Quand la réalité dépasse la fiction, cela donne notamment la dernière élection présidentielle des États-Unis, pleine de surprises et de rebondissements. Une élection digne d’un film, qui rappelle que la politique américaine est un genre cinématographique en soi. La preuve en quelques images.
Une vision pamphlétaire de la Maison Blanche
W l’improbable président
Si en France on n’hésite pas à traiter de l’image du président de la République au cinéma, il en est de même de l’autre côté de l’Atlantique. Très engagé, le réalisateur Oliver Stone n’a pas son pareil pour traiter de la politique de son pays, quitte à faire grincer des dents comme dans Né un 4 juillet ou Snowden. Après avoir déjà croqué deux présidents dans des biopics qui ont fait parler d’eux, JFK et Nixon, sa vision narquoise de George W. Bush vaut le détour. Car avant Donald Trump, c’était bien ce dernier qui était brocardé dans les médias. W l’improbable président est un film à charge dans lequel le président, incarné par Josh Brolin, fait ses premières armes avant de gagner le bureau ovale.
Vice
Vice d’Adam McKay pourrait être le complément au film d’Oliver Stone. On y suit la trajectoire ambitieuse de Dick Cheney, le futur vice-président de Bush Junior. Habitué des comédies, McKay signe un film licencieux où l’humour n’est jamais très loin derrière le drame. Car c’est à Cheney, incarné corps et âme par Christian Bale, que l’on doit la deuxième guerre en Irak au début des années 2000, propulsée par les attentats du 11 septembre 2001. Un portrait aussi sombre que décalé, qui fait froid dans le dos.
Primary Colors
Sorti au moment de l’affaire Lewinsky, Primary Colors de Mike Nichols, adapté du roman éponyme de Joe Klein, est un véritable brûlot. On y suit le parcours électoral d’un gouverneur pas aussi vertueux qu’il le laisse croire et devant tout faire pour redorer son blason. Quand John Travolta et Emma Thompson singent les Clinton, cela donne cette comédie grinçante qui a fait l’ouverture du Festival de Cannes en 1998 et a été nommée aux Oscars.
Dans l’envers du décor de la politique américaine
Les Hommes du président
C’est sans doute l’un des films politiques les plus importants du cinéma américain. Les Hommes du président est une adaptation du livre d’enquête des journalistes Bob Woodward et Carl Bernstein, premiers à avoir révélé au grand public le scandale du Watergate qui a mis fin au mandat de Nixon. Alan J. Pakula s’empare de ce sujet à peine deux ans après la démission du président compromis et remplace les deux reporters par Dustin Hoffman et Robert Redford. Résultat des courses : quatre Oscars en 1977, dont celui du Meilleur scénario adapté.
Les Marches du pouvoir
George Clooney fait partie des acteurs/réalisateurs de Hollywood parmi les plus engagés, au point que certains le soupçonnent de vouloir briguer un poste de sénateur à l’avenir. En attendant, il se livre, avec Les Marches du pouvoir, à un film politisé autour d’une campagne pour l’investiture démocrate en vue des élections primaires. Avec tout ce qu’il est possible d’imaginer en coups bas, servis par Clooney lui-même et Ryan Gosling. La classe à l’état pur.
De l’humour en politique
Dr Folamour
Voici un film qui semble fort actuel avec un président imprévisible comme Donald Trump. Comédie totalement impertinente, Dr Folamour nous plonge en guerre froide avec un président des États-Unis incarné par Peter Sellers. Ce dernier se retrouve au cœur d’un conflit avec l’URSS, avec la possibilité (ou non) d’utiliser l’arme nucléaire. Une farce irrésistible signée Stanley Kubrick, alors que la crise de la baie des Cochons est encore dans tous les esprits.
Des hommes d’influence
L’affaire Lewinsky toujours logée dans la mémoire des Américains, Barry Levinson surfe sur la vague avec le film Des hommes d’influence, dans lequel Dustin Hoffman et Robert De Niro, conseillers du président, tentent de le dépêtrer d’une affaire sexuelle en élaborant une (fausse) guerre avec l’Albanie. Une diversion qui va bien évidemment échapper à leurs créateurs… Cette comédie acerbe a obtenu le Grand Prix du jury à la Berlinale 1998.
Irrésistible
Vous souhaitez savoir comment fonctionne une élection américaine avec manipulation des médias et programmes pétris de fausses bonnes intentions ? Alors visionnez Irrésistible de toute urgence, comédie de John Stewart dans laquelle Steve Carrell essaie de faire élire un vétéran démocrate n’y connaissant rien à la politique, au poste de maire d’une petite ville du Wisconsin. Irrésistible est le mot.
Du côté des séries : la politique sur le petit écran
House of Cards
Tout ce que la politique contient de pire se trouve dans la série House of Cards initiée par David Fincher. On y suit l’ascension de Frank Underwood (et de son épouse Claire) pour obtenir la présidence du pays. Six saisons diaboliques et fascinantes au cœur des arcanes du pouvoir, portées par Kevin Spacey (dont le rôle a été supprimé à la sixième saison pour cause de scandale sexuel) et Robin Wright. Glaçant, passionnant.
À la Maison Blanche
En sept saisons, on suit le quotidien mouvementé d’un président démocrate incarné par Martin Sheen. À la Maison Blanche est sans doute la série politique montrant le mieux la vie quotidienne du chef de l’État le plus puissant au monde et de toutes les crises qu’il doit gérer, qu’elles soient personnelles, nationales ou mondiales. C’est aussi l’une des séries les plus récompensées aux Emmy Awards, avec 25 trophées glanés entre 2001 et 2006.