Test

Test du Pico 4 : le casque de VR autonome peut-il voler la couronne au Meta Quest 2 ?

10 janvier 2023
Par Pierre Crochart
Disponible depuis peu, le Pico 4 a de solides arguments à faire valoir.
Disponible depuis peu, le Pico 4 a de solides arguments à faire valoir. ©Pierre Crochart/L'Éclaireur

Désormais propriété de ByteDance (TikTok), le fabricant chinois Pico muscle son jeu dans la VR et lance un nouveau modèle de casque autonome. Pari réussi ?

En résumé

Le Pico 4 est un casque de réalité virtuelle très séduisant. Léger, assez joli et moderne, il dispose d’une fiche technique de haut vol qui lui offre à la fois une belle puissance de calcul et une qualité d’image impressionnante – plus que celle du Meta Quest 2. Ne lui manque vraiment qu’un magasin d’applications plus fourni et quelques petits ajouts en matière de fonctionnalités pratiques pour être un véritable must. Mais pour celles et ceux qui souhaitent s’initier à la VR avec un casque dernier cri et accessible, le Pico 4 est tout indiqué. Du moins si l’autonomie n’est pas le critère le plus important à leurs yeux.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Une très belle qualité d'image
  • Champ de vision généreux (105°)
  • Écosystème ouvert, idéal pour les bidouilleurs
  • Un casque léger et élégant, très confortable
  • Mode passthrough en couleurs
Les moins
  • Autonomie décevante
  • Magasin d'applications encore un peu maigre
  • Pas de bouton physique pour activer le passthrough

Notre test détaillé

Annoncé à la rentrée, le casque de réalité virtuelle Pico 4 est enfin arrivé entre nos mains. Plus abordable que le Meta Quest 2, son concurrent principal, il est affiché à partir de 429 € avec 128 Go de stockage interne et propose une expérience de réalité virtuelle autonome – dépourvue de câbles. Un segment de marché sur lequel Meta règne en maître… Plus pour longtemps ? Voyons tout cela dans ce test complet.

Test réalisé sur un produit prêté par le constructeur.

Design et ergonomie

Le Pico 4 est un casque particulièrement compact et léger. Avec 295 grammes seulement sur la balance, il est presque deux fois moins lourd que le Quest 2 (503 grammes). Mais c’est surtout la répartition du poids qui impressionne.

L’appareil de Pico adopte une conception bien plus moderne, notamment illustrée sur le récent Meta Quest Pro. Contrairement à l’écrasante majorité des casques du marché, sa batterie est placée non pas au niveau de la visière, mais à l’arrière du crâne. Elle fait donc office de contrepoids qui vient soulager l’utilisateur ou l’utilisatrice, qui a moins de poids à supporter sur l’arête de son nez, par exemple.

Pico 4 test
La batterie est logée à l’arrière pour alléger la partie avant de l’appareil.©Pierre Crochart/L'Éclaireur

Tout cela rend le Pico 4 très confortable à chausser. L’arceau est pivotable afin de pouvoir bien positionner les écrans face à ses yeux. Il suffit ensuite de le replier derrière son crâne, de serrer grâce à la roue crantée et éventuellement de jouer avec la sangle située sur le dessus pour s’assurer d’un maintien optimal.

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La roue située à l’arrière permet de serrer et desserrer le casque très facilement.©Pierre Crochart/L'Éclaireur

La mousse encadrant la visière du Pico 4 ne procure aucune gêne, même après plusieurs heures d’utilisation. Sa matière ne provoque pas non plus de transpiration. Dans la boîte, Pico fournit un adaptateur nasal souple qui permet, au besoin, de bloquer davantage la lumière pouvant entrer dans le casque. J’ai personnellement opté pour son installation, qui ne fait rien perdre en confort et renforce l’immersion !

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On peut installer un adaptateur nasal pour bloquer davantage la lumière extérieure.©Pierre Crochart/L'Éclaireur

Détail important : il est parfaitement possible d’utiliser le Pico 4 avec des lunettes. J’ai d’ailleurs préféré garder les miennes pendant toute la durée du test et n’ai ressenti aucune gêne particulière ; aucune pression au niveau des tempes ou des arêtes nasales. Bref : un confort de tous les instants.

On pourra toutefois regretter qu’aucun cache ne soit fourni pour protéger les grandes lentilles de type Pancake lorsque le casque n’est pas utilisé. Mieux vaut garder à portée un chiffon pour dépoussiérer les lunettes avant de lancer une nouvelle partie.

Pour conclure ce rapide tour du propriétaire, parlons du son. On distingue sur chaque branche du casque une petite fente qui abrite en réalité des haut-parleurs. Ceux-ci produisent un son assez bien défini, même si leur volume est assez faible. Deux boutons situés sur la tranche droite permettent de régler leur intensité. Plutôt dommage : aucune prise jack 3,5 mm n’est au programme. Il faudra donc passer par des écouteurs ou un casque Bluetooth, au prix d’une potentielle latence sur certains contenus.

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Le son des haut-parleurs est correct, mais manque de puissance.©Pierre Crochart/L'Éclaireur

Mise en marche et fonctionnalités

Il n’y a pas grand-chose à faire une fois le casque déballé et ajusté. Il suffit de le chausser, de prendre en main les deux contrôleurs (très classiques) fournis et de le mettre sous tension.

Au premier allumage, ce sera un passage obligé vers la création d’un compte Pico, nécessaire pour accéder à l’écran d’accueil et télécharger des applications.

Pico 4 VR test
Les contrôleurs sont assez classiques et fonctionnent… à piles ! Le fabricant promet environ 80 heures d’autonomie.©Pierre Crochart/L'Éclaireur

Une fois cette étape un brin fastidieuse (taper au clavier à l’aide des manettes n’est pas des plus évident) accomplie, on accède à un espace virtuel une nouvelle fois assez classique pour quiconque a déjà mis un casque VR. Il est possible de sélectionner, parmi trois environnements, un « fond d’écran » glorifié pendant que vous vous promenez dans les différents menus du casque.

Il faut d’ailleurs préciser une chose essentielle, qui distingue le Pico 4 d’un Meta Quest 2 : il tourne sous Android. On retrouve donc des menus peu ou prou identiques à ceux d’un smartphone Android (notamment pour se connecter à un réseau wifi ou appairer des périphériques Bluetooth).

Pico 4
Le réglage de l’écart interpupillaire s’effectue depuis l’interface du casque.©Pierre Crochart/L'Éclaireur

Mais, vous me voyez peut-être venir, l’un des plus grands intérêts de disposer d’un casque sous Android est qu’il est très facile d’installer des applications téléchargées en-dehors du (maigre) store officiel Pico. Comme sur un smartphone Android, il suffit de se rendre sur l’un des nombreux répertoires en ligne et de télécharger un fichier .apk que l’on est libre d’installer sur sa machine. Cela permet notamment d’ajouter un navigateur web alternatif ou les versions natives des services de streaming vidéo comme Netflix, Disney+ et j’en passe. Un vrai atout face au Quest 2 qui est un peu plus fermé pour le quidam qui n’a pas envie de mettre les mains dans le cambouis.

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On peut installer facilement n’importe quelle application Android.©Pierre Crochart/L'Éclaireur

Ce qui nous amène à l’un des points faibles du casque : le store d’applications Pico est encore assez chiche. On trouvera bien entendu quelques jeux notables pour se faire la main (Superhot VR, Ragnarock, Walkabout VR Minigolf), mais on tourne vite en rond. Même son de cloche du côté des applications créatives ou de divertissement. C’est un fait, l’écosystème du Chinois est loin, très loin d’être aussi développé que celui de Meta. Mais les choses avancent dans le bon sens, assure le constructeur.

Pico 4 test
Le magasin d’applications de Pico est encore un peu chiche.©Pierre Crochart/L'Éclaireur

Cette pauvreté du catalogue est notamment ce qui nous a poussé à préférer utiliser le casque en mode « PCVR ». Comprendre : en utilisant notre ordinateur de jeu comme source de contenu. Grâce à l’application Streaming Assistant, rien de plus simple. Lancez le client sur votre ordinateur (Windows uniquement) et votre casque, assurez-vous d’être connecté au même réseau wifi (5 GHz obligatoire), acceptez la liaison entre les deux et le tour est joué.

En fonctionnant de la sorte, le Pico 4 peut lancer n’importe quel jeu compatible Steam VR et même afficher le bureau de votre ordinateur (notamment grâce à l’application Virtual Desktop) pour quelques tâche productives ou du divertissement. D’ailleurs, léger regret sur ce point : il est impossible de lire une vidéo lancée depuis son smartphone sur le casque de réalité virtuelle. Il existe toutefois une pirouette : grâce à l’application dédiée Pico VR, on peut envoyer un lien à son casque et donc l’ouvrir depuis son interface. On se serait bien passé de cette étape supplémentaire, mais c’est toujours bon à prendre.

Pico 4 test
Le Pico 4 est un casque idéal pour le PCVR.©Pierre Crochart/L'Éclaireur

L’inverse, en revanche, est faisable très facilement. On peut diffuser le contenu du casque sur un smartphone, une TV connectée ou même un navigateur en quelques clics seulement (pourvu que l’on dispose d’une connexion internet suffisamment rapide, s’entend).

Qualité d’image

Comment se défend le Pico 4 en termes de qualité d’image ? Plutôt bien, il faut le dire. Cela tient en réalité à plusieurs facteurs. Déjà, l’adoption de lentilles très plates, dites « Pancake », réduit drastiquement l’effet de « grille » qui est si gênant lorsqu’on pratique la réalité virtuelle. Ici, l’image est nette et le champ de vision généreux (105° ; bien supérieur aux 89° du Quest 2).

Les écrans mesurent 2,56” et affichent une définition par œil de 2 160×2 160 pixels. Une nouvelle fois, la solution de Meta est largement dépassée. Et en ce qui concerne la fréquence de rafraîchissement, Pico autorise deux modes : 72 Hz ou 90 Hz. Logiquement, ce dernier aura un impact majeur sur l’autonomie du produit.

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Les lentilles Pancake garantissent un champ de vision large et un effet de grille réduit.©Pierre Crochart/L'Éclaireur

Comme souvent en réalité virtuelle, le placement correct du casque change radicalement la donne. Aussi, il ne faut pas hésiter à l’ajuster et le réajuster régulièrement pour s’assurer que nos yeux font correctement face aux lentilles. Un autre élément capital entre en jeu : le réglage de l’écart interpupillaire (IPD) se fait ici de manière logicielle. Lors de la première utilisation, Pico nous demande de prendre un moment pour le régler, mais on peut aussi y accéder dans le menu d’accès rapide du casque. S’il est peut-être plus précis (de l’ordre du millimètre), il n’est pas des plus pratiques. En effet, on aurait préféré disposer d’un petit curseur sous le casque pour pouvoir le faire à la volée ou pour ne pas se perdre en explications absconses auprès de personnes à qui l’on fait essayer le casque pour la première fois.

Pico 4 VR test
Le réglage de l’écart entre les deux lentilles (IPD) s’effectue de manière logicielle.©Pierre Crochart/L'Éclaireur

Le Pico 4 dispose d’un mode passthrough en couleur grâce à ses quatre caméras placées en façade. Il s’active automatiquement dès que le casque sort de la zone de jeu définie. Dommage qu’il n’existe aucun interrupteur physique pour l’activer manuellement. En effet, il faut aller se perdre dans les options pour activer un raccourci (un double tap sur le côté) et pouvoir s’en servir facilement.

Autonomie

L’autonomie est l’un des points faibles de ces casques de réalité virtuelle autonomes. Et pour cause : il faut que les constructeurs fassent de savants calculs entre l’endurance souhaitée et le poids maximum qu’ils veulent bien accorder à leur casque. Aussi, ne tournons pas autour du pot, le Pico 4 ne permet pas de jouer plus de deux heures d’affilée. Et l’on parle bien là d’un plafond.

Dans les faits, si l’on joue à un jeu lancé nativement sur le casque (et donc pas en PCVR), on tournera le plus souvent autour de 1h30. Sans être totalement honteuse, l’autonomie est bien en deça de ce qu’offre le Meta Quest 2, capable du double. D’autant plus étonnant que le Pico 4 dispose d’une batterie à la capacité largement supérieure à son concurrent direct (5 300 mAh contre environ 3 600 mAh).

Côté recharge, avec le câble USB-C et le chargeur 20 W fourni, il faudra compter un peu moins de 1h30 pour retrouver une batterie pleine.

À lire aussi

Conclusion

Le Pico 4 est un casque de réalité virtuelle très séduisant. Léger, assez joli et moderne, il dispose d’une fiche technique de haut vol qui lui offre à la fois une belle puissance de calcul et une qualité d’image impressionnante – plus que celle du Meta Quest 2. Ne lui manque vraiment qu’un magasin d’applications plus fourni et quelques petits ajouts en matière de fonctionnalités pratiques pour être un véritable must. Mais pour celles et ceux qui souhaitent s’initier à la VR avec un casque dernier cri et accessible, le Pico 4 est tout indiqué. Du moins si l’autonomie n’est pas le critère le plus important à leurs yeux.

Article rédigé par
Pierre Crochart
Pierre Crochart
Journaliste