De « Mon voisin Totoro » au « Voyage de Chihiro », le studio japonais Ghibli règne depuis près de quatre décennies sur l’animation mondiale. Entre fables écologiques et odes à l’enfance et à l’imaginaire, voici notre sélection des meilleurs films du studio fondé par les maîtres Hayao Miyazaki et Isao Takahata.
Depuis 1985, l’aventure artistique du Studio Ghibli ne cesse de nous faire rêver. Fondé par les maîtres de l’animation japonaise, Hayao Miyazaki et Isao Takahata, le studio a produit plus d’une vingtaine de longs-métrages devenus cultes. Rejoints au fil du temps par des réalisateurs tout aussi prometteurs (Gorō Miyazaki, Tomomi Mochizuki, Hiromasa Yonebayashi, Hiroyuki Morita et Yoshifumi Kondō), ils font perdurer, à travers les générations, un cinéma empreint de poésie et d’humanité.
Alors pour les fans de culture nippone et d’animation, les cinéphiles ou simplement pour celles et ceux qui cherchent quel chef-d’œuvre regarder ce soir, découvrez notre sélection des meilleurs films du studio Ghibli.
Le Château dans le ciel, Hayao Miyazaki (1986)
Sheeta, retenue prisonnière dans une forteresse volante, s’enfuie après une attaque de pirates de l’air convoitant la pierre magique lui appartenant. Elle atterrit chez Pazu, qui partage avec elle un lien unique. Le défunt père de ce dernier avait vu Laputa, une île légendaire flottant dans le ciel, et la pierre de Sheeta semble pouvoir les y amener.
Avec Le Château dans le ciel, premier film du Studio Ghibli, le maître Hayao Miyazaki fait souffler le vent d’une conscience écologique à travers un monde d’une beauté à la fois fragile et poétique. Une sensibilité environnementale qui deviendra l’une des signatures de son œuvre.
Mon voisin Totoro, Hayao Miyazaki (1988)
Les deux jeunes Mei et Satsuki déménagent avec leur père dans une maison de campagne proche du lieu d’hospitalisation de leur mère. Dans ce nouvel environnement, elles feront la rencontre des Totoro, des créatures magiques, invisibles aux yeux des autres humains.
Le silencieux et bienveillant Totoro, savant mélange de chat, d’hibou, d’ours et de tanuki – et désormais logo du studio Ghibli – incarne une douceur universelle qui touche aussi bien les enfants que les adultes. Avec Mon voisin Totoro, Miyazaki capture l’essence du shintoïsme – la présence du sacré dans la nature. Une ode tendre et poétique à l’enfance et au monde qui nous entoure.
Le Tombeau des lucioles, Isao Takahata (1988)
Japon, 1945. Seita, un adolescent de quatorze ans et sa petite sœur, Setsuko, âgée de quatre ans, sont contraints, peu après le bombardement de Kobé, d’aller vivre chez leur tante. Cette dernière antipathique et hostile, les amène à partir, choisissant d’habiter un bunker désaffecté comptant des milliers de lucioles.
Considéré par beaucoup comme l’un des plus grands films anti-guerre, Le Tombeau des lucioles refuse le mélodrame facile, lui préférant une ambiance déchirante, d’un réalisme quasi-documentaire. Adapté de La Tombe des lucioles, une nouvelle semi-autobiographique de Akiyuki Nosaka, l’œuvre de Takahata jouit aujourd’hui d’un rayonnement singulier et pérenne au sein du septième art.
Kiki la petite sorcière, Hayao Miyazaki (1989)
Dans la famille de Kiki, on est sorcières de mère en fille. Alors, pour être digne de ce pouvoir, la jeune adolescente doit quitter, pendant un an, le domicile familial. Un soir, accompagnée de chat Jiji, elle enfourche son balai direction la mer. Après avoir longtemps volé, elle élit domicile dans une ville côtière où elle rencontre Osono qui l’emploie en tant que livreuse de pâtisseries.
Adaptation du livre de littérature jeunesse d’Eiko Kadono, Kiki la petite sorcière déploie tout le charme de Miyazaki, entre réalisme et magie. Un film magnifique qui raconte le passage à l’âge adulte avec la légèreté d’un vol au-dessus des nuages.
Porco Rosso, Hayao Miyazaki (1992)
Italie, période de l’entre-deux-guerres. Alors que le fascisme ne cesse de monter, Marco Pagot, un pilote émérite, est changé par une malédiction en porc. Devenu le fameux Porco Rosso, il chasse les pirates de l’air et les brigands à bord de son hydravion rouge.
« Je préfère encore être un cochon décadent plutôt qu’un fasciste. » L’audacieux Porco Rosso, parsemé de références à l’Italie d’entre-deux guerres, célèbre la résistance d’un héros libre face à la montée de la barbarie. Une oeuvre à la fois politique, satirique et romanesque.
Pompoko, Isao Takahata (1994)
Les Tanukis, mi-ratons laveurs, mi-blaireaux, voient leurs vies menacées par les humains, qui empiètent progressivement sur leur territoire pour construire une ville. Pour riposter, et faire en sorte que tombe à l’eau ce projet d’extension citadine, les animaux vont tenter d’effrayer les envahisseurs avec leurs aptitudes extraordinaires.
Pompoko met en avant un Japon dévoré par la modernité qui lutte pour préserver ses espaces naturels. Ce film de guerre à hauteur d’animaux, porte, en accord avec les valeurs du studio Ghibli, l’étendard de l’écologie.
Si tu tends l’oreille, Yoshifumi Kondō (1995)
Shizuku, une collégienne passionnée de lecture, remarque qu’un certain Seiji Amasawa emprunte systématiquement les mêmes livres qu’elle à la bibliothèque. Piquée par la curiosité, elle cherche à savoir qui il est. En espérant que ce dernier ne l’exaspère pas trop…
Chronique adolescente sur le premier amour et sur l’incertitude de la vocation artistique, Si tu tends l’oreille, du regretté Yoshifumi Kondō, est une merveille de délicatesse. Une œuvre incroyablement juste et d’une extrême sensibilité.
Princesse Mononoké, Hayao Miyazaki (1997)
Blessé après avoir combattu un sanglier, le jeune Ashitaka doit quitter son village pour trouver le dieu-cerf qui saura le défaire de son mal. Son périple l’amène au cœur d’un conflit féroce opposant Lady Eboshi, dirigeante d’une communauté de forgerons exploitant la forêt, à celle que l’on surnomme Princesse Mononoké, protectrice de la nature et de ses spectres…
Plus de 25 ans après sa sortie, Princesse Mononoké n’a pas pris une ride. Loin du manichéisme de Disney, Miyazaki signe ici une fresque épique, sombre et violente. Ce chef-d’œuvre écologique refuse les réponses faciles, et montre la complexité du conflit opposant l’industrie et la nature.
Le Voyage de Chihiro, Hayao Miyazaki (2001)
En route vers leur nouvelle maison, la jeune Chihiro et ses parents s’aventurent dans un parc à thème abandonné qui, à la tombée de la nuit, se transforme en un monde peuplé d’esprits, de dieux et de monstres. Quand ses parents sont changés en cochons, Chihiro doit travailler dans les bains de la sorcière Yubaba pour survivre et trouver un moyen de leur rendre leurs apparences.
Consécration mondiale pour Ghibli qui raflera l’Ours d’Or à Berlin et l’Oscar du meilleur film d’animation en 2003. Chef-d’œuvre d’onirisme, Le Voyage de Chihiro allie subtilement conte initiatique sur le folklore nippon et critique de la société de consommation. Inoubliable tout simplement.
Le Royaume des chats, Hiroyuki Morita (2002)
Haru, une lycéenne timide, sauve la vie d’un chat qui manque de se faire écraser. Celui-ci, loin d’être ordinaire, se révèle être le prince du Royaume des Chats. En guise de remerciement, Haru est couverte de cadeaux par les félins et se voit offrir la main du prince…
Le Royaume des chats est un conte merveilleux et amusant. Véritable aventure échevelée, le long-métrage explore avec charme le thème de l’acceptation de soi. Une parenthèse enchantée et légère.
Le Château ambulant, Hayao Miyazaki (2004)
Sophie, une jeune chapelière, rencontre un beau magicien du nom de Hauru. La Sorcière des Landes, jalouse de cet échange, transforme alors la jeune fille en vieille femme de 90 ans. Fuyant sa nouvelle apparence, la chapelière trouve refuge dans un mystérieux château ambulant…
Librement adapté d’un roman de Diana Wynne Jones, Le Château ambulant est une œuvre visuellement éblouissante. Véritable plaidoyer anti-guerre, sa romance délicate souligne la puissance de l’amour face aux apparences.
Ponyo sur la falaise, Hayao Miyazaki (2008)
Sosuke, un petit garçon, découvre un jour piégée dans un bocal, Ponyo, une fille poisson rouge. Cette dernière utilisera la magie de son père, le sorcier Fujimoto, pour devenir humaine et rester aux côtés de son nouvel ami.
Pensé pour les tout-petits, Ponyo sur la falaise est le genre de film qui plaît aux enfants et rassure les parents. Un long-métrage qui enchante par son univers aquatique foisonnant et coloré, où Miyazaki mêle poésie, innocence enfantine et émerveillement face aux forces mystérieuses de la vie.
Arrietty, le petit monde des Chapardeurs, Hiromasa Yonebayashi (2010)
Sous le plancher d’une maison de la banlieue de Tokyo vit secrètement la minuscule Arrietty. Avec sa famille de chapardeurs, elle suit les règles établies : on emprunte en petite quantité, on se méfie du chat et des rongeurs et surtout, on ne doit pas être vus par les humains. Mais qu’en sera-t-il après sa rencontre avec Sho ?
Adapté du roman de Mary Norton, Arrietty, le petit monde des Chapardeurs est un conte mélancolique sur l’amitié impossible et la fragilité. Magnifié par ses détails et ses décors luxuriants, le premier film de Hiromasa Yonebayashi est une franche réussite.
La Colline aux coquelicots, Gorō Miyazaki (2011)
À Yokohama, en 1963, Umi, une lycéenne, gère l’auberge familiale après le décès de son père. Chaque matin, elle hisse deux pavillons face à la mer en hommage à ce dernier. Un poème portant sur ses drapeaux la mène à l’intrépide Shun qui tente de sauver de la démolition le Quartier Latin : l’ancien foyer des élèves.
Avec La Colline aux coquelicots, Gorō Miyazaki signe un long-métrage délicat et d’une étonnante sobriété. Le film capture l’esprit d’un Japon en pleine mutation, tiraillé entre préservation de son passé et modernisation effrénée.
Le vent se lève, Hayao Miyazaki (2013)
Biographie romancée de Jiro Horikosh, l’ingénieur aéronautique à l’origine des chasseurs Zéro, le long-métrage retrace sa passion dévorante pour l’aviation tout en appuyant le paradoxe tragique de voir cette dernière devenir un instrument de mort.
En mélodrame historique et biographique, Le vent se lève livre une réflexion poignante sur la passion de l’ingénieur face à la réalité dévastatrice de l’Histoire. Une œuvre au ton grave faisant écho à la citation de Paul Valéry : « Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre. »
Le Conte de la princesse Kaguya, Isao Takahata (2013)
Kaguya, une minuscule princesse est découverte dans une tige de bambou par un vieux paysan, qui décide de l’élever. Devenue une jeune femme d’une beauté envoûtante, elle sera vite rattrapée par le secret de ses origines…
Visuellement révolutionnaire avec son style épuré à l’aquarelle, Le Conte de la Princesse Kaguya – dernier long-métrage du regretté Isao Takahata – est une méditation sur la beauté éphémère de la vie. Un chef-d’œuvre absolu.
Souvenirs de Marnie, Hiromasa Yonebayashi (2014)
Anna, une jeune fille solitaire et asthmatique, est envoyée chez les parents Oiwa dans un village côtier. Fascinée par la Maison des Marais, une grande demeure abandonnée, elle y rencontre Marnie, une mystérieuse fille blonde, avec qui elle noue une amitié fusionnelle.
Inspiré du roman de Joan G. Robinson, Souvenirs de Marnie est un drame introspectif subtil. Yonebayashi y explore les thèmes de la solitude, des secrets de famille et de la résilience.
La Tortue rouge, Michael Dudok de Wit (2016)
Un homme naufragé sur une île déserte tente de s’enfuir à l’aide d’un radeau, mais il est systématiquement empêché par une mystérieuse et imposante tortue rouge. Une nuit, l’animal se transforme en femme, et une nouvelle vie commence alors.
Dépourvu de dialogues, La Tortue rouge est un conte philosophique et allégorique d’une beauté saisissante. Une fable universelle sur le grand cycle de la vie, de la naissance à la mort, en passant par l’amour.
Le Garçon et le Héron, Hayao Miyazaki (2023)
Après la mort de sa mère, le jeune Mahito quitte Tokyo pour la campagne. Peinant à s’adapter à sa nouvelle vie avec son père, il fait la rencontre d’un héron cendré qui deviendra son guide.
Dix ans après Le vent se lève, le maître Miyazaki fait son grand retour avec son éblouissant Le Garçon et le Héron récompensé en 2024 par l’Oscar et le Golden Globe du meilleur film d’animation. Une œuvre dense, parfois déroutante, riche en questionnements profonds.