En résumé
Avec Xenoblade Chronicles 2, le studio Monolith Soft semble vouloir renouer avec des valeurs plus proches de celles qui avaient fait la gloire de l’épisode fondateur de la série. La remise au tout premier plan des ambitions narratives dans un style nettement moins occidental que celui qui caractérisait l’atmosphère de Xenoblade Chronicles X sonne particulièrement juste. Tout comme le prolongement du système de combat, qui revêt ici une forme proche de la perfection en termes de finesse et de frénésie. La Switch accuse un peu le coup sur le plan technique, mais c’est le prix à payer pour la concrétisation de si folles ambitions.
Note technique
Les plus et les moins
- Un épisode entièrement « neuf », sans aucun pré-requis imposé concernant le background
- L'ampleur du monde et ses secrets liés au reflux de la marée sur l'océan de nuages
- Chargements quasi instantanés et distance d'affichage correcte malgré l'aliasing
- Technicité des combats dans le prolongement direct des précédents volets
- Possibilité de masquer la plupart des infos de combats pour une meilleure lisibilité du HUD
- La qualité du doublage japonais (en téléchargement gratuit sur l'eShop)
- L'hystérie des protagonistes en combat (VO recommandée)
- L'envie de compléter toute la collection de Lames rares
- Le gain de temps obtenu via les missions de mercenaires
- Une durée de vie solide (+60 heures), facilement doublée dans l'optique du 100 %
- Une réalisation graphique en deçà des autres éléments du jeu
- Chara design un peu trop infantilisé par rapport aux précédents volets
- L'imprécision de la boussole qui ne facilite pas la navigation
- Des longueurs dues à la profusion de cut-scenes et de dialogues pas toujours pertinents
- Des quêtes annexes à rallonge peu palpitantes qui impliquent nombre d'allers-retours
Notre test détaillé
Se positionnant stratégiquement à mi-chemin entre le premier Xenoblade et l’épisode X qui avait divisé une certaine partie du public, Xenoblade Chronicles 2 ne cherche à copier ni l’un ni l’autre, mais se forge sa propre identité. On y décèle bien des enjeux similaires et une finesse de gameplay toujours hautement technique, mais le titre ne dégage jamais cette impression de déjà-vu que l’on aurait pu craindre. De quoi raviver notre curiosité !
Depuis ses débuts, la franchise Xenoblade trouve sa singularité dans son univers qui met en scène des mondes aux allures de titans sur lesquels des populations tentent de survivre comme si elles évoluaient sur des continents en perpétuel mouvement.
Xenoblade Chronicles 2 n’y fait pas exception et y ajoute même sa propre originalité avec des environnements qui flottent au-dessus d’un océan de nuages subissant les reflux de la marée. Dès lors, il devient possible de prendre appui sur cette surface brumeuse, mais solide, pour accéder à des lieux secrets que l’on peut découvrir uniquement à marée haute ou à marée basse. Original et fascinant, l’univers de Xenoblade Chronicles 2 implique surtout une quête du paradis perdu, cet Elysium qui s’étendait jadis autour de l’Arbre-monde et duquel furent chassées les populations sans qu’aucune légende n’en rapporte la cause. Afin d’assurer leur survie, ces peuples s’établirent alors sur les fameux titans, au-dessus de la mer de nuages, mais à présent que les titans se meurent, seul un retour au paradis perdu d’Elysium semble devoir garantir leur salut.
Pilotes et Lames, des duos complices
C’est ici que les notions de « Pilotes » et de « Lames » entrent en jeu, puisque seuls les pouvoirs conférés par la complémentarité de ces duos est à même d’accomplir la quête du retour en terre promise. Rex, le protagoniste numéro un de Xenoblade Chronicles 2, devient justement l’un d’entre eux au début de cette aventure, passant du statut de simple récupérateur à celui de Pilote jalousé après être entré en résonance avec une forme de vie artificielle pas tout à fait comme les autres : la Lame sacrée Aegis. Dès lors, une communauté va rapidement se former autour de lui pour atteindre la destination rêvée en déjouant les complots ourdis par ceux qui convoitent sa Lame.
Incontestablement, si ce nouvel opus tranche avec ses prédécesseurs en optant pour un character design plus enfantin, l’atmosphère du titre reste heureusement assez mature et complexe pour tenir en haleine n’importe quel adepte de J-RPG. Disponible en téléchargement gratuit, le doublage japonais facilite d’ailleurs grandement l’immersion dans cet univers qui, en dépit d’une mise en route un peu longuette, finit par dévoiler toute son efficacité sur le plan narratif.
Un système de combat abouti
Si Xenoblade Chronicles 2 peut compter sur un développement scénaristique intéressant, cela n’est rien en comparaison de la profondeur de son système de combat. Hérité des deux opus précédents, ce dernier en est un aboutissement extrêmement convaincant, délaissant cette interface peu ergonomique qui nous incitait à spammer les skills trop nombreuses au profit d’une répartition des techniques sur quatre boutons seulement. En résulte un battle system nettement plus intuitif, mais toujours aussi complet, qui met aussi bien en avant l’importance du timing que l’enchaînement des pouvoirs élémentaires et l’efficacité des altérations de statut (déséquilibrage, puis chute, projection et enfin commotion). Sans rentrer dans les détails, le système de combat de Xenoblade Chronicles 2 requiert un temps d’adaptation non négligeable pour parfaitement saisir la manière dont il convient de réaliser les combos de Lames de niveau élevé, mais il constitue le meilleur allié du titre sur le plan ludique.
Addiction, ivresse et frénésie
Vient ensuite le plaisir d’arpenter ces environnements étendus qui abritent une faune souvent surprenante, toujours hostile, et même parfois propice à de brutales déconvenues lorsqu’on se heurte à des créatures de niveau excessivement élevé qui passaient par là. À l’instar de ses aînés, Xenoblade Chronicles 2 implique un risque omniprésent à chaque sortie en territoire inconnu, et c’est ce qui rend justement cette exploration aussi grisante. Dommage cependant que l’imprécision de la map, et surtout de la boussole, ne facilite pas la navigation, ce qui nous oblige à multiplier les accès au sous-menu pour consulter la vue d’ensemble de chaque région.
Comptant par ailleurs sur un système d’évolution des personnages (Pilotes et Lames) complètement inédit, le titre récompense ceux qui prendront le temps d’expérimenter toutes les subtilités de ce gameplay luxuriant qui regorge de bonnes trouvailles. Qu’elles soient communes, rares ou liées à l’histoire principale, les Lames que l’on contrôle et la manière dont on peut les faire évoluer sont véritablement la clé de la progression. On prend ainsi énormément de plaisir à compléter notre collection de Lames rares aux identités uniques, et même si le hasard y joue une part non négligeable on ne décèle jamais l’ombre d’une micro-transaction. Après quelques heures de jeu, la construction d’une équipe réellement complémentaire garantit une efficacité enivrante lors des affrontements, les combos pleuvant littéralement sous les hurlements hystériques des protagonistes !
Des ambitions pantagruéliques
En dépit de sa taille exceptionnelle, l’univers du jeu brille par la réactivité de ses chargements, sa quasi-absence de bugs (nous n’avons eu droit qu’à un seul plantage en tout et pour tout) et sa distance d’affichage correcte, même si cela se fait au détriment de la finesse des textures. La réalisation graphique se hisse ainsi péniblement au-dessus de la moyenne de ce que l’on attend d’un open world en termes visuels, l’aliasing trahissant la fatigue évidente du moteur de jeu, surtout en mode portable.
Car Xenoblade Chronicles 2 est d’une richesse inépuisable, sidérant par la profondeur de son contenu et la profusion de ses quêtes annexes. Celles-ci viennent en effet facilement doubler une durée de vie qui dépasse déjà les soixante heures en ligne droite, quitte à nous imposer au passage bon nombre d’allers-retours fastidieux. Dernier bémol, il est vrai qu’en comparaison du premier volet, l’histoire affiche certaines longueurs qui s’ajoutent à des discussions trop souvent superflues. Mais voilà bien tout ce que l’on pourra reprocher à ce titre qui se hisse sans problème parmi les RPG les plus attractifs de ces dernières années !
Conclusion
Avec Xenoblade Chronicles 2, le studio Monolith Soft semble vouloir renouer avec des valeurs plus proches de celles qui avaient fait la gloire de l’épisode fondateur de la série. La remise au tout premier plan des ambitions narratives dans un style nettement moins occidental que celui qui caractérisait l’atmosphère de Xenoblade Chronicles X sonne particulièrement juste. Tout comme le prolongement du système de combat, qui revêt ici une forme proche de la perfection en termes de finesse et de frénésie. La Switch accuse un peu le coup sur le plan technique, mais c’est le prix à payer pour la concrétisation de si folles ambitions.