Critique

Aspirine de Joann Sfar : mal de tête

11 juin 2018
Par Melanie C.
Aspirine de Joann Sfar : mal de tête
©dr

Joann Sfar retourne à ses amours fantastiques avec une nouvelle histoire dont il a le secret, Aspirine. Ou les pensées métaphysiques d’une jeune vampire belle et rebelle qui ne veut qu’une chose : mourir, enfin. Un premier tome drôle, émouvant et… mordant !

Entretiens avec une vampire


D’un côté Yidgor, un jeune étudiant en philosophie au physique disgracieux qui n’a que deux passions dans la vie : les jeux de rôles et aspirer à une existence magique, hors du commun. Sans succès. De l’autre, Aspirine, une jeune vampire qui a 17 ans depuis trois siècles et qui s’ennuie ferme dans un Paris grisâtre et désincarné. La chevelure rousse, la rage vissée au corps, elle dévore les humains en une soif insatiable, jure comme un charretier et cherche par tous les moyens à en finir avec cette immortalité qui lui pèse. Tout le contraire de sa sœur Josacine qui préfère prendre son « mâle » en patience en collectionnant les histoires sans lendemain. Évidemment, Yidgor et Aspirine, ces deux âmes en peine, vont finir par se rencontrer. Et si Yidgor prend Aspirine en affection, voyant en elle son salut hors du commun tant espéré, celle-ci va l’utiliser comme un serviteur tout acquis à sa cause…

Aspirine-joan-sfar

Une dent contre l’humanité


Si vous avez toujours rêvé de savoir à quoi pense un(e) vampire, Aspirine est pour vous. Car Joann Sfar n’a pas son pareil pour se glisser dans la psyché de son éternelle héroïne. Elle commente tous ses faits et gestes et toutes ses émotions, sans pudeur, avec un langage à ne pas mettre devant tous les yeux. Un procédé qui trouve un écho avec les pensées secrètes du solitaire Yidgor. Tous deux aspirent à une autre existence. Pour lui, une magie qui n’existe que dans ses jeux de rôles, pour elle, la finitude qui se refuse à elle. Entre deux scènes gore (Aspirine dévore à tout-va), Joann Sfar observe son héroïne à laquelle on finit par s’attacher. Elle est une lointaine parente de ses Petit et Grand Vampire (elle est d’ailleurs déjà apparue dans ce dernier, ainsi que dans L’Homme-arbre) et elle va finir par rencontrer un Joseph Bell (oui, le fameux Professeur Bell) qui semble tout aussi immortel qu’elle. Une manière pour Sfar de relier ses œuvres les unes aux autres – et même le Chat du rabbin, par son dessin inimitable, mais aussi son talent pour mêler métaphysique, philosophie et fiction. En résulte cette nouvelle saga effervescente, dont on attend la suite toutes dents dehors…

Parution le 6 juin 2018 – 140 pages

Aspirine – tome 1, Joan Sfar (Rue de Sèvres) sur Fnac.com

Aller + loin : Petit Vampire, le serment des pirates : l’origine de l’espèce

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