de ne concéder aucun compromis. Or le smartphone, si bluffant soit-il en termes de photographie et de performances générales, souffre encore des limites imposées par son logiciel, même si elles s’atténuent de jour en jour. À réserver donc à un public averti, dont toutefois on ne doute pas qu’il le sera s’il choisit de débourser les quelque 1300 euros que coûte le P40 Pro+. Celui-ci bénéficiera en retour d’un smartphone à l’autonomie parmi les meilleures du moment, pourvu d’un bel écran et assurant des performances globales plus que satisfaisantes.
Note technique
Les plus et les moins
- Zoom réellement impressionnant
- Excellente autonomie
- Bel écran AMOLED
- Des Google Mobile Services difficiles à oublier....
- Un peu lourd tout de même
Détail des sous notes
Notre test détaillé
Officialisé aux côtés des P40 et P40 Pro, le Huawei P40 Pro+ entend repousser un peu plus encore les limites de la photo mobile. Pari gagné ? Notre test.
La famille P40 est déjà riche d’un grand nombre de smartphones. Outre le P40 classique et sa version Pro un peu plus grande et mieux pourvue au rayon de la photographie, la gamme n’inclut pas moins de trois variantes Lite, dont une compatible avec la 5G. C’est toutefois aujourd’hui à la mouture la plus onéreuse du nouveau smartphone phare de Huawei que nous allons nous intéresser, et plus encore aux résultats qu’elle a obtenus durant son évaluation au sein de notre Labo. Nous avons en effet soumis le P40 Pro+ à notre protocole de test habituel, mais revenons tout d’abord sur l’équipement de ce smartphone qui entend tout particulièrement impressionner en prise de vue.
Et pour cause, c’est essentiellement par son quadruple module photo dorsal composé d’un capteur principal de 50 Mpx, d’un second de 8 Mpx avec un objectif équivalent à 240 mm, d’un autre de 8 Mpx également avec un équivalent 80 mm et enfin un dernier, dédié à l’ultra-grand-angle, de 40 Mpx que le P40 Pro+ se démarque. Il reprend pour le reste la quasi-intégralité de la fiche technique du P40 Pro, à commencer par son écran OLED de 6,58 pouces affichant 2640 x 1200 pixels et offrant un taux de rafraîchissement de 90 Hz. Compatible HDR10, cet écran est en outre percé de deux encoches dédiées à un capteur photo de 32 Mpx et à un capteur de profondeur. On retrouve en outre à bord de ce P40 Pro+ une puce Kirin 990 5G, 8 Go de mémoire vive, 512 Go de stockage ou encore une batterie de 4200 mAh, le tout animé par le système d’exploitation Android 10 livré dans sa version open source et habillé de l’interface Emotion UI, avec les HMS (Huawei Mobile Services) en lieu et place des services Google.
L’ergonomie et le design
La prise en main du P40 Pro nous avait séduits, malgré le grand format du smartphone, et le P40 Pro+ produit le même effet. À la place de la vitre arrière à l’aspect mat retenue sur les P40 et P40 Pro, le modèle Plus profite toutefois d’une finition en céramique, tant sur les côtés qu’au dos de l’appareil. Le matériau est conçu pour résister davantage aux chocs et aux rayures que les autres modèles, ce qui explique peut-être que Huawei n’accompagne pas son P40 Pro+ d’une coque de protection ; il est néanmoins, côté écran, pourvu d’office d’un film protecteur.
Ce choix d’un matériau noble au dos du smartphone implique naturellement des contreparties. D’abord, sa finition est brillante et, sur la version foncée que nous avons eue entre les mains, les traces de doigts sont légion. La céramique implique par ailleurs un poids élevé, puisque le P40 Pro+ pèse 226 grammes, contre 209 g pour le P40 Pro. Leurs dimensions restent rigoureusement identiques (158,2 x 72,6 x 9 mm) et, en main, la différence se fait donc sentir. À la décharge de l’appareil toutefois, son poids n’est pas plus élevé que celui d’un iPhone 11 Pro Max (226 g également).
L’écran
Comme indiqué plus tôt, le P40 Pro+ reprend une grande partie de l’équipement du modèle Pro classique, et notamment son écran. On retrouve donc une dalle OLED de 6,53 pouces aux bords incurvés et présentant une définition de 1200 x 2560 pixels tout à fait satisfaisante, peu importe l’usage.
La colorimétrie est là encore au poil avec un delta U’V’ moyen de seulement 0,008 et l’écran du P40 Pro+ n’a pas non plus à rougir de sa directivité, là aussi très faible. Nous avons ainsi relevé, pour 220 cd/m2 en face, une luminosité de 210 cd/m2 à 15° d’inclinaison et encore 169 cd/m2 à 30°.
Mais si le P40 Pro+ hérite avec l’écran du P40 Pro des atouts qui sont les siens, on en retrouve également les défauts, ou du moins un contraste un peu décevant pour de l’OLED. Nos mesures ont permis d’établir un rapport de 356:5. Nous aurions en outre aimé trouver un taux de rafraîchissement de 120 Hz plus en accord avec son positionnement, même si le P40 Pro+ monte tout de même à 90 Hz. C’est suffisant pour observer un gain de fluidité d’ailleurs appréciable.
L’interface utilisateur
L’absence de services Google (GMS), compensés par des services Huawei, constitue sans nul doute la véritable faiblesse de la série P40, puisqu’elle prive de facto l’appareil du Play Store et des applications faisant appel aux services de Google. Le magasin d’applications de Huawei, l’App Gallery, s’étoffe néanmoins rapidement, et la marque met les bouchées doubles pour remplacer au mieux le Play Store. Le P40 Pro+ inaugure ainsi une fonctionnalité Petal Search, préinstallée sur ce modèle, et téléchargeable sur l’App Gallery pour les autres.
Proposée sous la forme d’un widget, cette barre de recherche unifiée permet de trouver, sur différents portails que l’utilisateur n’a donc pas besoin d’installer ni même de connaître (App Gallery, magasins d’applications alternatifs de type Aptoide, sites officiels des applications où se trouvent des APK…), les titres qui l’intéressent. L’outil est réellement pratique pour le néophyte et peut à ce titre être salué, bien qu’il ne résolve pas le problème principal auquel se heurte Huawei : si les applications nécessitant les GMS peuvent être installées via Petal Search, elles ne peuvent être utilisées par la suite.
C’est bien là où le bât blesse encore. Si les plus aguerris peuvent passer par l’installation manuelle des Google Services, plutôt simple à réaliser (les tutos sont disponibles en nombre sur le Web), l’expérience utilisateur reste frustrante pour qui souhaite un smartphone répondant d’emblée à l’intégralité de ses besoins. Néanmoins, rappelons que Huawei propose de nouvelles alternatives, tel son récent service de navigation GPS.
Les performances
Modèle le plus haut de gamme de la série P40, et du catalogue de Huawei après le Mate Xs 5G, le P40 Pro+ a évidemment droit à la meilleure puce du fondeur HiSilicon, à savoir le Kirin 990. Comme sur les P40 et P40 Pro qu’elle équipe également, avec d’ailleurs la même capacité de mémoire vive pour le second, le premier pouvant n’intégrer “que” 6 Go de RAM au lieu de 8, cette puce composée d’un CPU octa-core (4 Cortex-A76 + 4 Cortex-A55) cadencé jusqu’à 2,86 GHz et d’un Mali-G76 MP16 pour la partie graphique s’en tire honorablement sur notre test de performances Javascript. Un temps d’exécution de 47 ms a pu être relevé au premier palier, soit une cadence de 21 fps et, si l’on constate une chute somme toute brutale au second, le temps d’exécution passant à 95 ms et le framerate à 10 fps, ce n’est réellement qu’aux deux derniers que le P40 Pro+ perd pied. Nous avons alors relevé des temps de 184 et 250 ms, soit 5 et 4 fps.
Dans l’ensemble, ces résultats restent néanmoins bons dans l’univers d’Android – en opposition à celui d’iOS, les iPhone restant loin devant en matière de performances -, et il est d’ailleurs à noter que le P40 Pro avait fait légèrement moins bien. Une différence que l’on ne sait réellement expliquer. Quoi qu’il en soit, le P40 Pro+ ne manque pas de puissance.
La photo et la vidéo
S’il arbore une fiche technique très solide dans l’ensemble, c’est évidemment l’imposant bloc photo dorsal du P40 Pro+ que l’on retient. Celui-ci est composé comme suit :
– un module principal avec son capteur de 50 mégapixels, une optique grand-angle (f/1,9) et un système de stabilisation optique un capteur de 8 Mpx avec optique équivalente à 240 mm (f/4,4) et stabilisation optique
– un autre de 8 Mpx également, avec objectif équivalent à 80 mm (f/2,4) et stabilisation optique là encore
– un dernier de 40 Mpx avec une optique ultra-grand-angle (équivalent 18 mm, f/1,8)
– un capteur ToF dédié à la mesure de la profondeur
L’effet de zoom optique n’est évidemment pas nouveau dans l’univers du smartphone, mais les structures dites périscopiques leur ont permis d’atteindre un niveau nettement supérieur. Employées par Huawei, mais aussi par Oppo, elles permettent d’accroître la focale des objectifs sans pour autant augmenter l’épaisseur des smartphones. C’est ce qui a permis à Huawei d’intégrer à son P30 Pro, l’an dernier, un zoom 5x. Aujourd’hui, la technologie s’appuie sur un système de miroirs permettant de rediriger la lumière cinq fois et d’obtenir, au final, l’équivalent d’une focale de 240 mm : elle apporte donc un zoom 10x par rapport au grand-angle principal du smartphone. Jusqu’à 3x, c’est ainsi le couple 8 Mpx / optique téléphoto f/2,4 qui se charge du grossissement, puis elle est complétée par le module à zoom périscopique équivalent à 240 mm.
L’effet est proprement épatant, réaliser des photos à la fois nettes et détaillées ne posant aucune difficulté grâce à la stabilisation optique performante qui l’accompagne. Les clichés sont légèrement lissés, l’ouverture étant limitée à f/4,4 et le traitement numérique apporté par Huawei se chargeant de compenser la perte d’informations, mais sont proprement bluffants. En revanche, on reste circonspect face au zoom 100x (numérique cette fois) promis par Huawei : s’il permet bel et bien de capturer une image au loin et d’obtenir une information en image, il est franchement difficile d’obtenir la stabilité nécessaire à la mise au point. Un bonus donc, mais que l’on peinera à exploiter.
Du côté du capteur principal, le smartphone n’a pas franchement brillé sur le plan de la résolution malgré son capteur de 50 Mpx, peut-être en raison du pixel binning ne permettant d’accoucher que de clichés de 12,5 Mpx dans le mode automatique utilisé pour nos tests Labo. Ainsi, si la qualité d’image est très bonne au centre, elle ne l’est pas autant en périphérie et les possibilités de recadrage sont un peu plus limitées que chez la concurrence. Un dernier point que l’on peut donc contourner en utilisant l’option permettant de capturer en pleine résolution. Le module principal du P40 Pro+ a néanmoins le mérite d’inclure une optique d’excellente qualité et, surtout, de préserver un bon niveau de détails en faible luminosité sans même qu’il ne soit nécessaire d’activer le mode nuit, néanmoins proposé et toujours très efficace d’ailleurs. Notons pour en finir avec ce bloc arrière qu’il inclut aussi un module ultra grand-angle de 40 Mpx accouchant de clichés de 10 Mpx, là encore en raison du pixel binning, des plus satisfaisants.
Voyez ci-dessous d’autres exemples capturés avec le P40 Pro+ :
Il va sans dire que les options logicielles déjà vues sur le P40 Pro (effacement de sujets, suppression de reflets…) tant en matière de photos que de vidéos restent de la partie. D’aucuns regretteront d’ailleurs peut-être qu’elles n’aient pas été enrichies, notamment avec la possibilité de filmer en 8K pour égaler les Galaxy S20. Mais s’il est donc lui aussi limité à la 4K à 60 fps, le P40 Pro+ a néanmoins le mérite de proposer de la stabilisation même à l’ultra-grand-angle en vidéo. Une option qu’il convient de saluer.
À l’avant, enfin, le smartphone se contente de reprendre l’équipement du P40 Pro, lequel se montre toutefois très performant avec un module de 32 mégapixels pourvu d’un autofocus. C’est bien souvent ce qui fait défaut aux caméras avant. Celle du P40 Pro+ peut ainsi capturer les détails les plus fins du visage sans qu’il n’y ait à se soucier de la distance de mise au point. On y trouve en outre une optique de qualité là aussi, en dépit de légères déformations géométriques, mais les résultats sont tout de même moins bons en faible luminosité. À noter que ce module de 32 Mpx s’accompagne d’un capteur ToF, utile notamment en mode Portrait.
Le rendu audio
Comme beaucoup de smartphones haut de gamme, le P40 Pro+ est dépourvu de prise casque et demandera, si ce n’est pas déjà fait, d’investir dans un casque ou des écouteurs sans fil pour se passer des écouteurs USB-C fournis puisque Huawei n’inclut pas d’adaptateur USB-C vers jack. Notez d’ailleurs que le smartphone est compatible Bluetooth 5.1 et que nous avons mesuré une bonne sensibilité de 55 dB.
Bien sûr, un haut-parleur multimédia est également inclus. Le son délivré est étonnamment bon, le P40 Pro+ offrant un registre de médiums complet. Les graves et les aigus sont sans surprise en retrait, mais pas autant qu’avec la plupart des autres smartphones et l’on note tout de même une bonne tenue des seconds jusqu’à 4 kHz.
La qualité de réception (performances radio)
Si notre labo n’est pas encore équipé en 5G, avec laquelle le P40 Pro+ est évidemment compatible, nous avons évalué la qualité de connexion en 4G, 3G et 2G et obtenu de bons résultats. Il s’en sort même très bien en 3G et 2G, et presque aussi bien en 4G. Les résultats sont en outre très homogènes sur l’ensemble des bandes de fréquences disponibles. Bref, le P40 Pro+ ne devrait avoir aucun mal à se connecter aux réseaux mobiles.
Pour ce qui est des réseaux Wi-Fi, le bilan est plus mitigé. Les performances sont un peu décevantes en Wi-Fi a, n et ac sans toutefois être catastrophiques, et le P40 Pro+ se rattrape en Wi-Fi b et g. Notez qu’il est de plus compatible avec le Wi-Fi x, ou Wi-Fi 6.
L’autonomie
Tout comme pour le P40 Pro dont l’on retrouve d’ailleurs la batterie de 4200 mAh, l’autonomie est assurément l’un des points forts du P40 Pro+. Il a ainsi tenu 14 heures et 46 minutes en moyenne sur notre test basé sur un usage léger, mais continu avant de s’éteindre, et signe ainsi l’une des meilleures performances de l’année. Il est de plus à noter que le P40 Pro+ propose une charge 40 W en filaire comme en sans-fil. Nous avons pour notre part chronométré le temps de charge avec le bloc secteur fourni. Le smartphone met en moyenne 1h30 à faire le plein. À noter qu’il offre également la charge sans fil inversée jusqu’à 27 W, pour recharger d’autres appareils compatibles, donc.
Conclusion
Si Huawei a contenu le prix de ses P40 et P40 Pro sous la barre de 1000 euros, son P40 Pro+ s’inscrit dans une gamme tarifaire qui impose de ne concéder aucun compromis. Or le smartphone, si bluffant soit-il en termes de photographie et de performances générales, souffre encore des limites imposées par son logiciel, même si elles s’atténuent de jour en jour. À réserver donc à un public averti, dont toutefois on ne doute pas qu’il le sera s’il choisit de débourser les quelque 1300 euros que coûte le P40 Pro+. Celui-ci bénéficiera en retour d’un smartphone à l’autonomie parmi les meilleures du moment, pourvu d’un bel écran et assurant des performances globales plus que satisfaisantes.