Décryptage

Club 27 : décryptage d’une célèbre malédiction

11 mai 2021
Par Auxence
Club 27 : décryptage d’une célèbre malédiction

Le Club 27, tel est le nom donné à cet ensemble a priori hétéroclite de musiciens que rien ne relie, sinon l’âge de leur mort prématurée : 27 ans. Suicide, mort accidentelle, défaillance corporelle, voire assassinat, autant de raisons mystérieuses et parfois suspicieuses qui alimentent le mythe. 27 ans, nouvel âge de sacrifice quasi-christique ?

Une série de disparitions à l’origine de ce phénomène culturel

À l’origine, le Club 27 désigne un certain nombre de personnalités, qu’elles soient artistes ou athlètes, disparues à l’âge de 27 ans. Une étrange coïncidence qui ne fait que grossir au fil du temps, en faisant un âge maudit. Certains artistes vont jusqu’à se demander s’ils survivront à leur vie dissolue, comme un cap à passer pour échapper à une sorte de malédiction moderne. Sept artistes nous viennent principalement à l’esprit lorsque l’on évoque cette sordide affaire :

Robert Johnson (1911-1938)

Robert Johnson, guitariste hors pair, a inspiré des grands noms du blues : Muddy Watters, Led Zeppelin, Bob Dylan, Jimi Hendrix… Ce prodige de la guitarre a seulement enregistré 29 titres au total (tous disponible dans The complete collection), le temps de devenir une légende juste avant de disparaître. Si les circonstances autour de sa mort restent mystérieuses, une chose est sûre : le célèbre bluesman est le premier artiste à rejoindre le Club des 27, en mourrant à 27 ans. 

Robert Johnson visuel

Brian Jones (1942-1969)

Brian Jones, fondateur du groupe de rock The Rolling Stones, y joue principalement de la guitare, entre de multiples autres instruments. Présent des débuts jusqu’à Let It Bleed, son addiction aux drogues dures l’isolent, menant finalement à son exclusion de la formation. Retrouvé mort noyé dans sa piscine, il devient le premier grand nom à entrer au Club.

Brian-Jones-1965

Jimi Hendrix (1942-1970)

Jimi Hendrix, guitariste de génie et prince de la période psychédélique, prouve une fois de plus que les personnalités vivent tous les jours comme leur dernier : mélangeant allègrement toute drogue pouvant lui servir de tremplin pour ses expérimentations sonores (accouchant ainsi de prouesses comme Are You Experienced), sans compter l’alcool et les médicaments pour essuyer les plâtres de son comportement autodestructeur, il est inévitablement conduit à une mort bien peu enviable, une asphyxie liée aux barbituriques.

jimi-hendrix2

Janis Joplin (1943-1970)

Janis Joplin, icône du rock bluesy des sixties, est reconnaissable entre mille grâce à sa voix si particulière, aussi granuleuse que tendre. Sa courte participation au groupe de blues rock psychédélique Big Brother & The Holding Company sera suivie d’une brillante carrière solo, seulement gratifiée de deux albums. Le 4 octobre 1970, la Pearl du Texas s’éteint après une overdose, probablement d’héroïne, née d’une addiction depuis longtemps contractée.

janis joplin

Jim Morrison (1943-1971)

Jim Morrison, chanteur du groupe psychédélique The Doors, poète, sex symbol, héraut et héros de la contre-culture américaine, fait une apparition aussi rapide que remarquée dans le monde des étoiles – culminant sur le stellaire The Doors. À l’âge de 27 ans, et alors qu’il louait un appartement dans le 4e arrondissement de Paris, il est retrouvé mort dans sa baignoire. Officiellement classée comme arrêt cardiaque, la cause de sa mort est vite reliée à son addiction aux drogues dures. Il est depuis devenu l’attraction principale du Père Lachaise, dont il est résident permanent.

Jim Morrison


Kurt Cobain (1967-1994)

Kurt Cobain, chanteur et guitariste de Nirvana, marié à la non moins iconique Courtney Love, présente toutes les caractéristiques de l’éternel incompris. Le succès retentissant de Nevermind, en 1991, place le post-ado rebelle sous le feu des projecteurs et l’œil pervers des médias. La hantise de devenir tout ce qu’il rejette, malgré l’attitude je-m’en-foutiste et abrasive du fer de lance du grunge, le fait sombrer dans la dépression. En 1994, au sommet de sa gloire, profondément déçu de sa vie tant publique que privée et héroïnomane, il se suicide d’une balle de fusil.

Kurt Cobain

Amy Winehouse (1983-2011)

Enfin, et alors que la superstition du Club 27 s’était tassée, celle-ci refait surface au début des années 2010 avec le décès d’Amy Winehouse, reine incontestée de la soul et du rhythm and blues contemporains, à l’âge fatidique de 27 ans. Alors que ses deux albums acclamés, Frank (2003) et Back to Black (2006), relancent l’intérêt du public international pour des genres musicaux surannés, sa vie personnelle tumultueuse la contraint à des va-et-vient infernaux entre addiction à la drogue, alcoolisme et tentatives désespérées de réhabilitation ; c’est finalement le premier qui a raison de la jeune prodige en 2011, retrouvée inanimée dans sa maison de Camden, Londres, à la suite d’un excès d’alcool.

 Amy Winehouse

Rationaliser ou mystifier davantage le phénomène du Club 27 ?

Pour briser un peu le mythe, par esprit cartésien, précisons juste que les études scientifiques les plus récentes ont démontré que le seul fait d’être jeune conduisait à des comportements à risque. Pas plus de chance de mourir à 27 ans qu’à 22 ou 33 ! Eh oui, c’est l’arbre qui cache la forêt…

Pourtant, il est vrai qu’il est tentant de voir dans cette série de disparitions un signe du destin, une allégorie de l’artiste damné qui vend son âme au Diable contre un succès immortel. On ne vous a cité, faute de place, que les têtes d’affiche de ce club non officiel, alors qu’en fait… au moins 72 personnalités de la musique y seraient éligibles, allant de compositeurs de classique du XIXe siècle à des rappeurs actuels !

Visuels d’illustration : Eden, Janine and Jim sur Flickr

Article rédigé par
Auxence
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