Entretien

Jean Robert-Charrier : “Cette nouvelle édition du Festival d’Anjou renouvelle un esprit libre”

04 juin 2025
Par Lisa Muratore
Affiche du Festival d'Anjou 2025.
Affiche du Festival d'Anjou 2025. ©Festival d'Anjou

Le festival d’Anjou se tiendra du 3 au 28 juin 2025. À cette occasion, L’Éclaireur s’est entretenu avec son directeur artistique, Jean Robert-Charrier.

Qu’est-ce qui rend le Festival d’Anjou si unique ? 

Le Festival d’Anjou est une institution culturelle du Maine-et-Loire depuis 75 ans cette année. Il est donc ancré dans l’histoire du département depuis plusieurs générations. Son éclectisme de programmation fait venir des spectacteurs de plus en plus nombreux, de la région essentiellement, pour assister à des spectacles populaires et exigeants. Ce qui le rend si unique, ce sont les lieux historiques dans lesquels il se déroule. Les représentations théâtrales sont souvent très différentes des représentations données à Paris ou en tournée dans les théâtres. Le Festival d’Anjou, grâce à ses lieux emblématiques (le château du Plessis-Macé, les arènes de Doué-en-Anjou, le cloître Toussaint…), crée des représentations avec un réel acteur supplémentaire : l’Anjou. 

Comment la programmation 2025 a-t-elle été pensée ? 

La programmation 2025 a été complexe à mettre en place à cause des baisses importantes de subventions publiques de la Région des Pays de la Loire et de la Ville d’Angers. Grâce à l’engagement du département du Maine-et-Loire notamment, et à la mobilisation des partenaires privés et mécènes du Festival, nous avons réussi à proposer une programmation riche avec de nombreux temps forts. De Joël Pommerat au Cercle des poètes disparus, cette édition renouvelle un esprit libre et ouvert sur toutes les formes théâtrales. 

On dit que chaque édition du Festival d’Anjou a été influencée par la personnalité de sa présidence. Que pensez-vous apporter au Festival depuis votre arrivée ? Que tenez-vous à mettre en avant ? 

Comme je le fais dans les théâtres parisiens que je dirige, je tente de faire totalement abstraction des frontières entre théâtre public et théâtre privé. J’ai donc programmé au Festival d’Anjou des grands noms du théâtre public qui n’y étaient jamais venus, comme Joël Pommerat, Alain Françon, Catherine Hiegel, Clément Hervieux-Léger… Grâce à cela, j’ai initié le public habituel du Festival à de nouvelles formes. Nous avons aussi fait découvrir le festival à de nombreux nouveaux spectateurs.

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Avez-vous une attente particulière pour l’édition qui s’apprête à commencer ? 

Qu’elle nous permette, grâce aux excellents résultats en perspective, de repartir solides vers une édition 2026, qui je l’espère, verra revenir le concours des compagnies émergentes, interrompu depuis deux ans pour raisons financières. 

On note la présentation du Cercle des poètes disparus, véritable succès théâtral. Ressentez-vous une émotion particulière de voir la pièce être jouée à Anjou ? 

Je ne souhaite pas mettre spécialement en avant ce spectacle. Je préfère évoquer La serva amorosa, grand spectacle du répertoire classique italien mis en scène par Catherine Hiegel. Les deux représentations au Festival d’Anjou seront les deux seules et uniques représentations en tournée. À l’issue de ces représentations, les décors seront recyclés. C’est donc très émouvant pour toutes les équipes de dire adieu à ce spectacle dans de si belles conditions. 

Vous accordez aussi une place toute particulière à divers seuls-en-scène entre celui de Camille Chamoux, d’Aymeric Lompret, Euphrate… Qu’est-ce qui vous plaît tant dans cette forme d’art théâtral ?

Je n’ai pas de passion spéciale pour les seuls-en-scène. C’est une forme qui se développe de plus en plus avec un prisme très large de thèmes. Cette année, au Festival d’Anjou, nous ferons le grand écart des seuls-en-scène, du combat contre le cancer de Théo Askolovitch dans 66 jours à l’humour génial d’Aymeric Lompret, en passant par la recherche d’avenir d’Euphrate et le quotidien hilarant de Camille Chamoux. Sans oublier l’épopée familiale juive d’Éric Feldman. 

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste