Décryptage

Black Country, New Road : la relève du rock anglais

03 février 2021
Par Mathieu M.
Black Country, New Road : la relève du rock anglais

Vendredi sort le premier album de Black Country, New Road, la dernière sensation en date du rock britannique, For the First Time. D’HMLTD à Shame, de The Murder Capital à Fontaines D.C., les Anglais et les Irlandais continuent de produire d’excellents albums en indé, et d’innover. Retour sur les meilleurs disques de 2020 dans ce domaine, et sur nos attentes pour 2021.

2020, un excellent cru pour le rock britannique

Quinze ans après la vague britannique du rock indépendant, qui avait vu émerger les Franz Ferdinand, Arctic Monkeys et autres Bloc Party, le Royaume-Uni et l’Irlande continuent d’être le vivier de groupes farouchement innovants, influencés par le post-punk, mais aussi le rock psychédélique ou la pop moderne.

L’énorme succès de Yungblud ces derniers-mois, avec son cocktail détonnant de pop, de riffs de guitares acérés et d’emo, cache peut-être au grand public de nombreuses formations au son plus underground et racé.

Du côté de l’Irlande, le deuxième album de Fontaines D.C., A Hero’s Death, aura confirmé l’aura de cette formation inspirée du meilleur du post-punk et de la cold wave. Avec leurs amis de The Murder Capital, et aussi Girl Band, ils sont le renouveau de Dublin, l’une des villes les plus rock de 2019-2020 !

Parmi les plus exposés médiatiquement, les Anglais d’Idles sont ceux qui nous le plus regretter le temps des festivals. Leur folie punk et leurs bangers propices au pogo transpirent sur Ultra Mono, leur dernier disque.

Toujours du côté des confirmations, 2020 a été l’année de l’excellent troisième opus de Black Foxxes. La finesse d’écriture de leur leader, Mark Holley, explique la qualité des mélodies mélancoliques de ce disque homonyme à écouter d’urgence.

A-Hero-s-Death  Idles Ultra-Mono

L’année du lancement de rockeurs anglais toujours plus originaux

Pléthores d’excellents groupes ont débuté sur long format en 2020. Les Working Men’s Club ont rendu l’indie pop plus dansante qu’à l’accoutumée, utilisant quelques éléments d’électronique et un songwriting astucieux, sur leur disque bien nommé Working Men’s Club. Ils ont ainsi succédé, dans la hype, à des artistes proches de cette formule, comme les HMLTD, qui ont sorti leur premier album, West of Eden avant le premier lockdown.

Dans cette manière de véritablement varier ses influences, le duo devenu quintette Sorry se pose là. Leur premier album, 925, évoque tour à tour le trip-hop, la trap, le rock alternatif américain, sans oublier le jazz. Et la mayonnaise prend, grâce à des mélodies excellentes et une ambiance parfaitement travaillée.

Working-Men-s-Club  West-Of-Eden  925

2021, déjà une année faste pour le rock indé britannique

Après un buzz conséquent grâce à leur single Sunglasses, le collectif Black Country, New Road passe le cap du premier album ce vendredi, avec la sortie de  For the First Time. Aux frontières du post-rock, du free jazz, du slam, le groupe innove dans sa manière d’enchaîner les titres à l’intensité dramatique remarquable, que l’on pourrait comparer chez nous à un Feu ! Chatterton, par exemple.

 For-The-First-Time

Plus traditionalistes dans leur son, The Luka State a multiplié les tubes sur le tout premier disque, Fall in Fall Out, qui croise le côté dansant des premiers Franz Ferdinand avec des refrains dignes du pop-punk américain. Une production léchée et des hooks entêtants font de cette galette l’un des disques les plus feel-good de ce début d’année.

De son côté, Shame, déjà auteur de l’excellent Songs of Praise il y a trois ans, a passé la seconde mi-janvier. Les tonitruants Londoniens ont enregistré en France, auprès de James Ford (producteur attitré des Arctic Monkeys) un Drunk Tank Pink dans lequel ils ne cèdent rien côté énergie. Leur post-punk sombre ravive encore une fois la glorieuse musique anglaise des années 1970, période Gang of Four, Clash et consorts !

Le rock au féminin n’est pas en reste en Angleterre en ce début d’année. Après The Big Moon ou Porridge Radio, ce sont les filles de Goat Girl qui passent le cap du deuxième album. On All Fours, avec ses morceaux plus apaisés et plus pop, fait entrer le groupe dans une nouvelle dimension. Et prouve la variété de la scène indé britannique de 2021.

Les espoirs du rock anglais pour 2021

Enfin, de nombreux groupes dont on attend le premier album pour 2021 ont eu l’occasion de briller en single ces derniers mois. S’ils sont privés de scène temporairement, leurs titres phares confirment qu’un vent de fraîcheur souffle sur le Royaume-Uni et l’Irlande.

Les revivalistes du post-punk affûtent leurs arguments en ce moment même. Ainsi, avec Dry Cleaning, à situer entre Bloc Party et Black Country, New Road, le sud de Londres (d’où viennent Shame et HMLTD) s’affirme encore une fois comme l’une des place to be du rock anglais contemporain. Le quatuor Egyptian Blue, proche stylistiquement de Dry Cleaning, devrait lui aussi faire sensation en 2021. Leur groove infectieux rappelle d’autres jeunes pousses pleines d’espoir, comme Do Nothing.

Bourrés de talent, expérimentaux tout en restant pop, Squid ressuscite également les seventies. Leur dernier single, Narrator annonce, on l’espère, un premier long format pour tout bientôt. Le groupe de Brighton est signé chez Warp Records, gage de qualité en matière d’electro et de musique indé depuis une trentaine d’années !

Enfin, pour terminer ce passage en revue des outsiders du rock anglais, un mot sur The Mysterines. Après deux E.P., ce flamboyant quatuor rappelle le charisme de Savages et porte haut les couleurs du punk mâtiné de féminité, grâce à la voix de la chanteuse Lia Metcalfe. Un autre groupe à suivre de près dans ces prochains mois, déjà riches en promesses du côté de la Grande-Bretagne !

Town-Centre  Glueland  savages 2016
Article rédigé par
Mathieu M.
Mathieu M.
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