En novembre, au rayon polars de poche, on révise la procédure avec le lauréat du prix du Quai des Orfèvres, on passe aux histoires courtes avec Karine Giebel et Louise Penny, on la joue cosy grâce à Naëlle Charles et Anne Perry, on se laisse séduire par les duos Preston & Child et Giacometti-Ravenne et on se ronge les sangs avec Lisa Jewell et Éric Fouassier.
Prix du Quai des Orfèvres 2026 – Anonyme (Fayard)
Le prestigieux prix du Quai des Orfèvres récompense en novembre un polar ou thriller inédit et francophone qui se distingue par la qualité de son style et sa justesse dans la description du monde policier et judiciaire. Placé sous la présidence du patron de la PJ parisienne, le jury est composé d’un mélange de magistrats, policiers avocats et journalistes. Chaque lauréat reçoit la somme symbolique de 777 € et bénéficie d’un tirage garanti d’environ 50 000 exemplaires. Le prix 2025 a été attribué à Olivier Tournut pour Post-Mortem. Soit, l’histoire d’une enquête glaçante menée par la capitaine Isabelle Le Peletier, confrontée à un meurtre d’une mise en scène aussi macabre qu’énigmatique : un corps mutilé, un tatouage étrange et un Van Gogh disparu depuis la guerre.
J’aime votre peur – Karine Giebel (Pocket)
Roman noir ou thriller psychologique, quel que soit le format qu’elle choisit, Karine Giebel fait invariablement preuve d’une redoutable intensité et d’une précision clinique. Exploratrice des traumas et de la part d’ombre qui habite chacun.e d’entre nous, elle a pour habitude de de ne pas ménager ses personnages en les mettant dans les situations les plus extrêmes au cœur d’intrigues denses et complexes. Une fois n’est pas coutume, J’aime votre peur se présente comme un recueil de quatorze nouvelles tour à tour glaçantes, violentes, grinçantes ou encore délirantes. Une bonne façon de mieux connaître toute la palette créative de cette plume majeure du polar français.
Morts thématiques (Une Enquête du commandant Gaspard Cloux, Tome1) – Éric Fouassier (LGF)
Docteur en pharmacie préférant les livres d’histoires et les polars aux boîtes de médicaments, Éric Fouassier ne s’est définitivement rangé du côté du succès qu’en 2021 avec la parution du premier tome de la série historique du Bureau des affaires occultes. Avant d’être largement diffusés, ses polars noirs et contemporains étaient appréciés par un public fidèle mais bien plus confidentiel qu’il ne l’est aujourd’hui. Première Enquête du commandant Gaspard Cloux aujourd’hui rééditée, Morts thématiques a été primé à sa parution en 2009. Dans ce tome inaugural, on fait la connaissance d’un commandant de police ombrageux et rongé par la culpabilité chargé d’enquêter sur le meurtre à Paris d’un mathématicien de renom.
Comme si de rien n’était – Barbara Abel (Pocket)
Les couples à la dérive, la perversité ou encore les secrets inavouables qui plongent les enfants et les familles dans un chaos destructeur sont les ferments quasi récurrents des romans de Barbara Abel. Paru en 2024, Comme si de rien n’était s’inscrit pleinement dans le mode opératoire habituel de la patronne belge du thriller domestique européen. L’histoire est celle d’une mère de famille sans histoire dont la vie bien rangée va basculer après que le professeur de solfège de son fils de huit ans semble la reconnaître et l’appelle par un prénom qui n’est pas le sien. Vérité ou délire, cette rencontre marque le point de non retour vers un drame inéluctable.
Rien n’est vrai – Lisa Jewell (Hauteville)
Après avoir œuvré du côté de la comédie romantique, l’anglaise Lisa Jewell a depuis de nombreuses années renoncé aux bluettes sentimentales pour se consacrer exclusivement aux penchants les plus sombres de la nature humaine. Fine observatrice des relations humaines pour qui le crime n’est pas toujours indispensable à la violence d’une intrigue, elle développe avec Rien n’est vrai une histoire d’emprise toxique entre une podcasteuse vedette et une de ses auditrices qu’elle a eu le malheur de laisser entrer dans sa vie. Alors que cette menteuse pathologique fait peser sur elle un malaise permanent, Alix va comprendre que la vérité n’est qu’une option parmi d’autres avec laquelle il est toujours possible de s’arranger.
Un Noël au manoir – Anne Perry (10/18)
Réputée pour l’ambiance sombre de ses séries historiques, Anne Perry, grande dame du polar historique britannique, délaisse parfois le sérieux de ses intrigues victoriennes pour s’offrir un peu de légèreté avec une série policière de Noël et cosy. À l’occasion d’Un Noël au manoir, vingt-et-unième tome des Histoires de Noël, elle envoie son héroïne, l’énergique Lady Vespasia, et son mari du moment passer les fêtes dans l’imposante demeure de l’ancien patron des services secrets britanniques. Sur place, une succession d’événements étranges va faire comprendre au couple que cette invitation n’était pas seulement motivée par l’amitié.
Panique à Londres (Bigoudis et petites enquêtes, Tome 7) – Naëlle Charles (Archipoche)
Représentante d’un cosy crime à la française plein d’humour et ancré dans les territoires, Naëlle Charles s’est largement inspirée de son installation personnelle en Alsace pour écrire sa série à succès Bigoudis et petites enquêtes. Pour Panique à Londres, septième aventure de Léopoldine Courtecuisse, la coiffeuse, et détective amateure, de la charmante bourgade de Wahlbourg part dans la capitale anglaise où se tient un colloque international sur le polar. Accompagnée d’une dizaine de personnes et d’un Quentin, qui en pince discrètement pour elle, Léopoldine va faire tourner ses méninges pour retrouver le mari kidnappé de l’autrice vedette de l’événement.
Le Livre des merveilles – Giacometti et Ravenne (LGF)
Fers de lance du thriller maçonnique et ésotérique, Éric Giacometti et Jacques Ravenne forment depuis plus de vingt ans un duo inséparable et incontournable de la littérature populaire française. Après avoir installé durablement le personnage du commissaire franc-maçon Antoine Marcas dans le paysage du polar hexagonal, le tandem lance une série historique et ésotérique menée entre autres protagonistes par un aïeul de leur héros. Septième et dernier tome en date, Le Livre des merveilles met les commandos SS d’un Himmler plus que jamais versé dans l’occultisme en chasse d’un livre maudit considéré comme la bible sorcières.
La montagne de la mort (Une Enquête de Nora Kelly) – Douglas Preston et Lincoln Child (L’Archipel)
Maniant l’histoire et la science avec autant précision que l’horreur et le suspense, le duo américain Preston & Child a fait de l’archéologie un des éléments principaux de ses thrillers en série. Avant dernière enquête en date de Nora Kelly, jeune archéologue régulièrement sollicitée par le FBI dès qu’apparaissent des restes humains, La montagne de la mort s’attelle à la réouverture d’une affaire de cordée qui a mystérieusement tourné au désastre. Alors que seulement six corps sur les neuf alpinistes impliqués furent retrouvés, la découverte de deux nouveaux cadavres quinze ans plus tard relancent le cold case.
Le Pendu (Armand Gamache enquête) – Louise Penny (Actes sud)
Toujours humaniste dans le fond, la canadienne Louise Penny n’en reste pas moins dans la forme une autrice d’une incroyable efficacité. À travers la série menée par l’inspecteur québécois Armand Gamache, héros bienveillant pétri de sagesse et de belles valeurs, elle explore toutes les zones de la nature humaine, des plus sombres aux plus lumineuses. Nouvelle longue à situer entre le sixième et septième épisode de la série, Le Pendu et son histoire de suicide ou de meurtre présente l’avantage d’offrir une excellente introduction au monde de cet enquêteur atypique dans le monde pourtant très noir du thriller.
