LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Caroline L. (Cambridge). Guillaume Meurice, après son premier roman Côme, se glisse cette fois dans la peau du bouffon des rois Louis XII et François Ier.
Le roi n’avait pas ri
Le coup de cœur de Caroline L. (Cambridge)
Guillaume Meurice, après son premier roman Côme, se glisse cette fois dans la peau du bouffon des rois Louis XII et François Ier.
Un bébé mal aimé
Croyant que ce bébé déformé, bossu, né dans une famille pauvre, n’allait pas survivre, ses parents ne lui donnèrent pas de nom ; on l’appelait « Laid’ron » . Mal aimé par sa famille, vêtu de crasse et de guenilles, il grandit largement dans la rue ; c’était l’affreux du pays. Il se fit un certain renom néanmoins, grâce à quelques astuces acrobatiques, car il apprenait vite et ne se laissait pas faire volontiers. Un jour, il rencontra plus malheureux que lui, un pauvre garçon nommé Caillette qui n’avait pas dix mots à sa commande ; le voyant victime des jets de pierres d’un groupe de gamins, notre Laid’ron chassa les voyous et reçut les remerciements de Le Vernoy, un servant du roi qui avait la charge de Caillette, le fou du roi.
Sa vie de cour
Quelque temps après, le roi passant dans le pays, Le Vernoy l’aperçoit dans la foule et le fait remarquer au roi comme le sauveur de Caillette. Le roi apprécie et le fait embarquer. A partir de là, sa vie devient celle de la cour, il sera le nouveau bouffon du roi et acquiert le surnom de « Triboulet ». Le Vernoy a la charge de son éducation, lui donne une copie d’Erasme qui deviendra le livre de référence de Triboulet, qui se montrera doté d’une intelligence, d’une sensibilité, d’une sagesse même qu’on ne lui soupçonnait pas. Il cultivera le talent de la répartie qui ferait rire les deux rois, ce qui le protégera des autres gens de cour victimes de ses railleries. Il ne se fera pas beaucoup d’amis, mais trouvera de la tendresse auprès de la petite Lisette.
Le roi s’amuse, mais la tristesse n’est jamais loin derrière la gaîté affichée, ni la tragédie de la vie derrière la comédie de la parole. L’auteur trace aussi des portraits d’un Louis XII complaisant et d’un François Ier capricieux, d’une cour malicieuse, de courtiers jaloux et d’une Louise de Savoie cinglante que rien n’arrête lorsqu’il s’agit de l’avancement de son fils.
C’est un roman touchant, écrit à la première personne sans pathos, au contraire avec entrain et beaucoup d’humanité
—
Parution le 17 mars 2021 – 300 pages