BANDE DESSINÉE – Le dessinateur Clément Oubrerie et la scénariste Julie Birmant, après quatre tomes consacrés à la vie trépidante de Pablo Picasso (Pablo), se lancent dans une nouvelle biographie de grandes figures artistiques du début du XXe siècle, celle de la danseuse Isadora Duncan.
BANDE DESSINÉE – Le dessinateur Clément Oubrerie et la scénariste Julie Birmant, après quatre tomes consacrés à la vie trépidante de Pablo Picasso (Pablo), se lancent dans une nouvelle biographie de grandes figures artistiques du début du XXe siècle.
La danseuse et le poète
La danseuse Isadora Duncan et le poète russe Sergueï Essenine formèrent un couple très médiatisé au début des années 1920, à l’instar de vedettes de l’écran tels Pola Negri et Rudolph Valentino. Elle est l’incarnation d’une révolution de la danse au début du siècle, la véritable mère de la danse moderne ; il est le poète le plus en vue dans le contexte de la jeune Révolution soviétique. Leur relation, aussi brève que houleuse, est à l’image de leurs personnalités explosives. Isadora Duncan a imposé contre vents et marées sa danse dans le monde entier, assumé sa collection d’amants, les rumeurs sur sa bisexualité, son adhésion au communisme… Son destin, tragique, est scellé par la perte de ses deux enfants dans un accident de voiture. En 1922, à 44 ans, elle se laisse tenter par l’aventure russe, suite à l’invitation du gouvernement de Lénine. Sur place, elle rencontre et épouse rapidement Sergueï Essenine, de 18 ans son cadet. Le jeune poète jouit d’un succès foudroyant, il est beau comme un dieu et brûle sa jeunesse dans l’alcool. Ensemble, ils feront le tour du monde et se quitteront au bout de deux ans, reprenant chacun le fil de leur vie tourmentée. Il se suicidera à 30 ans, elle périra dans un accident automobile en 1927, à l’âge de 50 ans.
Twist again à Moscou
L’album d’Oubrerie et de Birmant interpelle d’abord par sa légèreté. Au-delà des vies tumultueuses de ses héros, faisant les choux gras de la presse à scandale de l’époque, cette bande dessinée ne verse jamais dans le psychodrame. Au contraire, on y découvre une Isadora Duncan enthousiaste et téméraire, s’embarquant pour la Russie contre l’avis de tous. Dans ce pays de « cannibales », à l’aube d’une Révolution sans précédent, la danseuse s’éprend d’un idéal populaire où l’art et les poètes sont au contact du petit peuple (Essenine doit d’ailleurs une bonne part de sa popularité à ses origines modestes). Les relations du couple, pourtant très compliqués (alcoolisme et violence conjugale), sont avant tout traitées sous l’angle de la relation passionnelle et de la comédie. Les disputes sont plutôt cocasses et les retrouvailles toujours émouvantes…
Des héros libres et exaltés
Clément Oubrerie possède un talent fou pour traduire en image un univers de femme, comme en témoigne sa collaboration avec Marguerite Abouet sur Aya de Yopougon. Avec son trait lâché, son style à la fois précis et simple et ses mises en couleur aquarellées, son dessin est à l’image de ses héros, libre et exalté, adoptant toujours un point de vue innocent et impartial, que ce soit un regard porté sur un paysan russe, sur un paparazzi américain ou sur Lénine même. Comme dans Pablo, notre duo d’auteurs a su retranscrire, plus que l’esprit d’une époque (ici les années folles « à la russe »), des vies d’artistes hors normes. Isadora Duncan et Sergueï Essenine ne sont pas les figures historiques d’un mélodrame déchirant, mais bien les personnages d’un cartoon tragi-comique aussi tendre et décalé que sérieux et documenté.
Dessins © Clément Oubrerie-Dargaud
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Paru le 27 novembre, 152 pages
Il était une fois dans l’est – Clément Oubrerie & Julie Birmant (Dargaud) sur Fnac.com
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