Décryptage

Il y a 10 ans sortait… Gran Torino

11 février 2019
Par Héloïse R.
Il y a 10 ans sortait... Gran Torino

Il y a 10 ans, l’équipe de France masculine de handball était sacrée championne du monde et l’on fêtait le 200e anniversaire de la naissance d’Abraham Lincoln ! Mais surtout, il y a dix ans, à la Fnac, on était déjà accro au cinéma. Alors, chaque mois, on vous propose de remonter le temps pour vous parler d’un film emblématique sorti en 2009… Au mois près s’il vous plaît ! Et en février, Gran Torino est à l’honneur.

Come-back attendu

Gran Torino signe le retour de Clint Eastwood devant la caméra, puisque qu’on ne l’avait pas vu depuis Million Dollar Baby, soit quatre ans plus tôt. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que son come-back n’est pas passé inaperçu. À sa sortie le 25 février 2009, Gran Torino séduit aussi bien la critique que le public, et remporte notamment le César du Meilleur film étranger. Si le film plaît autant, c’est qu’il parle à toutes les générations et toutes les communautés. Une dizaine d’années plus tard, il n’a pas pris une ride ! Comme un symbole, 10 ans après (alors que beaucoup pensait que Gran Torino serait son dernier film à l’époque), Clint Eastwood nous prouve qu’il est toujours au sommet de son art en réalisant et en interprétant le premier rôle dans son dernier film La Mule. Il renoue avec le scénariste Nick Schenk qui a aussi signé le scénario de Gran Torino. La boucle est bouclée !

Gran torino

Portrait peu flatteur 

Gran Torino nous dresse le portrait de Walt, vétéran de la Guerre de Corée, veuf grincheux et raciste, obligé, suite à l’arrivée massive dans son quartier d’une communauté asiatique, de cohabiter avec des gens qu’il déteste et ne comprend pas. Parfaite représentation de l’américain patriote qui voit les traditions se perdre et l’âge d’or de l’Amérique s’éloigner. Que lui reste-t-il des glorieuses années de sa patrie ? Sa Gran Torino qui, tout comme lui, s’apparente désormais au seul souvenir d’un autre temps et fait presque tâche au milieu d’un quartier qui a bien changé. Rebuté par sa propre famille dont le mode de vie et les manières lui échappent, Walt n’a rien du gentil retraité. Pourtant, le destin va pousser celui qui déclare n’avoir rien à confesser et rien à dire, à s’impliquer dans la vie de ses voisins et à combattre l’injustice et la violence.

Peace and Love

« Le raciste est un homme qui se trompe de colère », parfaite illustration de cette citation (qui n’est pas de Clint Eastwood mais de l’Abbé Pierre), Gran Torino nous donne finalement une belle leçon de tolérance et d’acceptation de l’autre. Walt a beau faire preuve d’une imagination débordante en matière d’insultes racistes (« Face de citron », « Tête de zip »…), il finit par s’attacher à ses jeunes voisins Hmong, Thao et Sue, et à se sentir plus proche d’eux que de sa propre famille. À tel point que, lorsqu’un gang s’en prend à eux, Walt n’hésite pas à dégainer le fusil. On pourrait presque voir en Thao, l’héritier spirituel qu’il manquait au vieil homme [Spoil Alert] (théorie qui se confirme à la fin du film). Clint Eastwood passe finalement assez aisément de raciste invétéré à martyre tandis que sa Gran Torino, déjà un symbole fort du film, on l’aura compris, continue sa route et devient l’emblème du cosmopolitisme et de l’ouverture d’esprit.

Gran torino



#NOFILTER

La force de Gran Torino, c’est surtout son réalisme. Il faut dire que les moyens ont été mis pour arriver à ce résultat. Les Hmong que l’on voit dans le film ne sont pas de simples acteurs (la plupart ne sont même pas acteurs du tout), mais de vraies personnes appartenant à cette communauté. Le scénariste Nick Schenk livre pour ce film son premier scénario, pour lequel il s’est inspiré de ses années de travail en usine aux côtés d’ouvriers Hmong.

Autre particularité de ce film : la musique. Alors que les films américains nous ont habitués à un enchaînement de mélodies bien choisies, Clint Eastwood déroge à la règle en utilisant seulement 15 minutes de musique sur 1h55 de film. Loin d’être frustrant, ce silence magnifie les dialogues et amplifie les grognements de Walt.

Gran torino

#HATERSGONNAHATE

Clint Eastwood a beau être un très bon acteur et un réalisateur qui marque sans nul doute l’histoire à chaque sortie de ses films, il a longtemps eu l’image peu avantageuse de l’américain puritain et patriote. Ce long métrage est justement un pied de nez à tous ses détracteurs car, en endossant le rôle d’un xénophobe assumé qui, au nom de l’injustice, va jusqu’à se sacrifier, Clint Eastwood prouve qu’il n’accorde que peu de crédit à ces rumeurs.

Il faut bien l’admettre, les premières minutes de Gran Torino peuvent laisser perplexe : le jeu de Clint Eastwood se limite à quelques grognements et insultes qui ne le rendent en rien sympathique et le scénario semble cousu de fil blanc. Mais peu à peu, les relations entre les personnages deviennent plus profondes et intéressantes, quelques scènes nous font même sourire, le dénouement est surprenant et on finit par s’attacher à cet homme, finalement bien seul. Alors, dix ans après sa sortie, Gran Torino est à voir ou à revoir !

Photos : © Warner Bros. France

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Article rédigé par
Héloïse R.
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