Décryptage

Pourquoi Paddington nous séduit-il autant ?

07 février 2025
Par Robin Negre
Pourquoi Paddington nous séduit-il autant ?
©StudioCanal

Alors que le troisième volet des aventures du petit ours so british est sorti au cinéma ce 5 février 2025, retour sur la saga « Paddington », qui a définitivement conquis le cœur des cinéphiles… même les plus exigeants.

En 2022, un film atypique sort sur les écrans. Un talent en or massif permet à Nicolas Cage d’incarner son propre rôle dans une fiction déjantée jouant sur l’aspect méta et le second degré de l’acteur. Il y donne la réplique à Pedro Pascal – dans le rôle du plus grand fan de Cage. Le film rend hommage au cinéma dans son ensemble : lors d’une scène bien particulière, Nicolas Cage interroge son interlocuteur et lui demande quels sont ses trois films préférés. À la surprise du comédien, le personnage incarné par Pedro Pascal répond le plus sérieusement du monde : « Paddington 2. »

Il faut dire que Paddington (2014) et Paddington 2 (2017), les deux films jeunesse réalisés par Paul King et basés sur le célèbre ours anglais vêtu d’un imperméable bleu, ont réussi en quelque temps à devenir des classiques du cinéma et de la pop culture.

Si l’adorable Paddington est une icône en Grande-Bretagne, ce petit adepte de marmelade créé en 1958 s’est véritablement exporté à l’international grâce à l’adaptation cinématographique sortie en 2014. En deux films, l’ourson a gagné une popularité mondiale. Avec Paddington et Paddington 2, le réalisateur Paul King a su créer une véritable identité propre à Paddington, en conservant les grandes caractéristiques issues des livres de l’auteur britannique Michael Bond, tout en insufflant aux longs-métrages une ambiance singulière.

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Les films, familiaux et rayonnants, ne se contentent pas de mettre en scène les péripéties de l’ourson dans Londres. Ils ont également construit tout un univers tangible et authentique autour de Paddington, s’attardant sur l’écriture des personnages et des situations pour les rendre touchants et remplis de bons sentiments. Il n’est d’ailleurs pas surprenant de trouver derrière la saga Paddington le producteur légendaire David Heyman – à qui l’ont doit la franchise Harry Potter au cinéma –, particulièrement doué quand il s’agit de donner de l’épaisseur à des histoires destinées aux plus jeunes. Oui, Paddington est un film pour enfants, mais il est en mesure d’émouvoir toutes les générations.

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L’innocence à l’état pur

Avec Paddington et Paddington 2, Paul King propose, en effet, des films à la bienveillance absolue. Un petit ourson – qui sait parler, le langage n’est pas un frein dans la saga – quitte sa jungle natale pour découvrir Londres. Perdu et désorienté, il fait la rencontre de la famille Brown, qui l’accueille et l’aide à se faire à cette nouvelle vie. Paddington n’a pas une once de méchanceté ou de cynisme en lui. En représentant l’innocence et la bonté absolue, l’ourson acquiert instantanément un fort capital sympathie. Il est plongé dans un univers hostile (celui des humains, en plein cœur de Londres), mais, grâce à sa naïveté touchante, il transforme son entourage.

Les deux films Paddington fonctionnent grâce à leur premier degré, leur sensibilité et leur drôlerie. Paddington est confronté à des péripéties en tout genre – l’amenant même en prison dans le second film –, mais s’en sort toujours grâce à son innocence. Comme le dit le personnage de Pedro Pascal dans Un talent en or massif en parlant de Paddington 2 : « Il me donne envie de devenir un meilleur être humain. » Plus efficace encore, Paul King parvient à instaurer une sincère émotion – surtout dans le deuxième film – en traitant des liens familiaux alors que le petit ours souhaite revoir sa tante Lucy, restée au Pérou. 

Paddington2

Paddington2

Le style Paul King, dans les deux premiers films, c’est également une photographie inspirée du cinéma de Wes Anderson, dans la composition des plans ou l’utilisation de la couleur. Le cinéaste, britannique, ajoute également sa touche anglaise dans l’humour, grâce à un comique de situation ainsi que des quiproquos. De surcroît, la voix de l’ours, que cela soit en version originale avec l’acteur britannique Ben Whishaw ou en version française avec Guillaume Gallienne, donne vie à un Paddington instantanément attachant.

Paul King offre également à des acteurs bien connus des rôles à contre-emploi de méchants excentriques, comme Nicole Kidman dans le premier film ou Hugh Grant dans le deuxième. En traitant son sujet avec le plus grand sérieux, le cinéaste a réussi un petit exploit. Les deux premiers Paddington surprennent tous ceux qui les voient. La qualité est vraiment au rendez-vous, les rires sont présents et les larmes coulent tout autant. La recette d’un vrai succès.

Un troisième film en deçà

Paddington au Pérou (sorti le 5 février 2025) opère un changement majeur dans la saga. Exit Londres, Paddington retourne au Pérou dans l’espoir de voir sa tante Lucy. Arrivé sur place – avec la famille Brown –, l’ourson constate que sa tante a disparu et se lance dans une quête périlleuse au sein de la jungle pour la retrouver. Paul King, occupé sur le tournage de Wonka (2023) avec Timothée Chalamet, n’a pas rempilé derrière la caméra et le résultat s’en ressent.

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Moins charmant et sensible que les deux précédents films, Paddington au Pérou compense par l’apport de la grande aventure au récit. L’ours conserve également sa bienveillance légendaire, et la présence d’Antonio Banderas dans le rôle d’un capitaine de bateau séducteur poursuit une tradition instaurée depuis le premier film, en offrant à un autre grand acteur un rôle improbable.

Paddington3

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Mais alors, finalement, pourquoi Paddington est-il si irrésistible ? Par son action désintéressée et son envie de faire du bien autour de lui, l’ourson change les gens et fait ressortir le meilleur en eux. Dénués de cynisme ou de second degré, les films retrouvent une innocence et une simplicité que le cinéma jeunesse a parfois reniées ou perdues. Oui, personne ne reste indifférent face à Paddington.

Chaque nouveau spectateur conquis clame haut et fort son amour pour Paddington. Lors de la sortie de Paddington 2, la presse spécialisée n’était d’ailleurs pas à court de superlatif : « On frise le sans faute » (Le Point), « Un film dont la bonté et l’innocence servent non seulement de moteur à l’aventure, mais aussi de raison d’être » (Première), « Une suite réussie […] au même charme suranné que le premier film » (Télérama)…

Si Paddington au Pérou s’éloigne un peu de la formule de Paul King – l’aspect artisanal a disparu –, l’esprit initié par le cinéaste demeure. L’ours au chapeau rouge – et au sandwich à la marmelade caché dessous, en cas d’urgence – continue son bout de chemin et enchante les générations, bien au-delà de ses frontières d’origine. Avant un probable retour à Londres pour le quatrième film ? Où qu’il aille par la suite, Paddington sera toujours suivi par une ribambelle de fans, petits et grands.

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