Décryptage

XL Recordings : la success story du label d’Ibeyi, Adele et Radiohead !

03 août 2021
Par Mathieu M.
XL Recordings : la success story du label d’Ibeyi, Adele et Radiohead !

Fondé en 1989 à Londres, le label XL Recordings s’est imposé comme l’une des maisons de disques indépendantes les plus intéressantes de la planète. Son esthétique et sa manière de travailler avec les artistes lui ont permis de développer Adele, Ibeyi, Jungle The XX (via Young Turks) et d’accompagner désormais Radiohead. On décrypte leur influence sur le monde de la musique.

XL Recordings, un baptême électronique

Les années 1980 restent une période faste pour la musique indépendante britannique. L’émergence d’une scène rock bien spécifique (The Smiths, les débuts de la britpop, le shoegaze) a correspondu avec l’essor de labels dédiés particulièrement actifs, comme Beggars Banquet, Factory, Rough Trade, Sarah, Creation, 4AD…

En parallèle, le succès des musiques électroniques, notamment de la house, fait la part belles aux petites structures, capables de produire des singles en  série limitées, ou de capitaliser sur les tubes entendus en rave ou en free parties, qui ont la faveur des Britanniques lors des étés 1988-1989. C’est dans ce contexte que naît XL Recordings. Division underground de Citybeat, le label dance de l’indépendant Beggars Banquet, le label est fondé par Tim Palmer and Nick Halkes. Ce dernier, nommé directeur artistique, déjà auteurs de « coups » fameux dans les charts, va avoir du nez.

Music For The Jilted GenerationÀ la recherche d’inventivité, XL signe des artistes comme Ellis-D ou Frankie « Bones », à destination des fans de musique électro. En 1991, l’arrivée de The Prodigy marque le début d’une ère de prospérité : avec leur formule mêlant dance et rock, le groupe impose vite sa patte, et culmine en haut des charts dès leur deuxième album, Music for the Jilted Generation. Dès lors, XL Recordings peut entamer la deuxième partie de son histoire, faite de diversification et de développement à l’international.

XL Recordings, le label indé de pointe au tournant du millénaire

Si l’on en juge par les artistes américains qui ont été édités, pour le marché britannique, chez XL, le label a su trouver les voix innovatrices : Moby, House of Pain, ou plus tard les White Stripes ont été introduits au Royaume-Uni par son entremise. C’est dire aussi comment la maison de disque a choisi d’évoluer au bon moment : après la musique electro, la firme s’est ouverte au rock et au rap à l’orée du troisième millénaire.

Ainsi, après Prodigy, la « marque » réalisait un coup d’éclat en invitant le chanteur folk connu sous le nom de Badly Drawn Boy, lauréat du Mercury Prize 2000. Dès lors, le label augmentait son rythme de signatures et de parutions, pour aboutir à une moyenne d’une demi-douzaine de nouveaux LP par an. Le credo n’allait pas changer : les innovateurs seraient toujours leur cible fétiche. En témoigne l’arrivée chez XL de la star du rap-garage anglais, Dizzee Rascal, bientôt suivi par M.I.A., sans oublier la signature par le label de Thom Yorke, le chanteur de Radiohead, pour son premier disque studio. Un prélude au partenariat du groupe entier, dès l’album In Rainbows en 2007, pour toutes les sorties physiques à venir.

Comment, en vérité, peut-on devenir la maison de disque de Radiohead ? En multipliant, semble-t-il, les expériences contractuelles réussies entre artiste et label, basées sur la confiance. Une fois membres du roster d’XL Recordings, les musiciens trouvent un véritable esprit d’indépendance, tout en étant promu grâce à l’influence que la firme peut avait sur les médias branchés du monde entier.

Au niveau du label, l’apport de Nick Huggett, nommé dans les années 2000 comme directeur artistique, a été retentissant. Après avoir œuvré pour Dizzee Rascal, il signait en effet Adele pour son premier album, 19. Ému par sa voix, et alors que la « soul » britannique était en plein boum grâce à Amy Winehouse, le découvreur de talents trouvait chez la jeune chanteuse l’artiste de la décennie, l’une des plus importantes vendeuses de disques des dernières années.

Young, The XX, Ibeyi… l’histoire d’XL continue de s’écrire

Au début des années 2000, l’un des directeurs artistiques d’XL, Caius Pawson, se décidait à créer son propre label pour développer des artistes indépendants prometteurs. Sous le nom de Young Turks (renommé Young cette année), ce sous-label allait signer quelques-uns des musiciens les plus intéressants de l’Angleterre contemporaine, à commencer par The XX, puis Sampha, FKA Twigs ou Arlo Parks. Privilégiant une indie pop electro teintée ici et là de R&B ou de rock, la nouvelle maison est devenue, aux côtés d’XL, l’un des labels les plus suivis par les influenceurs musiques de la planète.

Chez XL, en parallèle des cartons d’Adele, les directeurs artistiques ont gardé leur souhait de commercialiser les disques inventifs à succès. On compte aujourd’hui King Krule, Jack Penate, ou encore Arca, habitués soit des top albums de la presse britannique indé, soit carrément des nominations aux Mercury Prizes.

Loving-In-StereoEn 2013, le label s’était entiché également des deux sœurs jumelles d’Ibeyi, une formation à la charnière de la soul et de l’electro, qui continue d’œuvrer avec bonheur, tout en signant par ailleurs Jungle, le groupe de funk qui publie son troisième album ce mois-ci, Loving In Stereo. Découvert chez XL, la bande fait d’ailleurs une infidélité à sa maison d’origine, puisque les membres l’ont quittée pour Awal, l’un des concurrents les plus intéressants du label de Radiohead !

Article rédigé par
Mathieu M.
Mathieu M.
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