Créé par Hergé en 1929, Tintin fête cette année neuf décennies d’une popularité jamais démentie. Emblème de la bande dessinée franco-belge et de l’école dite de « la ligne claire », ce reporter a combattu le crime (politique ou crapuleux) tout autour du monde. Nous avons condensé son mémorable parcours en dix grandes dates.
1929 : Le journal belge Le XXe siècle manquait d’un supplément jeunesse.
Un constat qui poussa son directeur, l’abbé Wallez, à créer Le Petit Vingtième, et à en confier la rédaction en chef à un certain George Rémi, dit Hergé, alors âgé de 21 ans. Lassé de dessiner les scénarios des autres, il accueillit avec enthousiasme la proposition de l’ecclésiastique : inventer un héros qui serait lui-même reporter au Petit Vingtième, et à qui il arriverait de nombreuses péripéties au cours de ses voyages. Poursuivant le style graphique de personnage qu’il a utilisé dans Totor C.P. des hannetons, avec son boy-scout de personnage principal, Hergé crée Tintin, à qui il adjoint un fox-terrier du nom de Milou. Pour sa première aventure, ce jeune reporter est envoyé en URSS, dans un récit qui deviendra Tintin au pays des Soviets. En quelques années, son succès va croissant, tout en s’adoucissant : le ton très conservateur de cette première aventure puis de Tintin au Congo et Tintin en Amérique disparaît au profit d’intrigues plus humanistes telles Les Cigares du pharaon (où apparaissent pour la première fois X-33 et X-33 bis, soit les policier Dupond et Dupont, et l’ennemi juré de Tintin, Rastapopoulos), et Le Lotus Bleu, hymne à la tolérance et critique assumée de l’impérialisme japonais d’alors.
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1938 : Dans Le Sceptre d’Ottokar, les lecteurs découvrent le « Rossignol milanais », Bianca Castafiore, qui sera le seul personnage féminin d’importance dans toute la saga. C’est aussi dans cet album que sont présentés les états fictifs de Syldavie et de Bordurie, qui permettent à Hergé de parler (sous couvert de métaphore) des problèmes politiques qui secouent l’Europe. Les deux états seront également en vedette lorsque Tintin marchera sur la Lune en 1955.
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1940 : Tintin émigre, suite à l’occupation de la Belgique par les allemands. Il passe du Petit XXe au journal Le Soir. C’est dans ce titre que sont publiés les planches du Crabe aux pinces d’or, récit maritime et aérien (le dessin de véhicules et de navires sont la grande spécialité d’Hergé), où le Capitaine Haddock devient le meilleur ami du jeune reporter à houppette. Incarnant les vices de son temps (il est à la fois alcoolique, bagarreur et injurieux), tout en étant doté d’une grande générosité, ce personnage tempère l’innocence et l’absence de scepticisme de Tintin au cours des aventures suivantes.
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1943 : Alors qu’ils sont à la recherche du Trésor de Rackham le rouge, Tintin, Milou et Haddock croisent le chemin de Tryphon Tournesol, un savant génial et un peu dur d’oreille, qui, avec les Dupondt, permet à la série de s’alléger le temps de quelques gags souvent teintés de surréalisme. C’est à la fin de cet album que les héros s’installent dans le Château de Moulinsart.
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1946 : Au sortir de la guerre, et avec le concours de l’éditeur Raymond Leblanc, Hergé lance le magazine Tintin, qui deviendra l’une des plus importantes publications de bande dessinée du siècle (avec pour principaux concurrents Pilote et Spirou magazine). Outre les aventures de Tintin et Milou (qui y sont prépubliées pour la première fois exclusivement en couleur), ce mensuel accueillera de très grand héros de la BD, dont Ric Hochet, Michel Vaillant, Blake & Mortimer, Alix, Lefranc et tant d’autres, et fédérera les grands artisans du style graphique « ligne claire » (qui se définit par des contours de dessins tracé au trait noir, et l’absence d’effet d’aplat ou de dégradé).
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1947 : Le temps d’une adaptation (assez peu diffusée) du Crabes au pince d’or, Tintin devient pour la première fois un héros de cinéma. Cet essai faisant usage de marionnettes sera suivi de films en prise de vue réelle (Tintin et les oranges bleues, Tintin et Le Mystère de la toison d’or), en dessin animé (Le Lac aux requins), en série animée (Les Aventures de Tintin), et en images de synthèse (Les Aventures de Tintin : le Secret de la Licorne), réalisé par Steven Spielberg.
1950 : Le travail colossal réalisé sur chaque album implique la création des Studios Hergés. Edgar P. Jacobs, Jacques Martin et Bob de Moor vont dès lors grandement assister le maître dans la réalisation des décors et la supervision des nombreux produits dérivés.
1976 : Sortie du dernier tome de Tintin réalisé du vivant d’Hergé, Tintin et les Picaros. C’est une période où l’auteur déconstruit progressivement son mythe : après avoir dépeint les héros de façon décalée dans Les Bijoux de la Castafiore, ridiculisé les méchants dans Vol 714 pour Sidney, le maître dote Tintin d’un jean et lui fait faire du yoga, dans cet ultime chef-d’œuvre.
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1983 : Hergé décède, laissant inachevé son vingt-quatrième scénario, Tintin et l’Alph-Art, qui voyait le reporter affronter un gourou plus ou moins faussaire, sur fond d’art contemporain.
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2009 : Ouverture à Louvain-la-Neuve du Musée Hergé, consacré notamment au personnage de Tintin et à d’autres création d’Hergé, dont Quick et Flupke et Jo, Zette et Jocko.