C’est l’un des pionniers du rock’n’roll qui nous a quittés ce samedi 9 mai 2020. Artiste à la personnalité rebelle et clinquante, le pianiste, chanteur et comédien Little Richard, a marqué le monde de la musique d’une empreinte indélébile, saveur Tutti Frutti.
De Tutti Frutti à Lucille
Richard Wayne Penniman, alias Little Richard, aurait pu connaître un destin sans gloire, s’il n’avait été bercé par la musique. Issu d’une famille nombreuse versée dans la religion, rejeté pour son homosexualité, c’est le gospel tout d’abord qui le sauve. Remarqué par un producteur de musique chez RCA, il enregistre au début des années 1950 plusieurs singles en tant que compositeur et interprète, dans un style inédit alors. Pour ces prémices du rock’n’roll, le succès est encore timide. Sa vie bascule en 1955, tandis qu’il vient de signer chez Specialty, une maison de disques à taille humaine. Il entonne la chanson qui va tout changer : Tutti Frutti. On y voit, à juste titre, un énorme potentiel commercial. De fait, c’est un succès, international… encore de nos jours. Le tube fut repris notamment par Elvis Presley, les Beatles ou encore Johnny Hallyday. La carrière de Little Richard est lancée et se poursuit avec la chanson Lucille, en 1957.
Little Richard, entre rock et gospel
Ce qui étonne tout d’abord, c’est sa voix. Il semble hurler ses paroles comme une rage de vivre qui a besoin de s’exprimer. Pianiste hors pair, Little Richard se libère de son passé en portant fine moustache, cheveux hirsutes, tenues flamboyantes et provocatrices ; il enchaîne les tubes et les albums à succès mégalomaniaques, tels Here’s Little Richard, The Fabulous Little Richard, King of the Gospel Singers, The Wild and Frantic Little Richard… Il change régulièrement de style musical, alternant rock et gospel (avec Quincy Jones), chante sur scène avec les Beatles, les Rolling Stones ou Jerry Lee Lewis, se fait accompagner par le futur Jimi Hendrix et poursuit sa discographie au rythme d’un, voire plusieurs albums par an, surtout dans les années 1970 (The Second Coming, You Can’t Keep a Good Man Down, Talkin’ ‘Bout Soul…). Sa productivité se calme avec les années (album Shake It All About en 1992, l’anthologie Shag on Down by the Union Hall en 1996…). Il reçoit en 1993 un Grammy Award qui récompense l’ensemble de sa carrière, chante en 2006 aux côtés d’Eddy Mitchell pour l’album Jambalaya, avant de disparaître peu à peu de la scène musicale.
Un acteur improvisé
Personnalité atypique et excessive, charisme exacerbé, c’est tout naturellement que cinéma et télévision lui font les yeux doux. Et quand il n’est pas sur scène, il est donc sur les plateaux. Pour des caméos en tant que lui-même (comme dans Last Action Hero, Mystery, Alaska ou dans les séries Columbo ou Les Simpson) et en second rôle. On le retrouve ainsi dans Le Clochard de Beverly Hills, Deux Flics à Miami, Alerte à Malibu ou The Pickle. Il y est, comme sur scène, à chaque fois étonnant, imprévisible et inoubliable. L’apanage des grands.
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