
Les serial-killers fascinent autant qu’ils effraient. Que ces tueurs soient inspirés par des faits réels ou fictifs, nous adorons frissonner face à notre écran. Voici une sélection des meilleurs thrillers mettant en scène des psychopathes bien flippants.
Jack l’Éventreur, Joseph Vacher, Landru, le « Boucher de Hanovre », le « Vampire de Düsseldorf », H. H. Holmes… Entre la fin du 19e siècle et le début du 20e, les journaux relayaient les effroyables crimes des premiers tueurs en série « médiatisés » de l’Histoire. Par leurs crimes répétés, ces monstres humains ont exercé une certaine fascination sur le public. Le cinéma s’est rapidement emparé de cette figure maléfique. Et les films sur les serial-killers ne manquent pas de résonner avec l’actualité. Voici quelques-uns des meilleurs thrillers à glacer le sang.
M le Maudit (1931)
Génie du cinéma expressionniste muet, Fritz Lang passe au parlant en 1931 avec un chef-d’œuvre absolu : M le maudit, qui narre la traque d’un tueur d’enfants par une étrange équipe d’enquêteurs. Plus qu’un portrait de monstre (le tueur incarné par Peter Lorre n’est pas le véritable « héros » de l’intrigue), le long-métrage dépeint la réaction de la société face à l’atrocité. L’essor d’une « police » formée de membres de la pègre, et l’émoi collectif du petit peuple constituent en réalité le thème majeur d’un film qui décrit la montée du nazisme à travers un fait divers.
La Vie criminelle d’Archibald de La Cruz (1955)
Chef-d’œuvre de la période mexicaine de Luis Buñuel (avec Los Olvidados et L’Ange exterminateur), La Vie criminelle d’Archibald de La Cruz s’inscrit autant dans le surréalisme que dans le fait divers. Le personnage éponyme tue par l’intermédiaire d’un étui magique : il lui suffit de penser un crime pour que celui-ci s’accomplisse.
Métaphore de la conscience comme force destructrice, ce film troublant et clinique a beaucoup inspiré la psychanalyse par son traitement extrêmement fort des mécanismes de l’obsession.
Psychose (1960)
Un budget ridicule (pour l’époque), un décor banal… Psychose est la preuve que l’on peut dire beaucoup avec peu. Avec une première demi-heure haletante qui traumatisa toute une génération de spectateurs et une scène de meurtre sous la douche cultissime, Alfred Hitchcock a changé le cinéma de suspense, au milieu d’un film centré sur un étrange propriétaire de motel, Norman Bates (incarné par l’époustouflant Anthony Perkins).
Abordant le thème du trouble dissociatif de l’identité, le long-métrage s’inspire d’un véritable serial-killer (Ed Gein), pour devenir une œuvre malaisante, porteuse d’images qui impriment longtemps les rétines et les tripes. Et le petit projet d’Hitchcock de confirmer un talent qui a marqué à tout jamais l’Histoire du cinéma par la suite.
Coup de torchon (1981)
Transposant en Afrique, au temps des colonies, le contexte de 1275 âmes, roman noir de Jim Thompson sur un shérif qui se met à tuer à la suite de l’humiliation de trop, Coup de torchon fait porter le chapeau à Philippe Noiret, dans le rôle d’un policier lâche soudainement décidé à se venger de tous et de toutes. Bertrand Tavernier et son scénariste Jean Aurenche trouvaient là le sujet d’une comédie noire et existentielle particulièrement réussie, qui a marqué les années 1980.
Manhunter- Le Sixième Sens (1986)
Pour sa toute première apparition au cinéma, le personnage culte d’Hannibal Lecter a d’abord pris les traits de Brian Cox, qui s’inspira lui-même du serial-killer écossais Peter Manuel pour composer son rôle. Adapté du roman Dragon rouge de Thomas Harris, ce film extrêmement stylisé, qui porte l’empreinte de Michael Mann période eighties, inaugure toute une vague de films qui fait du profiler, spécialiste de la psychologie des tueurs en série, un héros moderne du cinéma.
Henry, portrait d’un serial-killer (1986)
Sorti en 1986, la même année que Manhunter, Henry, portrait d’un serial-killer est l’antithèse du film de Michael Mann. Longtemps censuré, ce long-métrage adopte une approche quasi-documentaire pour montrer l’infamie de son anti-héros, psychopathe issu du quart-monde, qui entame son parcours criminel dans les marges de la société. Michael Rooker, future star de The Walking Dead, y est saisissant.
Le Silence des agneaux (1991)
Seul film, avec Vol au-dessus d’un nid de coucou et New York-Miami, à avoir remporté les cinq Oscars majeurs (meilleur film, meilleur scénario adapté, meilleur réalisateur pour Jonathan Demme, meilleure actrice pour Jodie Foster et meilleur acteur pour Anthony Hopkins), Le Silence des agneaux suit la relation ambigue qui se noue entre le psychiatre-cannibale Hannibal Lecter et Clarice Starling, apprentie profileuse du FBI. Auprès du criminel – incarcéré – qui cherche à percer sa psyché, la jeune femme trouve des indices pour mettre hors d’état de nuire un dépeceur en série, « Buffalo Bill ».
Du lugubre asile de Baltimore aux paysages désindustrialisés de l’Ohio, ce thriller psychologique à l’ambiance soignée incarne la perfection cinématographique, et offre peut-être l’un des meilleurs portraits de serial-killer à ce jour.
Seven (1995)
Après un film de commande (Alien 3), David Fincher marquait l’esthétique du cinéma des nineties avec l’excellent Se7en, ou la traque d’un serial-killer machiavélique mettant en scène les sept péchés capitaux dans ses crimes. Une distribution fantastique (Morgan Freeman, Brad Pitt, Kevin Spacey, Gwyneth Paltrow), une photographie remarquable, et une fin à twist d’une noirceur absolue ont contribué à faire entrer le réalisateur dans le panthéon des cinéastes contemporains, grâce à cet exercice de style unique.
Memories of Murder (2003)
Premier film de Bong Joon-ho sorti en France (en 2004), Memories of Murder symbolise la nouvelle génération de réalisateurs coréens de manière remarquable. Narrant la recherche du tout premier tueur en série de l’histoire du pays du matin calme par un flic provincial et son homologue venu de Séoul, le récit incorpore une esthétique de film noir, un humour de situation proche du burlesque et de soudains éclats de violence…
Un mélange ovniesque, à l’époque, mais qui traduit l’originalité de l’audiovisuel coréen : Memories of Murder, en plus de révéler l’acteur Song Kang-ho, futur patriarche escroc de Parasite, a propulsé le charme des productions d’Hallyuwood sur le devant de la scène internationale.
Zodiac (2007)
Des Hommes du président à Dark Waters, les enquêteurs obstinés, qu’ils soient avocats, journalistes ou policiers, sont la matière de films américains politiques ou sociaux remarquables. Zodiac du génial David Fincher, raconte la traque (réelle) d’un énigmatique tueur en série, mais surtout l’obsession de la recherche de la vérité chez un dessinateur de presse (Jake Gyllenhaal) et ses conséquences sur sa vie privée.
Récit sur le temps long (contrairement à Se7en du même réalisateur), ce thriller captivant et nerveux remplaçait la figure du profiler par celle, plus réaliste, de l’enquêteur « amateur » qui apparaît dans de nombreux faits divers authentiques.
Prisoners (2013)
Plutôt qu’un film policier ou un slasher, Prisoners suit des parents, des familles, qui luttent contre l’angoisse et le sentiment d’injustice après l’enlèvement de deux fillettes dans une banale zone résidentielle américaine. Le réalisateur Denis Villeneuve s’y révélait un maître du suspense, dirigeant un casting 5 étoiles (Hugh Jackman, Jake Gyllenhaal, Viola Davis, Paul Dano) et prenant un malin plaisir à mettre le spectateur, comme les protagonistes, sur une fausse piste… Le premier film hollywoodien du futur réalisateur de Dune a gardé intact son pouvoir d’attraction.
Trap (2024)
Avec Trap, M. Night Shyamalan fait entrer un nouveau serial-killer dans l’imaginaire collectif : Cooper Abbott (Josh Hartnett), que l’on découvre ici accompagnant sa fille à un concert. Mais Cooper a été débusqué, et la performance musicale en public est l’endroit où la police a prévu de l’arrêter.
Exercice de style, ce long-métrage dépasse son statut de huis clos spectaculaire dans son (étonnante) seconde partie. En vue d’une suite peut-être ?