Depuis que les journaux existent, on s’est tourné naturellement vers les écrivains pour en remplir les colonnes. Il y eut Zola, Camus, Kessel, Sand, Mauriac, Balzac… De nos jours, les journalistes ont gagné le monde de l’édition, pour y écrire en toute liberté, sans coller à l’actualité. À l’occasion de la récente journée de la presse, le 3 mai, retour sur quelques écrivains-journalistes de renom.
Asli Erdogan
Passons sur l’homonymie de son nom de famille avec l’actuel dirigeant turc : Asli Erdogan, journaliste à l’Özgür Gündem, a été emprisonnée plusieurs mois par le régime en place. Il faut dire que cette éditorialiste a le courage de prôner les droits des hommes (et des femmes !) dans ce pays au régime autoritaire. Comme romancière, elle invoque le thème de la liberté à maintes reprises dans ses œuvres intitulées Les Oiseaux de bois ou Le Bâtiment de pierre. Son dernier essai se nomme Le Silence même n’est plus à toi.
Sorj Chalandon
Chez Libé comme au Canard Enchaîné, Sorj Chalandon a fait montre d’un professionnalisme et d’un sens du récit qui lui vaut d’être l’un des reporters les plus primés de l’histoire récente du journalisme. Mais ce spécialiste de l’Histoire et de la politique, (et du cinéma, son violon d’Ingres), s’est construit un beau palmarès en tant qu’écrivain : Médicis pour Une promesse, Grand prix de l’Académie française pour Retour à Killybegs et Goncourt des lycéens pour Le Quatrième Mur. Des récompenses méritées à la vue d’une œuvre littéraire aussi pointilleuse que ses articles de presse.
Nelly Kaprielian
Si Les Inrockuptibles accueillent une rubrique littéraire plutôt branchée, à l’exemple des autres pages du magazine, c’est en grande partie le fait de Nelly Kaprielian. Egalement journaliste à Vogue et chroniqueuse au Masque et la plume, elle fait partie intégrante de ce tout-Paris culturel qui fait la pluie et le beau temps sur la littérature contemporaine. Sa connaissance des lettres américaines lui vaut d’être l’une des spécialistes de quelques écrivains important, notamment Philip Roth. Elle a pris la plume à deux reprises pour évoquer… le cinéma, et à travers cet art le rapport de l’Amérique à ces mythes, avec Le Manteau de Greta Garbo puis Veronica.
Franz-Olivier Giesbert
Depuis ses 9 ans, Franz-Olivier Giesbert rêve d’être écrivain. Une vocation précoce devenue réalité dès les années 1980, et qu’il perpétue de nos jours, livrant très régulièrement des textes dans lesquelles ses souvenirs (L’Américain) et l’Histoire (Belle d’amour) tiennent des places prépondérantes. Des livres qu’il écrit en parallèle d’une riche carrière de journaliste et patron de presse, notamment au Point dont il a dirigé avec conviction et autorité la rédaction pendant de nombreuses années.
Philippe Labro
Journaliste, écrivain, cinéaste, animateur radio, patron de presse… Le curriculum vitae de Philippe Labro comprend peut-être autant de pages que son dernier récit en date, Ma mère, cette inconnue. Une hyperactivité qui ne l’empêche pas d’étaler une certaine cohérence d’œuvre en œuvre. En littérature, Labro a mis beaucoup de lui dans une autobiographie fictionnelle commencée dès les années 1960, et dans lequel le thème de l’apprentissage (amoureux, social, scolaire) revient régulièrement.
Kamel Daoud
C’est en 2013 que les amateurs de littérature ont pu assister à l’émergence d’un grand écrivain contemporain, en la personne de Kamel Daoud. Meursault, contre-enquête, variation autour de L’Étranger de Camus, ponctuait une œuvre habituellement dévolue aux chroniques (recueillies récemment dans Mes Indépendances). Pilier du Quotidien d’Oran dans les années 1990, il œuvre depuis au rapprochement des civilisations et à la lutte contre l’obscurantisme, en tant qu’éditorialiste engagé.
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Visuel d’illustration © Philipp Strong