Décryptage

Lunettes connectées : cette fois-ci, c’est la bonne ?

22 octobre 2025
Lunettes connectées : cette fois-ci, c’est la bonne ?
©Oakley

Après plusieurs essais infructueux, les grandes marques relancent leurs lunettes connectées avec une nouvelle génération d’équipements intégrant IA, audio, AR… Mais l’adoption grand public va-t-elle enfin suivre ? Entre promesses de révolution et obstacles matériels et psychologiques, décryptage.

On en parle depuis le début des années 2000 mais le modèle qui sera un réel succès se fait toujours attendre. Avec leurs nombreux flops, les lunettes connectées ont longtemps été la risée des accessoires connectés. Le fiasco des Google Glass (2012) reste dans toutes les mémoires, tant comme symbole de l’échec technique que de l’arrogance d’un « ordinateur intégré dans des lunettes » vendu avant d’être prêt.

Plus de dix ans plus tard, voilà que les ténors de la tech remettent ça avec de grandes ambitions : Meta (avec ses Ray-Ban et bientôt Oakley), Samsung/Google via la plateforme Android XR, voire Apple, tous semblent croire que le moment est venu.

Meta, Google, Samsung – et peut-être même Apple – sont sur les rangs

Pour Meta, les modèles récents ne sont plus de simples lunettes-caméras mais embarquent un assistant IA, un audio ouvert (open-ear), et une esthétique beaucoup plus proche de la lunette classique. Samsung et Google présentent de leur côté Android XR, une plateforme dédiée à la réalité étendue — lunettes comprises — avec des ambitions très claires. Et Apple, de son côté, serait sur les rangs pour un lancement vers fin 2026, selon The Times of India.

Autrement dit : le verre à moitié plein, c’est que les conditions matérielles et logicielles ont mûri (IA embarquée, mini-écrans, lunettes plus légères, design moins gadget). Le verre à moitié vide, c’est que l’histoire des wearables nous rappelle que l’adoption ne se décrète pas par la techno seule.

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Ce qui a changé… et ce qui doit changer

Pourquoi devrait-on croire au succès des lunettes intelligentes cette fois-ci ? Le design, d’abord, s’est amélioré. Les lunettes connectées se font bien plus discrètes sur le nez de l’utilisateur. Par exemple, avec les modèles Meta/Ray-Ban, on reste dans un look classique, ce qui casse l’une des barrières psychologiques. Une autre amélioration, c’est la connectivité et l’intégration d’assistants IA. L’intelligence artificielle embarquée permet d’envisager une vraie valeur ajoutée (traduction instantanée, reconnaissance d’objets, capture automatique, etc.). Ainsi, Gemini de Google, intégré dans Android XR, veut tirer parti de ça. Ajoutons aussi une techno mieux acceptée, des puces plus puissantes… Tout cela laisse penser que les lunettes connectées vont quitter le rayon « gadget » pour devenir un objet du quotidien utile.

ray ban stories
©Ray-Ban

Il reste cependant encore des freins à cette adoption. Techniquement, l’autonomie et le poids des lunettes connectées laissent encore à désirer. Autre obstacle : le prix. Comptez 419 € pour un modèle Wayfarer de Ray-Ban et 519 € pour des Oakley Vanguard avec la technologie Meta intégrée. Ce n’est pas rien. Pour ce prix, il faudrait afficher une utilité claire pour le grand public. À part la photo/vidéo, l’audio, l’appel… peu d’applications quotidiennes « waouh » convainquent à large échelle à l’heure actuelle. À cette problématique, s’ajoutent les questions de vie privée et de confiance. La caméra miniature au-dessus des yeux doublée de l’IA peuvent inquiéter, avec raison, et laisser craindre de nombreux dérapages. Manquent aussi des interfaces bien pensées pour convaincre. Bref, il reste encore à craquer l’équation : prix + utilité + autonomie + design = succès.

Apple pourrait-il mettre tout le monde d’accord ?

On pourrait, comme ce fut le cas par le passé, se dire que si Apple lance un modèle de lunettes intelligentes, il raflera le marché tant le produit sera bien pensé en termes d’ergonomie et d’usages. Il l’avait fait avec l’iPhone, avec l’iPad, avec l’Apple Watch… Oui mais les dernières années nous ont prouvé le contraire. Le casque de réalité virtuelle/augmentée Apple Vision Pro est loin d’être le succès espéré. Le prix, mais aussi les usages finalement assez limités, en font un produit de niche. Apple réussira-t-il à changer la donne sur les lunettes ? Et à faire en sorte que ce « gadget » finisse par remplacer le smartphone comme Mark Zuckerberg le pense ? Le doute est permis.

Les lunettes Meta Oakley
Les lunettes Meta Oakley.©Meta

Les conditions sont là mais…

Certes, les conditions de succès sont mieux alignées : design plus acceptable, usages plus matures, matériel plus puissant, acteurs majeurs engagés. Autrement dit, il y a bel et bien une chance que cette itération des lunettes connectées dépasse le stade de gadget. De là à ce qu’elles atteignent un usage massif et quotidien comparable au smartphone ou à la montre connectée… le fossé nous semble encore trop important.

Tant que les lunettes connectées ne remplissent pas un rôle indispensable ou “waouh” dans la vie de tous les jours, elles risquent de rester un objet de niche. Et le produit « parfait » est encore loin d’être là. Mais le sujet mérite qu’on le surveille de près ces 12 prochains mois.

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