Vous ne comprenez pas pourquoi tout le monde parle de ce film ou de cette série ? Vous ne connaissez pas cette fameuse réplique ou n’avez pas vu cette incroyable scène ? Pas d’inquiétude, chaque mois, on vous aide à y voir plus clair et on vous explique pourquoi c’est culte. Dans Orange Is The New Black, ce sont les femmes qui se retrouvent au centre du chaos que constitue le milieu carcéral, un monde aussi impassible qu’attendrissant.
La femme par le prisme carcéral
C’est en sept saisons accrochantes inspirées de faits réels que Jenji Kohan fait le choix courageux de présenter sans filtre la position de la femme en prison, dans sa série Orange Is The New Black sur Netflix, inspirée du roman homonyme de Piper Kerman. Sortie avec ses premiers épisodes en 2013, elle a le mérite de marier audacieusement des scènes au comique simple et sympathique, avec d’autres très crues dénonçant réellement les conditions de vies déplorables dans le milieu carcéral américain. En suivant la progression de l’héroïne Piper Chapman (incarnée par Tylor Shilling) derrière les barreaux, on vit une complète immersion parmi ces femmes punies. Entre addictions, instincts de survie, manque d’hygiène et guerres des clans, l’image de la femme est absolument renversée, décrystalisée et arrachée de ses préjugés.
Une immersive expérience sociale
Le milieu carcéral est une société à lui seul, qui contrairement à celle de « dehors » ne progresse que très peu et apparait donc comme une suspension dans le temps. Véritable champ d’expérience socilogique, on y retrouve tous les éléments relatifs à un champ de recherche : codes bien précis, comportements types, hiérarchie sociale… Pour ce qui est de ses règles de conduite qui sont davantage des impératifs de survie, elles sont instaurées à la fois par les encadrants, mais surtout par les détenues les plus impitoyables. Loi du plus fort, humiliations et absence complète d’empathie, les détenues semblent prêtes à tout pour s’assurer un confort matériel minimal. Plutôt que la solidarité, la domination apparait comme une option évidente et incontournable dans des situations anodines de la vie en groupe. Entre scènes ultraviolentes et studieuses élaborations de plans machiavéliques, nous sommes estomaqués devant cette transcription d’une réalité marginale, qui nous semble tellement parallèle lors ce que l’on y est confrontés pour la première fois.
Une invitation à la réflexion philosophique
Plusieurs interrogations s’imposent naturellement face à cette réalité trop méconnue, et s’avèrent pourtant urgentes et nécessaires. Quelle est la finalité d’une punition ? Est-ce la correction d’un comportent et donc l’amélioration des individus, la « guérison » des détenus ? Si oui, pourquoi alors la cruauté et la terreur des encadrants est quasi-inévitable lors d’un séjour en prison ? Comment donc punir efficacement pour corriger dans la bienveillance ? Est-ce même seulement possible ? Ces femmes aux histoires parfois déchirantes sont-elles réellement responsables de leurs traumatismes les encourageant et parfois les obligeant à commettre des crimes ?
L’omniprésence frappante de l’humain
Les blessures nées chez ces femmes du fait des conditions de détention souvent inhumaines ne sont pas considérées, et donc la punition n’est finalement qu’un fait unilatéral, injuste. Des moments très intimes nous sont offerts au sein de cet environnement féroce, comme lors des scènes romantiques entre Piper et Alex (Laura Prepon). Dans cet océan de sentiments vifs et d’engagements nouveaux, beaucoup d’instants surprenants de vulnérabilité, fragilité et d’amour inconditionnel nous frappent. Avec eux, l’attachement sincère aux personnages est inévitable, remettant toujours en perspective la justice de leurs sorts.