L’instant Lire à la Fnac : le rendez-vous de toutes les littératures à ne pas manquer. Baptiste Liger, directeur de la rédaction du magazine Lire Le Magazine Littéraire, partage ses conseils de lecture. En juin, partons à la rencontre des auteurs de polars et rockstars !
Auteurs de polars et rockstars
Baptiste Liger : « Vous savez quoi ? Eh bien on peut tout-à-fait avoir d’un côté une sacrée plume et de l’autre un vrai bon riff de guitare. Voici donc quelques auteurs de polar qui font aussi du rock. Alors montez le son !
On le sait, les liens entre la littérature et la musique sont évidemment très ténus et le meilleur symbole est certainement le prix Nobel de littérature qui avait été attribué, il y a déjà quelques temps, à Bob Dylan pour sa poésie. Bob Dylan qu’on connaît tous pour ses chansons qui ont particulièrement marqué.
Alors, nombre de personnalités se sont illustrées, avec un certain talent indéniablement, dans les deux domaines. On peut également songer à quelqu’un comme Leonard Cohen dont les qualités d’auteur ne sont plus à démontrer ou bien encore à Patti Smith qui s’est révélée une femme de lettres importante et qui d’ailleurs reçoit un vrai beau succès de librairie, en France notamment, avec un livre acclamé comme Just Kids.
L’Hexagone justement a fait la part belle à des artistes qui ont brillé dans les deux disciplines. Par exemple, Serge Gainsbourg, le saviez-vous ? Il est l’auteur d’un roman un peu culte publié au début des années 80, Evguénie Sokolov, autour de la figure de sa grand-mère. À découvrir pour tous les fans.
Certains chanteurs bien connus de chez nous ont même eu les honneurs des grands prix littéraires. Ainsi en 1991, Yves Simon a quand même obtenu le prix Médicis pour La Dérive des sentiments et toujours du côté des distinctions, Raphaël Haroche, qu’on connaît aussi tout simplement sous son prénom, Raphaël, a quant à lui raflé le Goncourt de la nouvelle pour Retourner à la mer. Voyez aussi Olivia Ruiz, qui a vu l’an passé son livre être un véritable tabac critique et public. On pourrait aussi se référer à quelqu’un qu’elle connaît bien, à savoir le leader du groupe Dionysos, Mathias Malzieu qui, quant à lui, a vu ses ouvrages être traduits dans le monde entier. Un véritable ambassadeur de la culture française sur toute la planète.
On va monter à la vitesse supérieure ou à la puissance supérieure avec Henri Loevenbruck, auteur de thrillers bien connus mais qui est, par ailleurs, membre d’un groupe de metal, un genre qu’il honore d’ailleurs volontiers dans tous ses ouvrages.
D’ailleurs, les grosses guitares, il n’y a rien de tel et ça peut se révéler une formidable matière pour le roman noir, ambitieux, un peu baroque et barré à l’image de Nick Cave. L’australien Nick Cave, à qui on doit quelques purs chefs-d’œuvre, insistons sur ce mot, comme Et l’âne vit l’ange ou bien encore La Mort de Bunny Munro, deux petits chefs-d’œuvre à découvrir absolument.
Le cas S. Craig Zahler
Et pour rester dans le domaine des grosses guitares, Realmbuilder, c’est le nom du groupe dont S. Craig Zahler est le batteur et leader d’ailleurs.
Zahler, ça vous dit peut-être quelque-chose en tant que cinéaste parce qu’il est connu en tant que metteur en scène. On lui doit notamment un western d’un genre un peu particulier puisqu’il mettait en scène des indiens cannibales, Bone Tomahawk. On peut également songer à Section 99, un film de prison avec Vince Vaughn qui va rendre hommage dans sa dernière partie aux œuvres du marquis de Sade. Voilà. Ou bien encore, Traîné sur le bitume, qui met en scène un Mel Gibson en flic ripoux et raciste. Bref, Zahler, vous l’aurez compris, ce n’est pas franchement un poète ni un amoureux des alexandrins, mais un provocateur qui a l’art d’appuyer là où ça fait mal et un brillant dialoguiste.
Des qualités qu’on avait au cinéma et qu’on retrouve dans ses romans disponibles en France chez Gallmeister, à l’image de sa dernière livraison, le savoureux Dédale mortel. Task, le héros du nouveau Zahler est un entrepreneur bien comme il faut, tout-à-fait respectable ou presque… En effet, il est souteneur, autant dire maquereau, mac. Mais attention, du genre très professionnel.
Dans le roman, il va apprendre à ses dépens qu’il vaut mieux bien choisir ses employés et ses protégés. Et on obtient là un vrai grand roman pulp ; dialogues aux petits oignons, scénettes irrévérencieuses en diable et du genre plutôt brutales quand même, mauvais esprit ô combien salvateur, tout l’esprit S. Craig Zahler est au rendez-vous.
Les amoureux de ce type de livre et les fans de Quentin Tarantino vont se régaler. Moi, j’adore ça. »
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