Critique

La tectonique des plaques, humeurs & tremblements

31 janvier 2014
Par Mélanie
La tectonique des plaques, humeurs & tremblements
©dr

Il a fallu 3 ans d’attente entre la parution de sa dernière BD et celle-ci. Une attente qui valait le coup tant l’album est abouti. Pour moi, c’est véritablement la meilleure des trois. Ici, Margaux 32 ans, mère d’une petite fille, va voir sa vie voler en éclat après son divorce. Une rupture comme tout le monde peut en connaître, avec plusieurs phases pour essayer d’accepter la situation – « Après une séparation, quel que soit ton âge, tu as 14 ans » – mais aussi se reconstruire.

Margaux Motin a commencé sa carrière comme illustratrice dans la presse. Grâce à son blog, elle rencontre Pacco avec qui elle signera plus tard en 2011 Very Bad Twinz. Il « la traîne aux éditions Marabout qui publient ses notes de blog », des billets d’humeur dessinés ou des photos retouchées souvent avec beaucoup de poésie.

Cette héritière de Claire Bretécher (Agrippine est « son héroïne ») a su remettre les femmes à l’honneur dans la Bande Dessinée, ce qui aux vues de son indéniable succès avec J’aurais adoré être ethnologue (2009) et La théorie de la contorsion (2010), a ouvert la voie, comme Pénélope Bagieu une autre dessinatrice/scénariste venue de la blogosphère, à beaucoup d’autres jeunes auteures de BD qui ont ainsi pu être publiées et être enfin prises au sérieuxAujourd’hui, on compte seulement 10 % de femmes en Bande Dessinée…

Son trait fluide et expressif, émouvant et stylé, ses notes drôles et poétiques, sensibles et « rentre-dedans »… font d’elle une artiste complète, capable d’exprimer une palette de sentiments très divers et complexes, comme peuvent l’être les jeunes filles et les femmes d’aujourd’hui, et ce grâce à son coup de crayon désormais souvent imité, mais jamais égalé.

Contrairement à ses deux premiers tomes où elle retranscrivait ses notes de blog, dans ce dernier et tant attendu opus, La tectonique des plaques aux éditions Delcourt (collection Tapas), Margaux Motin livre une histoire originale où seules quelques planches ont été prépubliées pendant cette année et demi de travail. Notre trentenaire propose des tranches de vie racontées de manière chronologique, parfois autobiographiques, d’autres fois inspirées par des personnes qui l’entourent. En effet, même si l’héroïne s’appelle Margaux, l’auteure s’inspire beaucoup des autres et prend toujours le temps lorsque c’est du vécu de bien digérer une situation avant de la mettre en images. Un jeu de miroirs auquel l’on ne peut que se reconnaître à certains moments ou dans certaines situations données.

Il a fallu trois ans d’attente entre la parution de sa dernière BD et celle-ci. Une attente qui valait le coup tant l’album est abouti. Pour moi, c’est véritablement la meilleure des trois. Ici, Margaux 32 ans (aujourd’hui 35), mère d’une petite fille, son « chef d’oeuvre », va voir sa vie voler en éclat après son divorce. Une rupture comme tout le monde peut en connaître, avec plusieurs phases pour essayer d’accepter la situation – « Après une séparation, quel que soit ton âge, tu as 14 ans » – mais aussi se reconstruire.

Margaux Motin illustration

La tectonique de plaques© Margaux Motin/Delcourt


Cette maman semi-insouciante boit (un peu…) pour oublier, est toujours looké (j’ai beaucoup aimé le travail fait sur la colorisation et les motifs), essaye d’arrêter de fumer et fait preuve bien entendu de mauvaise foi… (Pouvoir numéro 1 !) Alors combien se sont reconnu(e)s ?  J’ai également beaucoup aimé ses photos retouchée, vraies bulle de poésie et de sérénité qui illustrent d’une manière différente ce dernier album.

Margaux Motin Photo 1Margaux Motin photo 2

La tectonique des plaques © Margaux Motin/ Delcourt


Un ouvrage également rythmé par des citations d’auteurs qui peuvent nous faire réfléchir nous aussi : « Nous devons nous y habituer : aux plus importantes croisées des chemins de notre vie, il n’y a pas de signalisations »  E. Hemingway.

C’est aussi un nouvel album qui sonne un peu comme un bilan sur les dernières années passées, qui nous interpelle, et nous fait réfléchir nous aussi sur notre vie, nos envies, nos espoirs et nos espérances, sommes-nous comblées, avons-nous atteint nos rêves ?

Toujours avec son franc-parler, Margaux va retrouver le chemin du bonheur, grâce à sa fille, mais aussi grâce à son meilleur ami qui deviendra bien plus que ça… Après un changement de vie radical (elle a quitté Paris pour le Pays Basque), elle réapprendra à vivre avec Pacco et sa fille (les histoires de couple et avec ses nouvelles copines m’ont bien fait rire). Par contre, elle ne perdra jamais son indépendance et cette nouvelle vie lui rendra toute sa confiance, une femme moderne et qui s’assume ! Allez les filles, suivez l’exemple, et messieurs accrochez-vous !

Bonne lecture !

Margaux Motin, La tectonique des plaques (Tapas – Delcourt) sur Fnac.com


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Article rédigé par
Mélanie
Mélanie
libraire spécialisée BD à Fnac Lyon Bellecour
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