Tandis qu’il devait être le président du jury du Festival de Cannes cette année, Spike Lee a livré son dernier film à la plateforme Netflix. Da 5 Bloods : Frères de sang est à la fois un film de guerre et d’aventures, dans lequel on retrouve ce qui anime le cinéma du réalisateur, entre militantisme et style incisif.
Un cinéma tourné vers la communauté afro-américaine
Depuis ses débuts en tant que réalisateur en 1983, Spike Lee n’a de cesse de mettre en avant la communauté afro-américaine dont il est issu, n’hésitant pas à bousculer les clichés et la bien-pensance toute hollywoodienne. Son but est de mettre en avant les minorités visibles et les problèmes sociaux qui émaillent la société américaine, quitte à déranger. Certains de ses films ont en effet provoqué nombre de débats parfois houleux, à l’instar de Nola Darling n’en fait qu’à sa tête en 1986, sur une jeune femme noire et ses trois amants, mettant en avant la sexualité des Afro-Américaines et qui a obtenu le Prix de la Jeunesse au Festival de Cannes. Une thématique qui sera reprise notamment dans Girl 6.
Le temps des polémiques
Quatre ans plus tard, Spike Lee, désormais bien installé, crée une nouvelle polémique avec Mo’Better Blues, mettant en scène un trompettiste qui finit par se vautrer dans des ennuis le dépassant. Au casting, des noms tels que Denzel Washington, John Turturro et Wesley Snipes, mais l’ensemble déplaît à des organisations juives qui jugent l’œuvre antisémite et accusent le réalisateur de fustiger une communauté de la même manière qu’il dénonce les inégalités raciales entre les Blancs et les Noirs.
Autre polémique, celle engendrée par Malcolm X avec Denzel Washington et Angela Bassett, biopic nerveux autour de la figure de Malcolm X (déjà cité dans le film Do the Right Thing) qui elle-même faisait déjà controverse à son époque. On y voit notamment le drapeau américain en train de brûler, des images d’archives et une scène représentant Nelson Mandela venant de sortir de prison, en train de citer un discours de Malcolm X. Ce qui n’empêcha pas le film de remporter de nombreux prix internationaux, dont l’Ours d’argent du meilleur acteur pour Denzel Washington.
Un engagement à travers les documentaires
Spike Lee utilise également le vecteur du documentaire pour mener ses propres batailles. Si la plupart de ceux qu’il réalise mettent en avant des stars internationales (Luciano Pavarotti, Kobe Bryant ou Michael Jackson), il n’hésite pas à fustiger le gouvernement avec deux films autour de la tragédie du cyclone Katrina.
Le premier, Katrina, montre Spike Lee sur les lieux de la catastrophe un an après cette dernière, interrogeant victimes et secouristes et dévoilant l’incompétence des services publics à l’époque. Le second, If God is Willing and Da Creek don’t rise poursuit sur cette voie, avec toute une série d’autres témoignages poignants, mais cette fois-ci, issus de personnages publics et politiques (dont Brad Pitt et Sean Penn).
Spike Lee, toujours pas apaisé
Dans ses dernières réalisations, Spike Lee poursuit son combat contre le racisme et les inégalités faites contre la communauté afro-américaine, entre scènes violentes et comiques. C’est le cas avec BlacKkKlansman : j’ai infiltré le Ku Klux Klan, inspiré d’une histoire vraie ou de Da 5 Bloods, actuellement sur Netflix, film de guerre et d’aventures au casting hétéroclite, allant de Chadwick Boseman à Jean Reno en passant par Mélanie Thierry et montrant des images d’archives à portée politique, notamment de Richard Nixon et Donald Trump… En somme, un cinéma de divertissement qui éveille les consciences…