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C’est quoi le Hado Sport, cette balle au prisonnier en réalité augmentée ?

06 juin 2022
Par Alexandre Manceau
Le Hado Battle est un véritable phénomène au Japon.
Le Hado Battle est un véritable phénomène au Japon. ©Alexandre Manceau/L’Éclaireur

Phénomène au Japon depuis plus de cinq ans, cette nouvelle génération de balle au prisonnier gagne du terrain en France.

C’est un sport que nous avons (presque) tous pratiqué dans les cours d’école, au moment de la récréation. Deux équipes, une ligne de délimitation au milieu du terrain et un ballon pour éliminer les joueurs adverses : la balle au prisonnier fait partie de nos madeleines de Proust. À l’heure où la technologie est toujours plus présente dans notre quotidien, cette activité revient en force avec le Hado Sport.

Casque de réalité virtuelle sur la tête et bracelet connecté au poignet : nous voici plongé sur un terrain futuriste, où les boules de feu ont remplacé celles en mousse. Ces balles enflammées rappellent le célèbre jeu vidéo Street Fighter, où le personnage principal Ryu envoie des attaques spéciales nommées Hadoken. C’est de ce monument de la pop culture qu’est né le Hado Sport et, comme un hommage, certains joueurs ne manquent de lâcher un « Hadoken » au moment du coup d’envoi. 

Une activité insolite en pleine expansion en France

Peu connu dans l’Hexagone, ce sport est un véritable phénomène au Japon. Quatre Coupes du monde ont déjà été organisées depuis 2016, et le trophée est toujours revenu à une équipe japonaise. La prochaine aura d’ailleurs lieu à l’automne prochain, du côté d’Istanbul. Mais la hype grandit petit à petit en France, et un tournoi de Hado a été organisé à Laval en juillet 2021. Cette compétition restera gravé dans l’histoire du sport, car c’était la première à offrir une récompense sonnante et trébuchante aux vainqueurs.

En France, le Hado Sport se joue dans des complexes ou des salles à louer. Créée en février 2021, la SAS Mars va d’ailleurs ouvrir sa première salle de réalité virtuelle à Coudekerque-Branche (Hauts-de-France). Trois arènes, dont une pour le Hado (qui deviendra alors la treizième arène officielle en France), sont prévues pour la fin du mois de juin.

La balle au prisonnier a bien évolué : place au Hado Battle, qui se joue en 3 vs 3.©Alexandre Manceau/L’Éclaireur

Pour mieux comprendre ce sport, L’Éclaireur a décidé de le découvrir auprès de passionnés. À cinq minutes à pied de la station de métro Gambetta, dans le 20e arrondissement de Paris, nous retrouvons Stéphane Gardelein. Le joueur a découvert ce sport « par hasard », mais il est tombé sous son charme. Notre immersion dans le monde du Hado Sport commence au troisième étage d’un grand bâtiment (qui regroupe plusieurs bureaux, dont celui du Studio 256, une célèbre plateforme d’innovation dans l’esport). Au bout du couloir, Stéphane retrouve sa femme et quatre habitués pour commencer l’entraînement.

Stratégie, précision, mouvements… Que la bataille commence !

Première mission : installer le casque de réalité virtuelle pour entrer dans l’arène dématérialisée. Sur le poignet, un bracelet connecté propose de répartir six points dans différentes catégories. Vitesse des balles, taille des cibles ennemies, vitesse de rechargement… L’objectif est de répartir intelligemment ces points en cohésion avec les partenaires. Parce que le Hado Sport, c’est avant tout un sport d’équipe, et chaque membre a un rôle bien précis.

Généralement, les parties se jouent en trois contre trois (avec un défenseur et deux attaquants). Les deux offensifs doivent tirer et faire le maximum de points, et le but du défenseur est de disposer des boucliers sur le terrain, de manière à protéger ses coéquipiers.

Avant chaque partie, les équipes se réunissent pour établir une stratégie.©Alexandre Manceau/L’Éclaireur

L’immersion est totale. À peine le coup d’envoi lancé, les boules de feu fusent, et le terrain devient un vrai champ de bataille où chacun se déplace le plus vite et le plus agilement possible. Constamment sur la pointe des pieds, les joueurs se déplacent comme des ninjas. Une manche ne dure qu’une minute et 30 secondes, mais les premiers signes d’essoufflement sont déjà là.

L’autre challenge de ce jeu, c’est la communication. Le bruit des boules de feu et celui des boucliers captent toute l’attention, et réussir à se faire entendre par ses coéquipiers est un vrai défi. Pour mieux comprendre le déroulement d’une partie, L’Éclaireur s’est prêté au jeu :

Les gestes sont simples à intégrer. Pour recharger la jauge de son bouclier, il faut maintenir le bras qui possède le bracelet le long du corps. En plaçant la main près de sa tête, on recharge les munitions de tir. Enfin, si l’on veut faire feu, il suffit de balancer des petits coups de poing. Les joueurs les plus défensifs ont quant à eux un mouvement fétiche et crucial : lever le bras pour faire apparaître des boucliers. Tous ces mouvements créent une véritable chorégraphie, et chaque geste a son importance.

Efforts, précision et camaraderie : les ingrédients gagnants du Hado Sport

Comme dans un jeu vidéo, chaque partie se termine avec un tableau des statistiques les plus marquantes. Meilleur tireur, celui qui a shooté le plus loin, ratio toucheur-touché… Tout est pris en compte. Ce soir-là, les vannes fusent aussi vite que les boules de feu, et certains se charrient ironiquement : « Devinez qui est encore numéro 1 ? ». Cette nouvelle heure de pratique se termine de la même manière qu’elle a commencé : dans la bonne humeur. Pour certains, l’objectif est clair : s’améliorer et maîtriser l’art du Hado Sport.

Maîtriser tous les arts du Hado Sport demande un peu de temps et de pratique.©Alexandre Manceau/L’Éclaireur

Mais, pour Stéphane, c’est différent. Il compte bien continuer à faire connaître ce sport 2.0. Pour ce faire, il organise des événements d’entreprise ou des sessions de découverte auprès des jeunes grâce à la Ville de Paris. Le passionné ne désespère pas d’obtenir plus de licences dans un avenir proche. Stéphane sera justement en démonstration lors de la prochaine Japan Expo, qui se tiendra au Parc des expositions Paris Nord Villepinte. L’occasion d’admirer de plus près ce sport, et de se jeter à son tour dans la bataille (virtuelle).

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Article rédigé par
Alexandre Manceau
Alexandre Manceau
Journaliste