Du septième au neuvième art

Originaire de Belgique, Joris Mertens a bâti le début de son parcours professionnel dans le monde du cinéma et de la télévision. Il a notamment été directeur artistique, graphiste, photographe, storyboarder… Son aptitude à représenter sur papier des décors, des scènes et des séquences complètes l’ont mené vers la bande dessinée, dont il a choisi de détourner les codes avec Béatrice, son tout premier album.

Béatrice : une esthétique racée

Ce qui frappe en ouvrant ce one-shot, c’est bien sûr la quasi-absence de mots. Pour raconter le parcours d’une jeune vendeuse dans un grand magasin qui trouve un vieil album photo, Joris Mertens a fait le pari de ne disséminer que quelques locutions, mystérieuses, durant les plus de cent pages du récit. 

Un choix esthétique qui confère à Béatrice tout son charme. Sans dialogue ou indication, la narration fait honneur au style baroque et particulièrement expressif du dessinateur belge, qui joue sur les couleurs vives, en particulier le rouge, pour détacher son héroïne du décor. Dans son découpage, Joris Mertens a conçu une mise en scène très cinématographique, alternant les échelles de plans, pour mieux rendre compte de l’état psychologique du personnage principal.

Une BD sur le rapport aux images

Plongé dans le monde intérieur de Béatrice, on assiste à sa métamorphose. La vendeuse de gants trouve en effet dans l’album de photos un autre récit de vie que la sienne. Celui d’un couple ancien, pour lequel elle se met à éprouver une fascination, au point de commencer à imiter leur existence…

Mise en abîme parfaite de notre rapport aux images, cette trame narrative agréable à suivre par sa forme, mais particulièrement intelligente sur le fond, fait de Béatrice une BD résolument moderne et captivante.

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Parution le 4 mars 2020 – 112 pages

Béatrice, Joris Mertens (Rue de Sèvres) sur Fnac.com

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