En résumé
D’une efficacité redoutable, le concept imaginé dans le cadre de ce crossover donne un vrai coup de fouet au genre du tactical-RPG grâce au grain de folie produit par cette alliance contre-nature entre Mario et les Lapins Crétins. Loin d’être incompatibles, les deux univers s’alimentent l’un et l’autre pour livrer quelque chose d’unique et d’inattendu qui n’a de cesse de nous surprendre. Irrésistible !
Note technique
Les plus et les moins
- Une vraie dose de tactique dans un contexte absurde inédit pour le genre
- Des batailles qui s'enchaînent vite et ne traînent pas vainement en longueur
- Grande diversité des approches via la multiplicité des personnages/compétences
- Le respect des deux univers qui se combinent avec génie
- Une belle réussite sonore et visuelle
- Challenge adapté à tous avec la bascule en mode Facile pour éviter de rester bloqué
- Mode coopératif utile et bienvenu
- Durée de vie très correcte : + de 20 heures de jeu assurées même sans viser les 100 %
- Mario est toujours imposé parmi les trois membres de l'équipe
- Les énigmes inter-batailles qui font un peu « remplissage »
- Les énigmes inter-batailles qui font un peu « remplissage »
Notre test détaillé
En confiant ses figures les plus emblématiques à Ubisoft pour une rencontre inédite entre les univers de Mario et des Lapins Crétins, Nintendo a pris tout le monde de court. Mais si réaliser un crossover déjanté mixant les deux franchises peut déjà sembler pour le moins osé, la surprise est encore plus grande lorsqu’on réalise qu’il est question de tactical-RPG.
Forts de la confiance placée en eux par Nintendo, les talents des équipes d’Ubisoft se sont efforcés d’extirper le meilleur de leur créativité pour livrer ce que l’on peut raisonnablement considérer comme l’un des titres les plus étonnants de la Switch. Assumant totalement son propos incongru, le scénario de Mario + The Lapins Crétins Kingdom Battle parachute la machine à laver spatio-temporelle des Lapins Crétins dans la chambre d’une ado férue de goodies Nintendo.
Encore à l’état de prototype, le casque de fusion mis au point par la jeune fille tombe alors entre les mains de l’un des êtres les plus idiots de la création, créant un vortex qui entraîne tout le monde dans le royaume champignon. Le phénomène engendre au passage la naissance de créatures hybrides résultant de la fusion entre les Lapins Crétins et les goodies à l’effigie des personnages Nintendo. Et c’est dans un royaume champignon méconnaissable et au bord du chaos que les véritables Mario et Luigi vont être contraints de s’allier avec ces créatures écervelées dans le but de sauver ce qui peut encore l’être…
Délicieusement décalé
Avant même de s’interroger sur la pertinence du genre choisi pour ce crossover, il convient de s’incliner devant l’efficacité avec laquelle les concepteurs sont parvenus à combiner deux univers aussi distants dans le respect le plus total des personnages de Nintendo.
Digne du pire des cosplays, le design de ces lapins caricaturant à l’excès leurs modèles devrait parvenir à arracher un sourire même aux joueurs les plus réfractaires à leur humour abscons. Il faut dire que les travers de Lapin Peach et de ses comparses dépassent tellement les bornes qu’ils contrastent avec la sagesse des originaux issus du royaume champignon… même si le délire ambiant viendra bien vite les contaminer eux aussi. Ce qu’il faut retenir, c’est bien ce décalage permanent entre tout ce qui caractérise les aspects du titre, et notamment ce grain de folie général qui détone avec le sérieux d’un gameplay construit dans le moule du tactical-RPG.
Le RPG tactique universel
Nul doute que, parmi tous les curieux qui auront le bon goût de s’essayer au jeu, bon nombre d’entre eux ne revendiqueront pas, a priori, leur amour pour le RPG tactique au tour par tour. C’est d’ailleurs aussi dans l’optique d’initier les profanes au genre que le titre a été conçu. À l’inverse, c’est bien dans la crainte de se trouver en présence d’un soft pour néophytes que les amateurs du genre risqueraient de condamner, à tort, Mario + The Lapins Crétins Kingdom Battle. Car, bien que le titre s’appuie sur les éléments les plus symboliques du tactical-RPG (déroulement au tour par tour, déplacements sur des cases), il s’efforce surtout d’en réinventer la formule. Alors certes, on déploie toujours nos troupes astucieusement en se mettant à couvert pour frapper sans être touché, mais le gameplay du titre se révèle bien moins conventionnel qu’on ne pourrait le craindre au premier abord.
Tout comme un jeu de plateau dont on retravaillerait les règles à l’envi pour lui insuffler une nouvelle vigueur, Mario + The Lapins Crétins Kingdom Battle dépoussière les lois du tactical-RPG en y introduisant des idées folles, dans la veine d’un Disgaea. Ainsi, sauter sur la tête de ses alliés est ici vivement conseillé pour atteindre des endroits distants ou prendre de la hauteur tout en fauchant ou en écrasant quelques ennemis au passage. Le placement des unités est crucial si l’on veut étendre la mobilité de ses troupes, tout comme le choix des armes et de leurs effets. Certaines pourront par exemple engluer les ennemis dans du miel pour les immobiliser, les empêcher de viser à l’aide d’un jet d’encre ou les faire rebondir hors de la zone de combat pour leur ajouter des dégâts de « ring out ». À cet arsenal de base s’ajoute toute une ribambelle d’armes loufoques secondaires, telles les sentinelles qui font diversion en allant traquer l’ennemi pour exploser à son contact, ou les marteaux qui font des ravages en combat rapproché.
Trio d’élite
Plus encore que le choix des armes, c’est surtout la construction de l’équipe qui détermine notre façon de jouer, grâce aux compétences définissant l’évolution des personnages. Ainsi, même pendant un tour adverse, le regard d’acier de Mario et Luigi pourra foudroyer quiconque osera sortir de sa cachette, effet bullet time à l’appui, dans un hommage évident au fameux « death stare » de Luigi dans Mario Kart 8.
Tout aussi absurde, la danse magnétique de Lapin Mario obligera les adversaires à quitter leurs tranchées pour sortir à découvert. Mais le camp ennemi n’est pas en reste, avec ses créatures capables d’intercepter nos déplacements, ses fantômes qui nous ramènent en arrière et ses tornades géantes qui balayent le terrain à intervalles réguliers. La zizanie pourrait sembler totale, et pourtant, à aucun moment le joueur ne se sent prisonnier d’un gameplay qui lui échappe. Les assauts sont anticipés plusieurs coups à l’avance, les déplacements millimétrés et tout est planifié dans l’esprit d’un vrai jeu de rôle tactique.
Les batailles ont le bon goût de ne pas s’éterniser inutilement, pour peu que l’on mette à jour régulièrement notre arsenal afin de venir à bout des unités ennemies en un ou deux coups. Et le tout est entrecoupé de petites énigmes qu’il faut résoudre pour rallier les différentes zones de combat. Bien que ces dernières aient surtout valeur de remplissage, on s’incline devant la qualité du level design, tortueux à souhait et propice à la dissimulation de secrets en tout genre.
Un vrai challenge
Aussi réussi dans sa conception ludique que sur le plan visuel et sonore, le soft s’échelonne sur plus de vingt heures de jeu, même si l’on ne revient pas dans les zones déjà terminées pour boucler tous les défis optionnels.
Si aucun mode compétitif n’est envisagé, on trouve tout de même un certain nombre de challenges spéciaux jouables en coopération à deux joueurs en local, chacun contrôlant deux personnages. Ces défis reprennent les objectifs des niveaux en solo (élimination, ralliement vers un point d’extraction, mission d’escorte) et offrent trois degrés de difficulté différents, avec possibilité de passer la main à son coéquipier à tout moment. Un bon moyen de partager ses tactiques avec ses amis pour apprendre à surmonter les épreuves les plus délicates sans craquer pour ce mode Facile qui nous tend les bras à chaque nouvelle mission.
Conclusion
D’une efficacité redoutable, le concept imaginé dans le cadre de ce crossover donne un vrai coup de fouet au genre du tactical-RPG grâce au grain de folie produit par cette alliance contre-nature entre Mario et les Lapins Crétins. Loin d’être incompatibles, les deux univers s’alimentent l’un et l’autre pour livrer quelque chose d’unique et d’inattendu qui n’a de cesse de nous surprendre. Irrésistible !