Critique

Junk Head : une étonnante plongée dans le monde d’en bas

15 avril 2022
Par Agathe Renac
Junk Head : une étonnante plongée dans le monde d’en bas
©UFO

Après son succès au Japon, l’univers unique et parfois dérangeant de Junk Head sera diffusé dans les salles françaises le 18 mai.

Junk Head est un ovni. Sa réalisation en stop-motion et sa singularité ont fasciné les spectateurs japonais au point de devenir un véritable phénomène au pays du soleil levant. Durant les deux semaines qui ont suivi sa sortie dans les salles japonaises en mars 2021, le film a fait salle comble et s’est classé au premier rang du box-office indépendant. Une communauté de fans s’est même créée sur Internet avec le hashtag #JunkHead. Son succès est rapidement devenu international : il a remporté le Prix Satoshi Kon au Fantasia Festival de Montréal, le Prix du Meilleur Nouveau Réalisateur au Fantastic Fest de Austin, et la Cigogne d’Or du meilleur film d’animation au Festival du Film Fantastique de Strasbourg. Le long métrage nous invite dans un univers dystopique aux personnages étonnants, en empruntant des caractéristiques de la culture underground, au manga, et à la science-fiction hollywoodienne.

Sept ans de travail, 140 000 prises de vue, et un univers unique

Dans Junk Head, l’humanité est parvenue à atteindre la quasi-immortalité. Mais à force de manipulations génétiques, elle a perdu la faculté de se reproduire et court à l’extinction. Elle a aussi créé une nouvelle forme de vie artificielle, les Marigans, et les utilise comme force de travail pour développer un monde souterrain. Un homme va être envoyé dans ce monde d’en bas pour percer les secrets de leur reproduction. Au plus profond de la Terre, il va être confronté à des clones mutants prêts à se rebeller contre leurs créateurs.

Le scénario est séduisant, mais les premières minutes du film peuvent dérouter le spectateur. Certains auront besoin de temps pour s’habituer à cette réalisation en stop-motion et à ces créatures étranges. Les images, les combats, la vue du sang et les sons peuvent déranger. Mais plus qu’un film, Junk Head est une expérience. Un univers visuel qu’on ne verra pas ailleurs et qui est le fruit d’un travail titanesque. On doit ce long métrage à une seule personne : Takahide Hori. Durant sept ans, il a imaginé et créé le décor, les figurines (fabriquées à la main) et les 140 000 prises de vue. Dans un communiqué officiel, il confie que « le plus gros défi était de garder ma détermination malgré la solitude. Mais l’animation image par image permet chaque jour de réaliser quelques secondes d’images, et à la fin de la journée, on a la joie de voir les personnages prendre vie pour quelques secondes. »

©UFO

Le film pousse le spectateur à s’interroger sur l’écologie, les vices de l’homme et ses croyances. On y croise par exemple une ville fantôme et toxique, qui stocke les déchets nucléaires jusqu’à saturation, ou des arbres mutants qu’on brûle pour ne pas avoir à subir leur violence. Junk Head fait partie de ces films qui peuvent diviser, que l’on peut autant adorer que détester, mais qui nous interrogent et restent encore longtemps dans un coin de notre tête.

À lire aussi

À lire aussi

Article rédigé par
Agathe Renac
Agathe Renac
Journaliste