Décryptage

Le Solar Punk : un futur vert de punk

20 juin 2025
Par Lucas
Le Solar Punk : un futur vert de punk

On dit généralement d’une personne qu’elle est solaire quand elle rayonne d’énergie positive. C’est un peu la même chose avec le solarpunk dont les puissantes ondes d’optimisme qui s’en dégagent sont particulièrement réconfortantes en ces temps moroses d’effondrement imminent. Une bonne occasion de mieux connaître ce sous-genre littéraire entre SF et cli-fi à travers une sélection de romans qui ont le chic de nous redonner du baume au cœur…

Qu’on ne s’y trompe pas : même s’il se détourne du No future réglementaire, le solarpunk (ou solar punk) mérite bien son label punk en se présentant comme une contre-culture défendant le DIY (Do It Yourself). Entre utopie et écologie politique, anticapitalisme, transhumanisme libertaire, les sociétés du futur imaginées par les auteurs et autrices solarpunk envoie des décharges feel good au rétrofuturisme glauque du steampunk et humanise la techno-brutalité du cyberpunk. Subtils et tout autant engagés que leurs concurrents dystopiques, ces romans de cli-fi positive proposent de réfléchir sur notre avenir au sein d’une planète que l’on aura poussée dans ses ultimes retranchements, cherchant des raisons radicales d’espérer en des lendemains où les oiseaux chanteront encore après l’inéluctable désastre. 

Dans la version solarpunk de notre avenir, technologie et écologie sont réconciliées, l’humanité vit enfin en parfaite harmonie avec la nature et s’en remet aux énergies propres et renouvelables comme le soleil. Les concepts politiques d’état, de nation ou encore de frontière n’ayant pas survécu à l’effondrement des sociétés capitalistes, les humains se sont regroupés en petites communautés résilientes et autonomes vivant dans des constructions vertueuses intégrées à la nature… Entre autres têtes d’affiche qui ont su trouver les mots pour nous raconter cette vision où innovation et défis environnementaux ne s’opposent plus, ce monde résilient libéré de tout esprit de prédation, on peut citer les incontournables Kim Stanley Robinson et la francophile Ursula K. Le Guin, l’autrice fantasy, féministe N. K. Jemisin. Bien qu’il soit plus cyber et dystopique que solaire, le Français Alain Damasio propose quant à lui une œuvre puissante et engagée d’où émergent des ténèbres des thèmes chers au solarpunk comme l’adaptation à la nature et la recherche d’alternatives sociales et écologiques. 

Jeune mouvement culturel global qui va bien au-delà de sa simple expression littéraire, les idées solarpunk sont aujourd’hui portées par de nombreux créateurs à travers le monde. Parmi ces porteurs de flamme, principalement des artistes et des architectes engagés pour une création durable et respectueuse de l’environnement, on trouve l’illustratrice Olivia Louise, l’architecte Luc Schuiten ou encore l’artiste numérique Misha. Quant à la littérature, voici une sélection de romans solaires pour entrer de plain-pied dans l’univers joyeux des punks verts… 

Solarpunk. Vers des futurs radieux – Collectif (Moutons Électriques)

Anthologie indispensable pour saisir toutes les nuances du genre littéraire et artistique qui défend l’idée de l’utopie écologique, le bien nommé Solarpunk réunit toute la fine fleur, principalement française, du genre. En seize nouvelles signées par des auteurs aussi divers que Chloé Chevalier, Christine Luce, Nicolas Texier ou encore Thomas Geha, la maison d’édition Les Moutons Électriques (en référence au roman de Philip K. Dick qui donnera Blade Runner au cinéma) profite de ce tout premier recueil francophone dédié au solarpunk pour célébrer son 20e anniversaire. Chaque récit, chaque intrigue, esquisse un avenir apaisé en explorant les thématiques traditionnellement liées au genre comme les énergies renouvelables, les technologies vertueuses et les communautés résilientes. Réfléchir par la fiction aux solutions créatives et durables pour régler nos problèmes actuels est une excellente façon de faire connaissance avec le solarpunk. 

Voir sur Fnac.com

Les Dépossédés – Ursula K. Le Guin (Robert Laffont)

Fille d’un des plus célèbres anthropologues américains du début du XXe siècle, Ursula K. Le Guin, morte en 2018, grandit dans un milieu intellectuel qui a profondément influencé toute son œuvre future. Devenue un grand nom de la SF et de la fantasy, elle est reconnue pour son talent à mêler réflexion politique et narration complexe. Pièce majeure de son imposante bibliographie, Les Dépossédés, publié en 1974, pose les fondations de ce qui deviendra près de 30 ans plus tard le solarpunk. L’histoire met en regard deux sociétés aux systèmes politiques diamétralement opposés. D’un côté, une lune inhospitalière régie par une société anarchiste et coopérative, de l’autre, une planète riche et capitaliste. Originaire de l’astre pauvre et libertaire, un brillant ingénieur va voyager vers Urras pour trouver comment apporter aux siens un peu de prospérité et de liberté. Bien que l’écologie n’en soit pas le thème central, ce roman multi-récompensé confronte une utopie, Anarres, divisée par les conflits internes et une société libérale rongée par les inégalités sociales et l’autoritarisme de ses dirigeants. Tout au long d’une intrigue parfaitement menée, l’autrice nous invite à réfléchir sur les notions de liberté et de responsabilité ainsi que sur notre rapport à l’idéal politique. 

À partir de
23,90€
En stock
Acheter sur Fnac.com

La trilogie martienne – Kim Stanley Robinson (Pocket)

Figure influente et tutélaire du solarpunk, Kim Stanley Robinson a la particularité d’avoir très tôt intégré les enjeux sociaux et environnementaux à ses romans de SF. Pleinement inscrite dans cette lignée, la Trilogie martienne publiée dans les années 1990 est conçue comme une fresque sur plusieurs siècles qui s’intéresse à la colonisation et à la terraformation de la planète rouge. De l’arrivée chaotique et périlleuse des premiers colons sur une planète hostile (Red Mars) jusqu’aux nouveaux défis de la nouvelle société martienne (Blue Mars) en passant par les vives tensions entre les partisans d’une terraformation express et les défenseurs de l’environnement martien (Green Mars), la saga brille à la fois par sa rigueur scientifique et sa richesse thématique. À partager avec le rayon « hard SF » pour son exactitude scientifique, cette trilogie solarpunk reste une œuvre majeure pour comprendre les dynamiques humaines face aux défis sociaux, politiques et environnementaux. 

À partir de
10,70€
En stock
Acheter sur Fnac.com

Nous sommes l’étincelle – Vincent Villeminot (Pocket)

Journaliste de formation, Vincent Villeminot a d’abord concrétisé son engagement en participant à la création d’une école de journalisme au Caire en Égypte avant de se dédier à l’écriture de romans jeunesse. Fort d’une bibliographie aussi variée que consistante, il publie en 2019 Nous sommes l’étincelle, un roman d’anticipation récompensé du Prix du roman d’écologie. Il y est question de l’enlèvement en 2061 de trois adolescents vivant dans la forêt avec leurs parents. Trente-cinq ans plus tôt, de nombreux jeunes avaient fait le choix radical de partir vivre dans de petites communautés utopiques et autonomes exclusivement animées par les valeurs d’amitié et de liberté. Sur ces deux temporalités, on assiste aux destins croisés d’une jeunesse en quête de sens lassée de se soumettre à l’autorité et de trois enfants sauvages du futur, victimes de la violence endémique des hommes. Le tout traversé de bout en bout par un questionnement profond sur notre place dans le monde et sur les solutions alternatives qui s’offrent à nous pour le sauver. 

À partir de
9,60€
En stock
Acheter sur Fnac.com

Histoires de moine et de robot – Becky Chambers (Atalante)

Après s’être fait un nom grâce au succès du space-opera en 4 actes intitulé Les Voyageurs, l’autrice américaine Becky Chambers s’est laissée tenter par les sirènes optimistes du solarpunk en s’engageant dans la série Histoires de moine et de robot. Derrière ce titre se cachent pour l’heure deux volumes qui mettent en scène les pérégrinations d’un duo pour le moins baroque composé d’un homme de foi et d’un cyborg curieux dans un monde apaisé où l’humanité, la technologie et la nature coexistent enfin pacifiquement. Après un premier tome retraçant leur rencontre et le début de leur odyssée à travers les ruines du monde d’avant dévasté par les crises climatiques et sociales, Une prière pour les cimes timides amène Dex le moine et Omphale le robot à quitter la forêt et les vestiges du passé pour reprendre contact avec les hommes et leur proposer de quoi améliorer encore un peu plus leur qualité de vie. Mais cela est-il bien nécessaire ? Saturée d’ondes positives et de bienveillance futuriste, cette duologie justement qualifiée d’hopepunk offre un moment de lecture incroyablement réconfortant. 

À partir de
13,50€
En stock
Acheter sur Fnac.com

EcotopiaErnest Callenbach (Gallimard)

Passionné par les questions environnementales à une époque où l’écologie n’était même pas un sujet, l’écrivain et critique de cinéma américain Ernest Callenbach, pratiquant d’un mode de vie frugal et décroissant centré sur l’essentiel que l’on nommait « simplicité volontaire », publie en 1975 Ecotopia, roman fondateur de la littérature écologiste. Dans ce texte référentiel du mouvement solarpunk au carrefour de l’uchronie, l’utopie et la dystopie, trois États historiquement progressistes font sécession avec les USA pour former une société écologique baptisée Ecotopia. Vingt ans après la création de cette entité indépendante, un journaliste est autorisé à la visiter. À travers ses articles, on découvre alors une société en autogestion où les femmes sont au pouvoir et le mode de vie respectueux de l’environnement. D’abord sceptique puis admiratif, il consigne son changement d’opinion dans un journal de bord qui révèle également sa relation amoureuse avec une Ecotopienne… Résonnant plus que jamais avec la situation politique américaine du moment, ce roman intemporel, optimiste et inspirant est une formidable invitation à réfléchir aux possibilités d’un monde meilleur. 

À partir de
10€
En stock
Acheter sur Fnac.com

Eutopia – Camille Leboulanger (J’ai Lu)

Œuvrant souvent du côté du roman jeunesse d’anticipation et parfois de la fantasy médiévale, Camille Leboulanger questionne régulièrement à travers son travail d’écriture l’organisation sociale de la société et les moyens de construire ce que pourrait être une société idéale basée sur le respect social et environnemental. C’est sur ce registre solarpunk plus adulte et engagé qu’il a placé Eutopia. Dans ce roman, il nous fait pénétrer dans une société utopique organisée par la Déclaration d’Antonia qui stipule que chaque être humain est libre et maître de son travail, que la notion de propriété est abolie et que les ressources naturelles ne se possèdent pas mais se partagent. Au sein de ce monde égalitaire et libertaire où l’humanisme prend tout son sens, un homme et une femme vont s’aimer, voyager, échanger, tout simplement vivre. En découvrant les villes de Pelagoya et Antonia à travers les parcours de Gob et Umo, on se prend à rêver sans démagogie ni naïveté à un monde juste un peu moins brutal que celui dans lequel nous vivons actuellement.

À partir de
12€
En stock
Acheter sur Fnac.com
Article rédigé par
Lucas
Lucas
Libraire Fnac.com