Près de 50 ans après sa sortie, Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper a droit à un lifting avec la parution d’un somptueux coffret collector le 19 septembre. L’occasion de se replonger dans ce film tout en bruit et en fureur, devenu instantanément culte.
Parce que le film est basé sur une rumeur
Tourné au moment de la guerre du Vietnam et des mouvements pacifistes qui fleurissent partout aux États-Unis pour s’y opposer, Tobe Hooper signe avec Massacre à la tronçonneuse, une sorte de brûlot contre la société américaine. Il s’agit de son second long-métrage après Eggshells sorti en 1970 et le réalisateur ne dispose que d’une poignée de dollars pour le mettre en boîte. Cette histoire de cinq jeunes gens se rendant dans la campagne texane et se faisant assassiner par une famille de fermiers cannibales, est le reflet de son époque. Ici, les jeunes babacool se font exterminer par une bande de psychopathes armés d’une tronçonneuse et finissent en abat-jours.
De fait, pour vendre le film et faire parler de lui, la production décide de le présenter comme une histoire vraie. Certes, certains faits sont effectivement tirés de crimes du tueur en série Ed Gein, spécialisé dans la mutilation de cadavres, mais quasiment tout est fictif. Les acteurs sont inconnus, l’image présente un aspect documentaire et beaucoup de spectateurs vont ainsi croire à cette version. Une idée que reprendront Daniel Myrick et Eduardo Sanchez pour leur Projet Blair Witch. Résultat : Massacre à la tronçonneuse devient un succès commercial et le chef de file des futures grandes sagas d’horreur.
Parce qu’il est unique en son genre
Si le film de Hooper est si particulier, c’est parce qu’il met un point d’honneur à soigner son ambiance et ses décors. Tout sonne vrai. Immédiatement, le spectateur est placé dans une sorte de malaise sensoriel. Dès que l’on pénètre dans la ferme de Leatherface et de sa famille de détraqués, on est ferrés. Impossible de ne pas éprouver autre chose qu’un dégoût fascinant. Massacre à la tronçonneuse est un film que l’on voit, mais aussi que l’on renifle et que l’on écoute. Pas une goutte de sang ne sera versée et pourtant, on a l’impression d’avoir vu des litres d’hémoglobine.
Toute l’horreur est hors champ, symbolisée par les cris des victimes, le bruit du moteur de la tronçonneuse et le masque de Leatherface. Comme son nom l’indique, ce dernier est fabriqué à base de lambeaux de peau humaine et sera le précurseur du masque de hockey de Vendredi 13 ou de celui de Ghostface dans Scream.
Parce que le film a influencé les films de slashers
Massacre à la tronçonneuse a tellement marqué à sa sortie que très vite, des réalisateurs se sont emparés du phénomène pour faire leurs propres films d’horreur. Wes Craven tournera La Colline a des yeux, Ridley Scott s’en inspirera pour Alien, John Carpenter fera Halloween et les cinéastes de la jeune génération poursuivront cette filiation, d’Alexandre Aja à Pascal Laugier dont le Ghostland est un vibrant hommage.
Massacre à la tronçonneuse a bénéficié de suites, de remakes, de reboots déguisés comme X de Ti West, de jeux vidéo, de références appuyées (l’épisode La Meute de la série X-Files, considéré comme le plus effrayant). Mais c’est bien la version de Tobe Hooper qui restera comme l’archétype ultime du film qui ne montre rien et pourtant, terrorise comme s’il dévoilait tout.