
Co-scénariste d’ »Hiver à Sokcho » de Koya Kamura et de « De l’autre côté de l’été » de Julie Gourdain, comédien dans « Emilia Pérez » et dans la série « Hippocrate », Stéphane Ly-Cuong enfile sa casquette de réalisateur pour son long-métrage « Dans la cuisine des Nguyen », en salle le 5 mars. On le suit à travers cette interview « En rayon » inspirée.
Dans la cuisine des Nguyen, ça parle de quoi ? A qui ?
Ça parle de quête identitaire, de trouver sa place dans ce monde, de ne pas renoncer à ses rêves. Il y a des chansons, des rires, quelques larmes et des bons petits plats. Et ça, je crois que ça parle vraiment à tout le monde.
S’il n’y avait qu’une comédie musicale, ce serait…
Non, une seule, c’est impossible. Alors disons, Les Parapluies de Cherbourg pour sa radicalité (oui, c’est radical !), West Side Story pour sa partition exceptionnelle (on y inclut évidemment les paroles de Stephen Sondheim, mon idole) et ses chorégraphies, et Chantons sous la pluie pour la joie que le film transmet immanquablement.
Pouvez-vous citer trois références qui vous ont inspiré pour ce film ?
Salé sucré de Ang Lee, pour ses relations intergénérationnelles et la cuisine comme moyen de communication, les films d’Almodovar pour leurs figures féminines et maternelles hautes en couleur et les films de Jacques Demy, curieusement, pas tant pour la forme « comédie musicale » que pour le fond, notamment les relations mère-fille avec des mères un peu étouffantes ou dures comme dans Les Parapluies de Cherbourg ou Lola.
Le film « plaisir coupable » ?
La Boum 1 et 2, et en même temps, pourquoi se sentir coupable ? C’est bien, non ? « Oh, j’ai rien à me mettre ! »
La dernière claque au cinéma ? Au théâtre ? En librairie ?
Au cinéma, dans des genres très différents, L’histoire de Souleymane de Boris Lojkine ou Vingt Dieux de Louise Courvoisier, sortis en 2024. Merci au cinéma français d’exister de façon si vibrante avec une telle diversité.
Au théâtre, les spectacles de Wajdi Mouawad et Caroline Guiela Nguyen qui explorent, chacun.e à leur manière, les liens au passé et aux racines.
En librairie, ça date de quelques années, mais je reste fasciné par la beauté et la poésie de Un bref instant de splendeur d’Ocean Vuong.
Qu’est-ce que vous lisez, là, en ce moment ?
Je lis souvent plusieurs livres en même temps et en ce moment, je lis des livres sur la guerre du Vietnam, pour mon prochain projet, ce qui n’est pas forcément la meilleure lecture avant de s’endormir. Mais sinon, une amie m’a offert le dernier Gaël Faye, Jacaranda et je vais le commencer bientôt. J’avais beaucoup aimé Petit pays.
Votre livre de chevet ?
Un bref instant de splendeur d’Ocean Vuong (ah mais oui, je l’ai cité plus haut !).
L’album de votre adolescence ?
True Blue de Madonna et Solitude Standing de Suzanne Vega, d’un côté une pop sucrée, dynamique, affirmée, de l’autre, de la délicatesse, de la nostalgie, de la discrétion. Mais on a tous plusieurs facettes, non ?
Le morceau dont vous ne vous lasserez jamais ?
Caramel de Suzanne Vega, dans la version acoustique de l’album Love Songs (j’adore les « guitare voix »). Douceur, délicatesse, expression pudique du désir. Et puis, j’adore le caramel.
La bande originale qui surpasse toutes les autres ?
Encore une fois, je ne peux pas en citer qu’une, alors je dirais Les Demoiselles de Rochefort et West Side Story (je pense que je les écoutais en boucle quand j’étais ado) et les BO de Alberto Iglesias et Gustavo Santaolalla.
Un.e artiste disparu.e avec qui vous aimeriez dîner ? De quoi vous parleriez ?
J’aimerais dîner avec Gene Kelly, Cyd Charisse, Stanley Donen (un.e, ce n’est pas assez) et qu’ils me racontent l’âge d’or de la comédie musicale hollywoodienne, la genèse de certains films, les coulisses de la fabrication, l’ambiance de cette époque.
Dans la cuisine des Nguyen, Stéphane Ly-Cuong (en salle le 5 mars 2025)