Critique

Coquelicots d’Irak : souvenirs, souvenirs

19 décembre 2016
Par Melanie C.
Coquelicots d'Irak : souvenirs, souvenirs

Dans Coquelicots d’Irak, Brigitte Findakly raconte sa jeunesse irakienne, avant de rejoindre la France pour échapper à la dictature. Un témoignage drôle et triste du choc des cultures.

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Raconter l’Irak

La première page des Coquelicots d’Irak donne le ton : les dessins enfantins et colorés montrent Brigitte jouant au ballon sur le site archéologique de Nimrod, pendant que son père la prend en photo. « Si mon père avait soupçonné qu’un jour ces lions ailés allaient être détruits, il aurait sans doute cadré différemment la photo. » Brigitte Findakly, coloriste de bande dessinée à qui l’on doit les tons éclatants de Pif Gadget dans les années 1980, puis les nuances du Chat du rabbin, du Retour à la terre ou de plusieurs œuvres de son mari Lewis Trondheim (Lapinot, Mickey’s Craziest Adventures), a souvent eu envie de raconter l’Irak, qu’elle a quitté à l’âge de 14 ans, en 1973. Mais ce qui l’a décidée à franchir le pas, c’est d’abord l’entrée de Daesh à Mossoul en 2014, et le besoin impérieux de raconter son pays avant l’État islamique. Ensuite, c’est la proposition de Lewis de l’illustrer : au premier essai, simple et limpide, Brigitte est convaincue.

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Ici, ailleurs

À quatre mains, les auteurs-époux racontent donc la jeunesse insouciante, le travail de dentiste dans l’armée du père, la vie d’épouse d’une mère française expatriée, et les nombreuses « coutumes » auxquelles sa mère ne se fera jamais tout à fait : porter de l’or dans la rue, médire sur ses voisins, proposer encore et encore des parts de gâteau, prendre l’habitude d’avoir ses conversations téléphoniques espionnées par le gouvernement… Puis bien sûr, la rapide dégradation du régime politique dès les années 1960, jusqu’à l’élection de Saddam Hussein en 1979. Entre-temps, Brigitte et sa famille émigrent en France, pays qui leur offre l’asile sans leur offrir d’aide : le diplôme de dentiste du père n’est pas valable, la mère est confrontée à une administration qui ne reconnaît pas son identité française…

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Terre d’adoption

Longtemps, Brigitte ne se sent pas chez elle en France. Jusqu’à son retour en vacances chez ses cousines à Mossoul, où elle se rend compte que les lois se sont durcies, qu’il est interdit de dire du mal du président Hussein ou même de donner son avis, que les mariages forcés sont toujours légion, que les femmes ont peu de droits sauf celui de regarder leurs maris rendre visite aux prostituées. Dans Coquelicots d’Irak, Brigitte Findakly dit à la fois la tendresse qui la lie à sa terre de naissance, la tristesse de voir son pays aux mains de fanatiques, et offre un magnifique plaidoyer pour les populations du Moyen-Orient, premières victimes de la barbarie et de la cruauté, auxquelles le rouge de ces Coquelicots d’Irak fait tragiquement écho.

Parution le 19 août 2016

115 pages

Coquelicots d’Irak, Lewis Trondheim & Brigitte Findakly (L’association) sur Fnac.com

Planches © Lewis Trondheim & Brigitte Findakly – L’association 2016

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Article rédigé par
Melanie C.
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