Décryptage

AC/DC : retour à l’âge d’or du blues rock avec Power Up !

16 octobre 2020
Par Mathieu M.
AC/DC : retour à l’âge d’or du blues rock avec Power Up !

Le 13 novembre, le plus grand groupe de hard rock de la Terre sortira son 17e album, Power Up. Six ans après Rock or Bust, les Australiens se sont réunis pour prouver qu’au bout de 47 ans d’existence, la fougue ne semblait pas les avoir quittés. L’occasion était trop belle de revenir sur ces décennies que nous avons eu la chance de vivre, et durant lesquelles les solos et les riffs d’Angus Young ont révolutionné la musique.

AC/DC, le plus écossais des groupes australiens

Novembre 1966. L’automne anglais se trouve soudain dynamité par un tube qui envahit les ondes. Les Easybeats, venus d’Australie, sortent Friday on My Mind, dont le célèbre riff obsédant passera à la postérité. Parmi les membres du groupe, un certain George Young. Né à Glasgow, il a quitté l’Écosse avec sa famille en 1963, avant de devenir musicien professionnel. Deux de ses frères vont lui emboîter le pas : au début des années 1970, Angus Young et Malcolm Young rejoignent George dans l’éphémère Marcus Hook Roll Band.

Si Malcolm est spécialisé dans la 6 cordes rythmique, Angus brille déjà par ses facultés quasi innées à la guitare solo. Adorateur du rock’n’roll des origines, véritable boule de nerfs, ce dernier s’avère une personnalité fantasque, qui adopte rapidement une attitude scénique iconoclaste. Pour compenser sa petite taille, et l’immensité de sa Gibson SG proportionnellement à son corps, il force le trait en se déguisant, en live, en écolier, avec un bermuda…

AC DC

Les deux garçons décident de voler de leurs propres ailes, et publient une petite annonce pour s’attacher les services d’un batteur, Phil Rudd. Un bassiste, Mark Evans, est lui recruté, selon la légende, alors qu’il vient de se faire éjecter d’une discothèque… Initialement, c’est Dave Evans qui chante les morceaux imaginés par les frères Young, avant que le roadie et homme à tout faire du jeune groupe ne prenne le micro en 1974. Il se nomme Bon Scott, et sa voix puissante et suraigüe va être, à l’égale des performances guitaristiques d’Angus, le pilier du son AC/DC, le groupe né de la rencontre entre ces cinq talents.

AC DC-High-voltageÀ Melbourne, le quintette se rode sur scène, avec un principe simple : faire hocher en rythme la tête des spectateurs, à coup de boogies (dérivé rythmé et groovy du blues) considérablement électrifié. Côté paroles, les références sexuelles abondent, et le charisme et l’humour du frontman font leur petit effet sur le public interlope des pubs australiens. Sous l’impulsion de George Young, leur producteur attitré jusqu’en 78, les AC/DC (un nom qui signifie à la fois « courant alternatif/courant continu » dans le langage courant, et «  à voile et à vapeur » en argot) enregistrent leur premier album, High Voltage.

1976-1979, le premier âge d’or d’AC/DC

Depuis le début des années 1970, une trinité règne en maître sur le domaine du hard rock. Led Zeppelin, Black Sabbath et Deep Purple, tous trois venus d’Angleterre, courent le monde et propagent le son de guitares saturées, leur mode de vie proprement déluré et une mythologie novatrice. AC/DC va progressivement jouer les trouble-fêtes à mesure que les trois titans précités s’essoufflent.

Après High Voltage, c’est T.N.T., qui les impose, d’abord auprès des bikers australiens puis en Europe, où le groupe s’installe en 1976. De Londres, ils défendent un troisième album, Dirty Deeds Done Dirt Cheap, qui bénéficie d’une sortie mondiale pour la première fois. L’escalade vers le succès commence à se matérialiser, et les tournées internationales vont peu à peu remplir l’emploi du temps des jeunes australiens.

Sur scène, les musiciens magnifient des classiques quasi instantanés, comme le langoureux blues The Jack, les tube T.N.T. et Dirty Dees Done Dirt Cheap, deux hits emblématiques du « schéma » AC/DC. Après un riff blues rock, un couplet, un refrain, un deuxième couplet, un refrain, la guitare d’Angus Young arrive pour un solo dans les aigus, démontre toute sa virtuosité, avant une reprise du riff en guise d’outro. Whole Lotta Rosie ou Let There Be Rock, sur l’album suivant, Let There Be Rock, prouvent que la formule, aussi habile qu’efficace, peut se décliner à l’infini.

Après le remplacement du bassiste Mark Evans par Cliff Williams, la bande enregistre encore Powerage, en 1978, où les influences bluesy se mêlent à celles du rockabilly (l’instrumental Riff Raff). Sur scène, le groupe est à son apogée, comme l’atteste leur Live au Pavillon de Paris ou If You Want Blood You’ve Got It capté en Écosse, comme un clin d’œil aux origines d’Angus et Malcolm. L’alchimie des guitaristes avec Bon Scott est totale, et l’énergie déployée dépasse même celles des punks qui transpirent alors dans toutes les salles de Grande-Bretagne.

Highway-to-hell

Le disque Highway to Hell, paru en 1979, avec son inénarrable morceau éponyme, apparaît comme leur sommet artistique. Il synthétise toute la puissance du groupe, son efficacité mélodique et sa capacité à enchaîner les titres à rythme soutenu sans avoir à écrire de ballade pour calmer le public. Commercialement, la formation australienne devient le n°1 du hard rock.

AC/DC, Back in Black : les années 1980

En février 1980, le destin s’empare de la légende d’AC/DC de la plus triste des façons. Après une soirée de beuverie, le chanteur Bon Scott est retrouvé mort, étouffé dans son vomi. Les autres membres du groupe décident de continuer l’expérience, en rendant hommage à leur pote trop tôt disparu. Ils embauchent après audition l’anglais Brian Johnson, remarqué pour sa similarité vocale avec le récent défunt.

AC DC Back-in-black-Deluxe-editionEn trois semaines, quelques mois seulement après ce tragique décès, l’album Back in Black se transforme en oraison funèbre, avec notamment le titre Hells Bells et ses cloches rappelant le départ de Bon Scott pour d’autres cieux. Malgré le rejet de certains fans, le disque va connaître une ascension fulgurante dans les charts, obtenant des n°1 dans nombre de pays. Efficace et un peu plus heavy que les précédents, cet opus sera le plus populaire du groupe, avec 50 millions d’exemplaires vendus.

Le formation, avec Brian Johnson, publie l’année suivante For Those About to Rock We Salute You, prétexte à une tournée géante dans le monde entier. À partir de 1983, AC/DC entame un léger déclin, avec le départ de Phil Rudd, remplacé derrière les fûts par Simon Wright, et la relative baisse de qualité de ses enregistrements studio.

AC DC - BallbreakerLes années 1980 seront moins synonymes de coup d’éclat, Malcolm Young cédant même sa place à son neveu Stevie Young à la guitare rythmique à partir de 1988. Il faudra attendre 1990 pour voir la formation renouer un peu avec le succès, à la faveur de The Razors Edge, puis en 1994, de Ballbreaker, produit par Rick Rubin et plus fidèle au son d’origine du quintette, qui retrouve alors Phil Rudd.

Les routards du Hard Rock

Canons qui détonnent sur scène, cloche actionnée par Brian Johnson, courses effrénées d’Angus Young qui finit parfois ses lives en caleçon… Les concerts d’AC/DC présentent un certain nombre de rituels depuis les années 1980, attendus par des dizaines de milliers de fans. Malgré l’avancée en âge, le groupe a su maintenir cette formule spectaculaire et ultra-rock dans les années 2000, ravissant les fans coiffés de cornes du diable par un show dantesque, chaque soir, dans une ville différente de la veille.

AC DC

Les albums d’AC/DC sortis ces dernières décennies brillent par leur qualité, comme l’attestent les succès de Stiff Upper Lip, de Black Ice ou de Rock or Bust. Maîtrisant mieux leur carrière, les rockeurs auront dû toutefois affronter la mort de Malcolm Young (et de son frère George) en 2017. Longtemps l’âme du groupe, il a été remplacé définitivement par son neveu.

Après trois ans de silence médiatique, AC/DC a réussi un gros coup en 2020, avec l’annonce de la sortie de Power Up pour le 13 novembre. Anticipant ce nouvel opus, le single Shot in the Dark, avec sa rythmique boogie et son riff tranchant, rappelle l’âge d’or du blues rock électrifié et laisse augurer un classique de plus dans leur prolifique discographie !

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Article rédigé par
Mathieu M.
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