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Pourquoi le show de Muse au Hellfest a-t-il autant divisé ?

23 juin 2025
Par Sarah Dupont
L'affiche de l'édition 2025 du Hellfest.
L'affiche de l'édition 2025 du Hellfest. ©Hellfest

La venue de Muse au Hellfest a enflammé bien plus que la foule : entre adhésion massive et rejet virulent, le groupe britannique cristallise une fracture croissante et symptomatique au cœur même du festival.

En montant sur la scène principale du Hellfest le 20 juin, Muse n’a pas seulement lancé les premières notes d’Unravelling, son nouveau single : le groupe britannique a aussi ouvert un débat brûlant sur l’identité de ce festival historique, dédié aux musiques extrêmes, du métal pur au hard rock. Jugée trop grand public par certains, saluée avec ferveur par d’autres, la venue de Matthew Bellamy et ses acolytes n’a laissé personne indifférent.

Muse, symbole d’une ouverture qui dérange

Dès l’annonce de leur venue, la présence de Muse a suscité l’ire des fans les plus orthodoxes du Hellfest. Pour les puristes, le groupe, trop pop-rock, trop « mainstream », symbolise une dérive commerciale du festival. En 2017, Ben Barbaud, fondateur du Hellfest, affirmait pourtant qu’il « n’irait jamais jusque-là », citant Muse comme exemple. Huit ans plus tard, changement de cap assumé : « Avec l’âge, moi aussi, j’ai mûri, je suis moins sectaire », déclarait-il en décembre 2024 à BFMTV.

Unravelling de Muse.

Devant une foule dense, Muse a lancé son concert par son morceau inédit. Un choix audacieux, mais jugé peu percutant. « C’est culotté, c’est mou et ça n’a rien à faire en intro. Pire que tout : ce n’est pas branché », tacle Le Point, qui qualifie le concert d’« infernal ».

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Musicalement, Muse a tenté de convaincre les sceptiques par une setlist plus agressive que d’ordinaire : riffs puissants, choix de titres sombres, hommage à Gojira avec la reprise de Stranded. Cette volonté de plaire à tout prix a semblé pour certains contre-productive. Pour d’autres, le pari est gagné. « Le groupe de rock britannique a prouvé qu’il avait toute sa place dans ce grand barnum metal », juge notamment Le Parisien.

Un choix artistique à double tranchant

Cette polémique dépasse le cas Muse et cristallise une mutation plus profonde. D’un « lieu de pèlerinage » pour les métalleux, le Hellfest est devenu un « carrefour » pour publics variés commente l’anthropologue Corentin Charbonnier chez BFMTV.

Un glissement accentué par une hausse des tarifs, une moyenne d’âge en augmentation et une programmation qui se renouvelle en s’éloignant parfois de ses racines. « Il faut bien trouver des têtes d’affiche dignes de ce nom », confie de son côté Le Parisien, rappelant que Muse n’avait qu’un soir de libre dans sa tournée européenne.

« Muse ne sera pas amené à venir souvent ici, car ce n’est pas le groupe le plus fédérateur pour notre public », reconnaît Ben Barbaud sur la chaîne, tout en affirmant que le Hellfest « restera ce qu’il a toujours été. »

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