Tous les ans, la mission cadeau se transforme en casse-tête. L’Éclaireur s’est perdu dans les rayons et a scruté chaque bibliothèque pour peaufiner LA sélection ultime de livres à offrir aux fans de pop culture à Noël.
Longtemps méprisée, la pop culture est aujourd’hui devenue un phénomène. Les séries, jeux vidéo, mangas et comics rythment notre quotidien et sont au cœur de nombreuses conversations. Pas étonnant, donc, que les maisons d’édition misent sur ces thématiques. Chaque année, des dizaines de nouveaux livres sur la pop culture viennent se glisser dans les rayons des librairies.
Encyclopédies spécialisées, secrets des œuvres les plus cultes, livres photo… Face à toutes ces propositions, le choix semble difficile. Après une étude minutieuse, la rédaction de L’Éclaireur vous propose une sélection d’œuvres pour (re)découvrir ce vaste univers d’une manière originale et décalée.
1 Orgueil & Potins, pour comprendre les inspirations des Bridgerton
C’est l’une des séries les plus populaires sur Netflix, et c’est la seule à avoir propulsé ses trois saisons dans le top 10 all time de la plateforme. L’adaptation des romans de Julia Quinn a rencontré un large succès dès son lancement, et pour cause. L’intrigue est bien ficelée, les décors et costumes sont sublimes, et le voyage dans le temps est réussi. Si La Chronique des Bridgerton se déroule dans une version romancée de la Régence anglaise, les créateurs du show se sont inspirés d’une époque et de mœurs bien réelles. C’est en tout cas ce que nous affirme Orgueil & Potins, un ouvrage qui nous conte « la véritable histoire qui a inspiré Bridgerton ».
Très documenté, ce dernier se divise en plusieurs chapitres : la classe sociale et la haute société, la mode, les moyens de transport, les événements mondains, les médias, la santé et l’hygiène, mais aussi les amours et le mariage. En prélude, la chronologie de la Régence nous permet de mieux comprendre le contexte historique du livre et de la série.
On apprend aussi que le Town and Country Magazine était l’équivalent de Lady Whistledown et diffusait des potins, que le prince régent, surnommé Prinny, suscitait « volontiers le scandale », et que la garde-robe de la reine Charlotte était exceptionnelle.
Avec son ton léger et son écriture fluide, Orgueil & Potins est une véritable mine d’informations sur la haute société. Le livre analyse les gentlemen et les ladies de l’époque, les discriminations et le racisme durant la Régence, les (maigres) possibilités d’ascension sociale, les dressings et les morning routine des hommes et des femmes, la Saison, la gestion des règles, la grossesse, l’accouchement, les relations amoureuses, les mariages (heureux et malheureux), ou encore la sexualité.
Ultracomplet et détaillé, cet ouvrage répond à toutes les questions qu’on s’est toujours posées en bingeant la série ou en dévorant les livres. C’est donc le cadeau parfait à offrir aux fans des Bridgerton, mais aussi aux férus d’histoire qui s’interrogent sur cette période fascinante.
2 Le Guide du Tokusatsu, ou l’art méconnu des effets spéciaux japonais
À moins d’être un fervent admirateur de la culture japonaise contemporaine, il est peu probable que vous connaissiez le terme tokusatsu (特撮). Contraction de « tokushu satsuei » (effets spéciaux), ce mot renvoie à un genre audiovisuel emblématique de l’Archipel nippon. De Godzilla aux Super Sentai, ces productions ont marqué des générations grâce à leurs effets visuels particulièrement distinctifs, souvent réalisés avec des maquettes, des costumes et des explosions miniatures.
Dans Le Guide du Tokusatsu, Marvin Ringard et Romain Taszek nous offrent une plongée dans cet univers visuel et culturel. Très complet, l’ouvrage explore en détail l’histoire et l’évolution du genre, tout en rendant hommage aux artistes et techniciens qui l’ont façonné. En outre, il s’agit d’un très bel objet, à la qualité de fabrication irréprochable avec ses couleurs éclatantes et ses pages épaisses, loin des feuilles fines et fragiles que l’on retrouve parfois.
Cela renforce l’impression de tenir un livre durable et soigné, à la hauteur de son contenu. Bien sûr, Le Guide du Tokusatsu ne s’adresse pas à tout le monde, mais il constituera sans aucun doute un excellent cadeau pour quiconque s’intéresse à la pop culture japonaise.
3 L’Encyclopédie illustrée de Tolkien, pour découvrir tous les secrets de l’auteur culte
Le fandom (ou communauté de fans) de Tolkien est l’une des plus importantes du monde, et représenterait plusieurs millions de personnes aux quatre coins du globe. Aucun doute : David Day en fait partie. Grand adepte de l’auteur et de son univers, cet écrivain canadien a publié de nombreux ouvrages sur le sujet, dont L’Encyclopédie illustrée de Tolkien.
Dès les premières lignes, il prévient le lecteur : « Cette encyclopédie de la Terre du Milieu et des Terres Immortelles est conçue comme un guide du monde de John Ronald Reuel Tolkien. Elle vise à informer et distraire (…), fournissant des repères pour explorer un monde imaginaire et un système mythologique parmi les plus complexes et détaillés de la littérature. »
Où se situe cet univers ? À quelle période ? S’agit-il réellement d’un monde imaginaire ? Le spécialiste répond à toutes les questions que l’on peut se poser à ce sujet et révèle tous les secrets cachés derrière les œuvres de l’auteur. Organisée en cinq parties détaillées (histoire, géographie, sociologie, histoire naturelle et personnages), l’œuvre comprend aussi de nombreuses illustrations, des frises chronologiques, des cartes ou encore des arbres généalogiques qui permettent une meilleure compréhension de cet univers fascinant.
4 Tout savoir sur Lost, pour connaître l’envers du décor de la série culte
Le 22 septembre 2004, la chaîne américaine ABC diffuse le pilote d’une série qui va révolutionner le petit écran. Captivant des millions de spectateurs avec ses mystères et ses intrigues riches en rebondissements, Lost est rapidement devenue une production culte, qui a inspiré de nombreux shows. Dans son ouvrage Tout savoir sur Lost, le journaliste Thomas Suinot s’est lancé un défi de taille : livrer les secrets de l’une des séries les plus commentées et analysées de tous les temps.
Le livre de 375 pages est donc divisé en plusieurs parties : une préface signée par la journaliste spécialisée Charlotte Blum, un chapitre sur les scènes coupées, une centaine de pages consacrées à des anecdotes de tournage, une section dédiée aux théories et aux interprétations, et un chapitre entier qui s’intéresse à l’héritage de Lost dans la pop culture.
Véritable amoureux du show, Thomas Suinot raconte l’impact de ce dernier dans sa vie de spectateur et de journaliste critique, avant de faire un résumé détaillé des six saisons. Il revient aussi sur la fin controversée et explique ses subtilités, avant de dévoiler les « pièces manquantes » de la production, d’un flashback consacré au mariage de Jack à une scène avant le réveil de ce dernier sur la plage, en passant par un moment qui se déroule lors de la captivité de Walt chez les Autres.
On apprend aussi de nombreuses anecdotes de tournage, notamment sur la genèse du projet, sur l’habitude de J. J. Abrams de ne pas dévoiler l’entièreté du scénario à ses acteurs, ou encore le coût de l’épisode final (plus élevé que celui du pilote). Tout savoir sur Lost est une vraie mine d’information, aussi bien pour les néophytes qui souhaiteraient plonger dans cet univers, que les fans de la première heure à la recherche de secrets de tournage.
5 The Office, la série racontée par ses créateurs, pour s’incruster dans les bureaux les plus iconiques du petit écran
Quand on évoque les meilleures séries de tous les temps, The Office est le nom qui revient très régulièrement. Avec son humour grinçant, son ton décalé et ses personnages attachants, le show a une place toute particulière dans le cœur des sérievores. La version britannique a fait beaucoup de bruit, mais l’adaptation américaine s’est aussi imposée sur le petit écran.
Plus de dix ans après la diffusion de son dernier épisode aux États-Unis, le show continue à faire rire de nouvelles générations. C’est pourquoi l’ouvrage The Office, la série racontée par ses créateurs, sorti en novembre dernier, est plus qu’actuel.
Genèse du projet, tournage du pilote, développement des premières saisons… L’équipe technique et le casting se livrent au fil des presque 400 pages qui composent ce livre, et nous dévoilent tous les secrets du show. Greg Daniels (qui a adapté la version américaine), Ricky Gervais (le co-créateur), Ben Silverman (le producteur exécutif), Brian Baumgartner (Kevin Malone), Steve Carell (Michael Scott), Jenna Fischer (Pam Beesly), John Krasinski (Jim Halpert)… Tour à tour, ces noms (très) familiers interviennent pour confier leur expérience et partager une anecdote.
On apprend comment le projet d’adaptation a vu le jour, comment le casting s’est construit, à quel point certains acteurs, dont Jenna Fischer, étaient dans la galère avant The Office, qui a brillé lors des auditions, la première chose que John Krasinski a faite lorsqu’il a appris qu’il était pris, comment le salon de Jenna Fischer est devenu le QG de l’équipe pour visionner les épisodes toutes les semaines, à quel point la deuxième saison a été un ascenseur émotionnel, comment une grève a failli mettre un terme à la série, ou encore la difficulté à écrire et tourner le tout dernier épisode. Mieux qu’un simple livre récap, The Office, la série racontée par ses créateurs est un ouvrage rafraîchissant et franchement réussi, qui nous fait sourire du début à la fin. C’est le cadeau ultime pour ceux qui veulent (re)découvrir un show devenu culte.
6 Mad Men by Sofilm, pour apporter un nouveau regard sur la série culte
Depuis sa création en 2012, Sofilm ne cesse de nous surprendre avec ses articles captivants aux angles décalés. Le magazine peut compter sur la plume de journalistes passionnés, qui nous glissent dans les coulisses du petit et du grand écran. Habituées du groupe SoPress, Amelia Dollah, Faustine Saint-Geniès et l’illustratrice Iris Hatzfeld ont décidé de se lancer dans un projet titanesque : analyser Mad Men sous toutes les coutures. Décryptée à maintes et maintes reprises, l’œuvre culte est ici examinée à travers le regard rafraîchissant de (vraies) sérievores.
Après un rapide abécédaire des meilleures citations de la série, les spécialistes nous révèlent les origines du projet, nous livrent des entretiens exclusifs avec le showrunner Matthew Reiner, la scénariste Erin Levy et la costumière Janie Bryant, dressent le portrait de Jon Hamm – avec qui elles ont pu s’entretenir. Elles se penchent sur les secrets de fabrication du générique, reviennent sur les tenues iconiques du show, exemples à l’appui, s’intéressent à la représentation de la population afro-américaine dans la production, font un focus sur certains chiffres hallucinants au sujet du tabac ou de l’alcool (durant les sept saisons, 947 cigarettes ont été fumées et 369 boissons alcoolisées ont été versées à l’écran), s’interrogent sur la place des femmes dans Mad Men, et questionnent des publicitaires sur le réalisme de la série.
Avec une mise en page soignée et des illustrations très réussies, cet ouvrage se dévore avec plaisir. C’est clairement un indispensable pour les amateurs de Man Men ou ceux qui souhaitent voyager dans les sixties depuis leur canapé.
7 Jouer en société, pour se glisser dans les coulisses des jeux de société les plus cultes
Les jeux de société accompagnent l’humanité depuis plus de 4500 ans. Grand spécialiste du sujet et auteur d’une cinquantaine de titres, Oriol Comas i Coma a décidé de se plonger dans cette grande histoire ludique avec l’ouvrage Jouer en société. « C’est surtout un livre remarquable, qui est plus qu’une simple compilation de bons jeux », affirme Tom Werneck, cofondateur et membre du jury du prix Spiel des Jahres, dans les premières pages de l’oeuvre.
« Les auteurs de livres à succès sont sous les feux de la rampe, répond Oriol Comas i Coma. Ils sont célébrés comme des stars. On les voit même dans des talk-shows et des documentaires. Les auteurs de jeux, en revanche, passent largement inaperçus aux yeux du grand public et restent dans l’ombre. Rares sont les gens qui se demandent à qui ils doivent une merveilleuse soirée de jeu. » L’artiste a donc décidé de mettre la lumière sur ces créateurs, en commençant par un rapide historique des jeux de société, de leur apparition, il y a plus de 4500 ans, au grand tournant des années 1960, avant de se lancer dans un état des lieux actuel du secteur ludique.
Composé de 85 chapitres, le livre s’intéresse aux créateurs et les questionne sur leur manière de travailler, de penser, les raisons qui les poussent à créer des jeux, leurs méthodes de travail, leurs façons de jouer, leurs auteurs favoris ou encore leurs jeux préférés. Il se focalise aussi sur des titres cultes et plus confidentiels, qui sont, quant à eux, regroupés par catégories.
On en apprend plus sur la carrière de Sid Sackson, le tout premier créateur qui a « ouvert la voie et la reconnaissance des jeux de société comme discipline culturelle », on découvre les secrets derrière la création de Catan, et on note avec soin les autres jeux des créateurs des Loups-garous de Thiercelieux, les meilleurs jeux coopératifs, d’enchères et d’enquêtes, ou encore les derniers titres à suivre de près.
L’ouvrage peut ainsi être consulté de différentes façons : soit du début à la fin, soit en cherchant des informations précises sur des jeux ou des auteurs en particulier. Le lecteur peut aussi se laisser porter par le hasard et se plonger dans un chapitre de manière aléatoire pour, qui sait, trouver sa prochaine obsession ludique.
8 Stranger Philo, pour – enfin – comprendre la philosophie grâce à Netflix
Après Star Wars, le retour de la philo publié en 2021, une proposition originale d’initiation à la philosophie par le biais de la saga interstellaire, le plus pop des philosophes, Gilles Vervisch, se penche cette fois sur la série déjà culte créée par les frères Duffer. Stranger Philo, c’est un peu plus de 310 pages qui explorent, à travers ce prisme, des notions fondamentales telles que le temps, la réalité ou encore la nostalgie.
Pour Gilles Vervisch, Stranger Things, c’est un peu une reprise contemporaine de la célèbre allégorie de la caverne de Platon, avec la confrontation de deux mondes : d’un côté le monde « réel » représenté par la petite ville d’Hawkins, aux apparences paisibles, où évoluent les personnages principaux, de petits nerds aux frimousses sympathiques ; de l’autre, le monde à l’envers, the upside down, où tout est sombre et où les ténèbres et le mal règnent en maîtres. Cette dualité n’est d’ailleurs pas sans rappeler les notions philosophiques essentielles que sont le bien et le mal. Un exercice réussi qui vous réconciliera, on l’espère, avec la philo.
9 Le Droit dans la saga Le Seigneur des anneaux, pour voir Tolkien autrement
La Communauté de l’anneau est-elle une association de malfaiteurs ? Le Palantir peut-il être considéré comme un outil de collecte de données personnelles ? Le Rohan est-il un État respectueux des droits humains ?
Nombreux sont ceux qui se revendiquent comme étant des fans inconditionnels de la (merveilleuse) trilogie du Seigneur des anneaux de J.R.R Tolkien. Et il est indéniable que le phénomène mondial a touché un public très large, notamment grâce à ses adaptations cinématographiques. Un public regroupant tous les âges, toutes les nationalités et tous les corps de métiers.
Le Droit dans la saga Le Seigneur des Anneaux est une publication originale issue de la collection « LMD (Le Meilleur du droit) » et dont les auteurs (17 au total) sont juristes : avocats, doctorants ou enseignants chercheurs en droit, maîtres de conférences, toutes et tous fans de la saga mythique.
Plus qu’une analyse savamment élaborée de la trilogie sous l’angle du droit français, européen et même international, abordant des questions d’ordre juridique, cet ouvrage interroge également la représentation du droit dans la fiction et permet à ses lecteurs de découvrir ou de se replonger dans l’œuvre de Tolkien.
10 Pop & Psy – Comment la pop culture nous aide à comprendre les troubles psychiques, pour ne plus se tromper
La dépression est-elle le gagne-pain de l’industrie pharmaceutique ? Se rase-t-on forcément la tête comme Britney Spears lorsqu’on est bipolaire ? Une série Netflix peut-elle déclencher des suicides ? Le psychiatre Jean-Victor Blanc s’est lancé un pari : débunker tous les préjugés autour des troubles psychiques. Organisateur de l’exceptionnel Pop & Psy (premier festival de pop culture qui parle de santé mentale), il est aussi l’auteur d’un livre nécessaire, scientifique, divertissant, et ultra-accessible.
Dès le début de son œuvre, il explique que « la représentation des troubles mentaux est généralement erronée et paradoxale. D’un côté, ils exercent une fascination, des tabloïds aux nombreuses œuvres mettant en scène des troubles psychiques ; de l’autre, ils font peur, et leurs approches artistiques, souvent terrifiantes, sont prises pour argent comptant. Fréquemment abordée, la maladie mentale reste pourtant mal comprise. » Il a donc pris la décision de casser ces stéréotypes grâce à une alliée fidèle, la pop culture.
Il explique chaque maladie en prenant pour exemple des œuvres et personnages cultes, des faits scientifiques et des anecdotes personnelles. Il s’appuie sur Happiness Therapy, Mariah Carey et Kanye West pour analyser le trouble bipolaire, sur Aviator, Justin Timberlake et Cameron Diaz pour décrypter les TOC, et sur Requiem for a Dream et Euphoria pour illustrer les addictions.
Diagnostic, pourcentage de la population globale, traitement, stigmatisation… Chaque trouble est décortiqué. On apprend notamment que la dépression diminue l’espérance de vie de 12 à 15 ans en moyenne (contre dix ans pour le tabac), que la schizophrénie touche environ 1 % de la population générale, et que Selena Gomez, Zayn Malik, Kendall Jenner et Justin Bieber favorisent la libération de la parole des millenials en parlant de leur santé mentale sur les réseaux sociaux.
11 In Pop we Trust, pour apprendre en s’amusant
« Plutôt Phèdre que Netflix », martelait l’ancien ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, dans les médias. Marianne Chaillan est professeure de philosophie et elle ne supporte plus cette opposition entre cette « grande culture, la belle, la vraie » et l’autre, « la populaire, faite de productions creuses et vides ». L’enseignante est formelle : la philosophie ne doit pas être « l’apanage de quelques intellectuels enfermés dans leur tour d’ivoire, s’exprimant dans un langage inaudible pour le commun des mortels, fiers d’eux-mêmes et hautains depuis leur prétendue sagesse ».
Elle confie même que, dans ses salles de classe, elle réussit à donner le goût de lire du Racine grâce à la pop culture. Harry Potter, Friends, Titanic, Matrix, Hunger Games… Toutes ces œuvres regorgent de questions philosophiques et Marianne Chaillan entend bien le prouver. Elle les analyse et établit des liens avec des grands principes de la discipline ou des auteurs plus classiques (Spinoza, Rousseau, Platon…). Son but ? Nous montrer que la philosophie est accessible.
Elle aborde des thématiques comme la mort, le destin, le bonheur, le bien, le mal, le désir, la raison, ou encore la morale. On apprend que Le Seigneur des anneaux et La République de Platon sont plus proches qu’on ne le pensait, et que Voldemort et Cicéron partagent certaines idées. Ce livre nous permet aussi de réaliser que Star Wars, ses combats, ses conflits politiques et sa lutte éternelle entre Sith et Jedi répondent à des questions profondes et philosophiques : peut-on triompher de la mort ? Faut-il maîtriser ses désirs ? Le désir est-il un obstacle au bonheur ?
On voyage aussi en Terre du Milieu, où le personnage de Gollum nous interroge sur notre nature. L’homme vertueux existe-t-il ou chacun céderait-il à la possibilité de commettre le mal s’il était assuré de ne pas en payer les conséquences (avec un anneau magique, par exemple) ? Des origines du mal avec le Joker à la différence entre rêve et réalité avec Inception et Matrix, In Pop we Trust nous propose une plongée dans la pop culture inédite et passionnante. C’est le cadeau parfait pour des futurs bacheliers, des adeptes de séries et de films ou des amoureux de la philosophie.
12 L’Œuvre de David Fincher – Scruter la noirceur, pour découvrir les secrets d’un génie du cinéma
Stéphane Bouley (journaliste, auteur, et co-animateur du podcast Super Ciné Battle) l’annonce dès le début du livre : il est amoureux du travail de David Fincher. « Nous sommes en 1996 (…) Quand je découvre Seven dans la salle de cinéma Colisée, c’est un choc à tellement de niveaux ! (…) Je me suis senti immédiatement connecté à ce qu’il se passait sur l’écran. » Il est donc reparti sur les pas du réalisateur mythique et retrace son parcours, son enfance et les traumatismes qui l’ont mené à cette carrière exceptionnelle.
On découvre notamment que George Lucas était son voisin, que David Fincher a commencé sa carrière en faisant des clips et des films publicitaires, et qu’il était vu comme un « vendeur de pompes » par le réalisateur et producteur David Giler (Alien 3). Stéphane Bouley nous dévoile les inspirations de Fincher et nous explique quel rôle ses œuvres ont joué dans l’histoire du cinéma.
Le livre décortique aussi chaque film et nous révèle des détails très spécifiques. Il analyse son utilisation du noir et blanc, des effets spéciaux, des plongées et contre-plongées, du fast cutting, et dégage ses thématiques phares, comme les décors industriels déglingués, les paysages urbains, le luxe et la provocation.
Des chapitres entiers sont consacrés aux habitudes et aux spécificités du réalisateur, mais un, nommé « Control Freak », nous offre une quinzaine d’anecdotes surprenantes qu’on dévore comme des popcorns.
On ne dévoilera pas tous les secrets de ce livre, mais l’auteur nous confie notamment que dans Zodiac, Jake Gyllenhaal a dû se verser 38 fois son café pour une prise, que Carrie Coon a mangé approximativement deux kilos et demi de frites à force de refaire une prise dans un restaurant, ou encore qu’il a fallu 103 essais pour qu’un sac jeté à travers la pièce tombe exactement comme le réalisateur le souhaitait dans Panic Room.
Comme la plupart des ouvrages de Third Éditions, L’Œuvre de David Fincher – Scruter la noirceur ne contient pas de photos (pour des questions de droits), mais propose des illustrations réalisées par Capucine Bouley, reprenant des plans phares des films de Fincher. Ce manque de visuel en fait plus une encyclopédie qu’un beau livre, mais ses plus de 500 pages sont passionnantes et nous montrent le travail du réalisateur sous un tout nouvel angle.
13 Cinemaps, cartographie de 35 films de légende, pour retracer les itinéraires des héros des films cultes
« Je ne voulais pas d’un ouvrage conventionnel sur l’art ou le cinéma », explique l’auteur dans l’introduction du livre. À travers Cinemaps, Andrew DeGraff a voulu rendre hommage aux cinéastes qui ont bercé son enfance. La Mort aux trousses, Les Dents de la mer, Star Wars, Alien, Pulp Fiction, Les Gardiens de la galaxie… L’illustrateur de pop culture a créé 35 cartes détaillées qui suivent les déplacements des personnages principaux. « Un jour, je me suis dit que je pourrais réunir mes deux passions d’enfant, les cartes et le cinéma, sur une même page. » Son but : montrer au lecteur des films cultes à travers un nouvel angle. « On peut y refaire le parcours en empruntant des voies différentes. »
On découvre par exemple des secrets de tournage de Shining et on suit les pas de la famille Torrance, notamment durant la (mythique) course poursuite dans le labyrinthe. Les cartes sont colorées et fascinantes, on se perd avec plaisir dans les itinéraires de ces héros et on replonge dans ces films qui ont marqué notre enfance. Toutes les cartes sont peintes à la main, un travail titanesque qui a demandé des mois de création. Celle du Seigneur des Anneaux représente par exemple 1000 heures de travail.
L’auteur A.D Jameson s’est associé au projet et analyse les films. Il explique les raisons de leur succès et apporte un nouvel éclairage sur ces œuvres cultes. Ce travail minutieux peut plaire à tout le monde et il a déjà trouvé de nombreux adeptes : des réalisateurs célèbres comme J. J. Abrams (qui a acheté la première carte de son premier Star Trek) aux cartographes, en passant par des producteurs, des designers, des scénaristes ou des fans de cinéma.
14 Féminismes & pop culture, pour analyser les séries sous un prisme féministe
Avec son essai de 330 pages, Jennifer Padjemi apporte un nouveau regard sur la pop culture. Selon la journaliste spécialiste des questions de société, certaines séries télévisées peuvent changer notre regard sur le monde. La culture populaire apparaît alors comme un moyen d’émancipation. Elle décrypte la représentation des femmes durant cette dernière décennie dans les séries, les pubs, ou encore sur Instagram.
Elle explore et interroge les rapports (positifs et négatifs) de la pop culture et du féminisme. Kim Kardashian est-elle un objet sexuel ou une femme puissante ? La série Grey’s Anatomy peut-elle changer la vie des femmes ? Le féminisme se porte-t-il sur un t-shirt ? Elle révèle aussi les enjeux d’inclusivité dans les œuvres et leur potentielle récupération par le système capitaliste.
Beyoncé, Rihanna, Miley Cyrus, How to Get Away With Murder… tout y passe. Elle aborde notamment la question de la représentation des personnages féminins racisés dans les séries, avec des exemples comme Grey’s Anatomy et Scandal. Elle revient sur le parcours de Shonda Rhimes, Issa Rae et Michaela Coel, des showrunneuses noires qui ont révolutionné l’industrie. On y découvre aussi la notion de « feminism washing », ou comment certaines plateformes, shows et marques récupèrent des idées féministes pour faire de l’argent.
« On peut aussi bien parler de diversity-washing, explique l’essayiste dans un entretien à France Culture. C’est le fait de montrer une femme ou des personnes non-blanches et d’en faire des espèces d’étendards pour montrer qu’on est ouvert, qu’on est progressiste. Ce sont souvent des attrape-téléspectateurs pour finalement nous servir des clichés, des stéréotypes qu’on voit habituellement. » Jennifer Padjemi aborde de nombreuses thématiques, toutes aussi passionnantes les unes que les autres, et les décrypte avec un regard engagé et captivant.
15 Anime Architecture, pour voyager à travers les villes des anime cultes
Stefan Riekeles a passé dix ans à rassembler des documents inédits d’œuvres cultes comme Akira, Patlabor, ou encore Metropolis. Storyboards, peintures, croquis, extraits d’anime… Il nous plonge dans les coulisses de la conception des paysages des films d’animation japonais de science-fiction les plus marquants des années 1980 à 2000. Ces représentations des villes futuristes réinterprètent l’architecture urbaine et ces décors laissent entrevoir la vision du monde que l’artiste cherche à exprimer. Ces regards très différents se confrontent et prennent la forme d’une galerie riche et passionnante.
L’œuvre peut plaire à tout le monde. Chaque page nous plonge dans un univers particulier et nous permet de découvrir les secrets de création de ces mégapoles et bâtiments minutieusement représentés. Le livre, très complet, analyse les plans des anime et explique au lecteur leur importance et leur signification. On y apprend par exemple le rôle essentiel de l’eau dans le plan n°318 de Ghost in the Shell, qui apparaît comme un symbole de l’inconscient. Une œuvre aussi pédagogique que poétique, qui peut captiver tous les lecteurs.