Avec ses 10 saisons, et bientôt la 11e diffusée cet automne, American Horror Story conserve son statut de série d’anthologie et d’horreur par excellence, atypique et dérangeante. Retour sur les raisons de son succès.
American Horror Story, l’horreur en série
Aprés Glee et Nip/Tuck, Ryan Murphy nous transporte dans un univers bien étrange et fascinant qu’est l’American Horror Story, avec un concept tout aussi effrayant que nouveau, les saisons ne se suivent pas mais se ressemblent de par leur parti pris unique, l’horrifique psychologique au cœur même de l’intrigue, le tout enveloppé d’une couche d’esthétisme fou, aussi travaillé que le propos même de la série. Les acteurs en revanche, reviennent pour la plupart, de saisons en saisons, dans des rôles bien différents et alternent à tour de saisons, premier et second rôle. Au début, cela semble assez confus, puis l’on s’y fait très rapidement. Autant dire qu’étant fan de films d’horreur, j’attendais cette série avec impatience, qui s’est hissée sans difficulté dans mon top 5, de mes séries les plus intriguantes. Malgré 2 saisons un peu en dessous (3 et 4), le brillant concept reste intact et tout aussi attrayant d’une saison à l’autre.
Un film d’horreur version longue…
De quoi prolonger l’angoisse pendant des heures ! Déjà à l’époque, des séries comme Alfred Hitchcock Présente (1955), La Quatrième dimension (1959), ou Les Contes de la crypte (1989), se prêtaient au jeu de l’épisode unique, ce qui a largement inspiré d’autres séries récentes comme Black Mirror (2011), True Detective (2014), American Crime Story (2016)… De quoi boucler une saison en moins de 15 épisodes et se faire une idée sur les autres à venir plutôt que de se forcer à continuer une série qui ne nous plaît pas forcément. L’originalité et l’intelligence de cette série veut que chaque saison soit conceptuelle et bien distinctes des autres, pour ne pas perdre un public qui devient de plus en plus exigeant. L’idée étant aussi de diversifier les sujets et le moins que l’on puisse dire est qu’il y a matière à exploiter. Si les films d’horreur commencent à tourner en rond, American Horror Story, continue de surprendre encore et encore. À chaque saison, un thème bien précis, et à chaque angoisse une réponse. Des saisons qui s’inspirent d’ailleurs de tueurs en série, ou de crimes ayant réellement eu lieu rendant l’intrigue encore plus réelle et donc plus terrifiante.
Une atmosphère bien glauque et dérangeante
Si l’on regarde attentivement chaque épisode, on retrouve au détour d’un cadavre, d’un couloir hanté, d’une trace de sang… un élément d’une des saisons précédentes qui devient alors le fil conducteur de cette série et qui nous mènera en toute logique à une saison finale très aboutie et espérons-le, au sommet de l’horreur. Il est évident que l’écriture du scénario y est pour beaucoup mais le casting choisi, vraiment unique apporte une grande valeur ajoutée aux intrigues. Des grands comme Jessica Lange (Les Nerfs à vif), Kathy Bates (Misery), Angela Bassett (Strange days) et même Lady Gaga font de multiples apparitions, d’autres un peu moins connus comme Evan peters (X-Men days of future past), Sarah Paulson (American Crime Story),et Emma Roberts (Scream 4) sont tout aussi convaincant de saison en saison.
Retour sur les 10 saisons d’American Horror Story
Saison 1, Murder House
À l’angle de Ocean avenue et Elm street, de nouveaux propriétaires tentent de se reconstruire après un terrible drame mais des voisins mal intentionnés vont en décider autrement. Dans Murder House, retrouvez la famille Harmon en proie à des visions d’horreur dans cette saison loin des clichés de la maison hantée. Une saison envoûtante qui pose les bases de le l’American Horror Story. Alors ne ratez pas la visite guidée de cette maison des horreurs qui a bien des secrets à dévoiler.
Saison 2, Asylum
Dans Asylum, on est catapulté sous les jupons de sister Jude, directrice de l’asile de Briarcliff, dans les années 60, ou rode à défaut de fantômes, de sérieux criminels. Mais les plus dangereux sont rarement ceux que l’on croit. Une institution phare et réputée de l’époque, comme une réponse à tous les maux. Mais hôpital oblige, l’ange de la mort qui rôde non loin de là, sera prêt à tout pour garder le terrifiant secret habilement gardé entre les mains de Soeur Sourire.
Saison 3, Coven
Les Sorcières de Salem, ont survécu, et se retrouvent même à vivre sous le même toit, dans une école spécialisée ou la plus expérimentée des sorcières dites la grande Suprême, leur inculque leçons de bien-être et de savoir-vivre parmi les humains. Mais avant de jeter des sorts et de montrer leur grandeur au monde entier, elles vont devoir réécrire l’histoire de leur ancêtre, un retour en images sur des années de maltraitance, d’esclavagisme, de sorcellerie dans Coven… Une saison qui ne manque pas de magie mais qui souffre d’une mise en scène qui cherche à trop en faire. La caméra qui tourne dans tous les sens, aurait besoin d’un bon tour de passe-passe pour enfin se fixer sur l’essentiel.
Saison 4, Freak Show
Si depuis Ça, les clowns vous font flipper je vous suggère de passer votre chemin, si en revanche, les cirques et leur créatures atypiques comme la femme à barbe, celle à deux têtes vous fascinent alors ce Freak Show est pour vous. Au coeur de toutes ces personnalités monstrueuses se cachent de délicieuses personnes, unies par les liens de l’étrange. Une communauté souvent incomprise, et solitaire, exclue du monde mais c’est sans compter sur le vilain méchant petit adulte gâté qui s’ennuie à mourir et qui n’a rien trouvé de mieux que de jouer un peu avec son harem de freaks. Une saison crescendo, qui monte, qui monte comme une poussée d’adrénaline, jusqu’au moment final ou la folie l’emporte sur la raison et que le freak devient un show.
Saison 5, Hotel
Une enquête sur un tueur un série conduit l’inspecteur en charge, à nous ouvrir les portes de cet Hotel ou clients loufoques, drogués, assoiffés de sang ou juste monstrueux, défilent tour à tour dans cet écrin Art déco qui a de toute évidence, de lourds cadavres cachés dans les chambres. Un check in qui surpasse Asylum qui déjà était énorme mais cet hôtel, hommage évident à The shining, nous plonge au cœur même du macabre. Toujours autant politiquement incorrect, dérangeant, érotique, sombre et ultra malsain, cette saison atteint le degré de violence le plus élevé de la série, le tout dans une ambiance bien crade et sanglante. Mention spéciale à Evan Peters qui livre sa meilleure performance de la série en interprétant James Patrick March, fondateur de l’hôtel, complètement cinglé mais absolument génial. Le bijou de cette saison et pour la première fois dans un premier rôle de choix, est Lady Gaga qui n’a rien perdu de son statut de Mother Monster, bien au contraire ! elle reste terrifiante et troublante à la fois pour notre plus grand plaisir.
Saison 6, Roanoke
Une saison qui prend un nouveau tournant dans sa réalisation, entre faux documentaire, reconstitutions du massacre et interviews des participants d’une télé réalité. On ne sait plus qui croire, quelle version des faits, celle que nous racontent les faux acteurs jouant les vrais ou celle des vrais participants imitant déjà les candidats d’antan. Les esprits s’échauffent et le trouble est alors semé dans ce jeu de casse-tête mental. Une nouvelle façon de jouer et c’est là tout l’enjeu de cette saison qui consiste à comprendre ce qu’il s’est réellement passé dans cette maison d’une autre époque où la colonie des Roanoke semait jadis le chaos et faisait régner la mort. Les acteurs jouent double rôle et nous embarquent aussi dans leur épisode quotidien de reality show. Pour une fois, il n’y a pas de premier ni de second rôle comme dans les autres saisons. Tous au même niveau, au même titre que le spectateur qui devient lui aussi candidat de cette émission. Une saison surprenante et intrigante, qui va au bout de son concept avec un final qui reprend sa véritable place dans le milieu horrifique.
Saison 7, Cult
On est plongé dans les prémices de l’élection présidentielle opposant Trump et Clinton. Et Cult ne passe pas par quatre chemins pour s’exprimer sur ce sujet, en dénonçant ouvertement l’absurdité d’un président comme Trump à la tête d’une des plus grandes puissances mondiales. Si l’on pensait s’être débarrassé de notre coulrophobie du freak show de la saison 4, ce n’est rien comparé à la peur de cette bande de clowns qui meurt d’envie de tuer des gens afin de prouver que l’armement est la meilleure des défenses. Dans un climat de peur, d’insécurité et à travers toute une métaphore de la secte et de ses disciples violents à souhait. La saison 7, se veut plus thriller qu’horrifique et offre à Sarah Paulson, un premier rôle formidablement intense, qui laisse libre court à la paranoïa et des phobies non-stop, de quoi rendre n’importe qui complètement cinglé dans ce monde de fous. La manipulation des gens et des médias fait faire de sordides choses, et AHS, est prêt à tout pour le prouver dans cette sixième saison déjà culte qui renouvelle encore une fois l’essence de cette série. Make American Horror Story great again.
Saison 8, Apocalypse
Comme à son habitude, les acteurs des sept saisons précédentes reprennent de nouveaux rôles pour le moins explosifs. Mais histoire de nous compliquer la tâche pour dissocier chaque acteur de son personnage, Ryan Murphy s’est amusé à créer un cross-over entre la saison 1, Murder house, et la saison 3, Coven. Des rôles que reprennent entre autres, Sarah Paulson, Evan Peters, Emma roberts et Kathy Bates, en plus d’un nouveau rôle prédominant de cette saison Apocalypse. On a pu voir au fil des saisons certains éléments appartenant à d’autres, comme un fil conducteur. On aurait pu imaginer un cross-over entre toutes mais j’imagine que la lisibilité et la complexité narrative auraient été plus délicates à porter à l’écran. Nous voilà donc survivants après une apocalypse nucléaire. Une suite assez logique de Cult, où la croyance et la foi sont de nouveau à l’honneur. Quand l’homme a détruit et a été détruit, il ne reste que la conviction. C’est là que l’apocalypse apparait même après l’apocalypse, dans une satire de la société bien propre aux créateurs de la série. Même après la fin du monde, l’équité n’est toujours pas respectée, les riches, les beaux ont été sauvés, mais pour combien de temps ? Les sorcières et la famille Hamon ne sont pas loin. Et bunker ou pas, leur vengeance sera terrible mais encore faut-il être autorisé à sortir de cet abri, qui renferme finalement plus de démons que d’anges.
Saison 9, 1984
Oubliez tout ce que vous savez des huit premières saisons. Avec 1984, Ryan Murphy s’est fait plaisir en nous plongeant dans un slasher pur et dur des années 80. Une saison complètement barrée où des rebondissements incalculables vont se glisser parmi les différents tueurs en série présents au Camp Wood. Filmé à la manière des années 80, on y retrouve tout ce que l’on aime, une superbe bande son, de jeunes filles en justaucorps, des hommes en marcel, moustaches et petits shorts, sans oublier l’incontournable k-way. Si les deux premiers épisodes paraissent incohérents, c’est pour laisser le tout se mettre en place et accrocher à tout cela. Un bon délire qui se moquent de films d’horreur, Avec des répliques connues des incontournables du slasher. Cette saison très à part, nous amuse autant que les protagonistes. Bains de sang, tueurs, victimes increvables. A chaque épisode un cliffhanger de folie qui nous oblige à regarder la suite. C’est bien dosé, c’est drôle, en bref, ça fait du bien ! La prochaine saison devrait reprendre la direction précédente, avec le retour des acteurs phares qui ont fait la renommée d’American Horror Story. L’histoire devrait se dérouler dans un petit village en bord de mer, où des événements surnaturels prendront place.
Saison 10, Double feature
Impactée dans son tournage par les obstacles de la crise sanitaire, cette saison 10 est séparée en deux parties, la première intitulée Red tide (marée rouge) sur 6 épisodes et la deuxième intitulée Death Valley (Vallée de la mort) sur 4 épisodes. Si sur le papier elles n’ont l’air de ne rien avoir en commun, elles se rejoignent pourtant sur le fond, du pouvoir, de la manipulation et du progrès. On commence donc avec Red tide, qui pointe du doigt ou des dents, le talent des scénaristes (entre autres), d’Hollywood. Des génies pré-fabriqués, assoiffés de pouvoir et de sang, mais formatés grâce à de petites pilules à succès. Une première partie qui reprend le mythe du vampire déjà exploré dans la saison 5 Hôtel, mais qui cette fois diffère par sa marée rouge de sang des victimes tuées en contrepartie du succès. Tout se paye et tout se mérite pour Ryan Murphy qui une fois encore monte crescendo. Et c’est sur cette note très positive, d’une saison qui va droit au but que l’on enchaine avec la deuxième partie. Complétement différente, sur une invasion extra-terrestre sous la présidence d’Eisenhower puis Kennedy, et qui nous apprend qu’en fait, les martiens sont là depuis bien longtemps… 4 épisodes qui refont l’histoire du pays. Ryan Murphy va au bout de son concept, jusqu’à prétendre l’impensable et aller à contre-courant de toute déontologie politique. Avec une pièce maitresse dans les deux parties, l’actrice Angelica Ross qui joue l’alchimiste à l’origine du succès dans la partie 1 et celle du nouveau monde dans la seconde. Une saison sans conteste, déconcertante.
Je vous laisse avec mon propre classement : Hote (5), Asylum (2), Cult (7), 1984 (9), Murder House (1), Double feature (10), Roanoke (6), Freak Show (4), Apocalypse (8), Coven (3).