
Zion s’apprête à débarquer dans les salles métropolitaines françaises. Retour sur un véritable phénomène, qui replace le cinéma antillais au centre.
En seulement deux mois, le cinéma antillais s’est construit une place de choix dans les salles obscures outre-mer mais aussi en métropole. Après Magma, drame guadeloupéen qui suivait deux vulcanologues et Fanon dévoilé le 2 avril, c’est au tour de Zion de débarquer au cinéma, ce 9 avril.
Réalisé par Nelson Foix, le film suit Chris (Sloan Decombes), un jeune homme qui partage son temps entre deals, aventures sans lendemain et rodéos en moto jusqu’au jour où il découvre un enfant sur le pas de sa porte. Imaginé comme un long-métrage haletant, Zion dresse aussi le portrait de la Guadeloupe entre problèmes sociaux et politiques.
Un film sans concession
Grâce à cette représentation du réel, Nelson Foix, lui-même originaire de l’île, frappe fort. Avec son premier long-métrage, le réalisateur brise l’image carte postale pour imposer une vision sans concession de la Guadeloupe entre brutalité et délinquance. « J’ai tourné le film près de chez moi à Pointe-à-Pitre, confiait-il à 20 Minutes, ce que je montre correspond à la vie de mon quartier. On n’y trouve pas des bébés dans des sacs devant sa porte mais la violence et la délinquance y sont présentes au quotidien. » Cette démonstration fait aujourd’hui de Zion, un film phénomène mais surtout un long-métrage important permettant de mettre en lumière la situation sociale de la région, ainsi que la crise identitaire de la population face à l’État, ou encore la quête de souveraineté.
Outre une fiction marquée par un réalisme certain, le cinéaste n’a pas voulu faire de concession sur la manière de construire son film, ou de planter le décor. Imaginé à partir d’un premier court-métrage baptisé Timoun Awe (qui signifie Ton gamin), Zion a aussi été tourné en créole guadeloupéen. Une obligation selon son metteur en scène, symbole d’authenticité, qui a eu du mal à convaincre les producteurs. Fort heureusement, il a pu compter sur le soutien de Jamel Debbouze (Mercato, Terminal…), le réalisateur ayant profité du concours de l’acteur après avoir été repéré par Mohamed Hamidi (La vache, Jusqu’ici tout va bien…) qui lui a présenté l’humoriste.
Un long-métrage phénomène
Casting sauvage, caméras embarquées dans des quartiers guadeloupéens encore jamais filmés, scènes d’action ambitieuses ont également marqué le tournage de ce film phénomène, véritable carton dans les départements et territoires d’outre-mer.
Toujours auprès de 20 minutes, Nelson Foix note : « En Guadeloupe, Martinique, Guyane et à La Réunion, on a fait des scores incroyables. On a eu des réactions très puissantes et un public varié qui allait des grands-mères aux gamins. Tous nous parlaient de leur fierté à être représentés ainsi avec bienveillance et amour sans pour autant occulter la réalité dans sa brutalité ».

Ce mercredi 9 avril, Zion — en référence au paradis terrestre — est attendu dans les salles obscures hexagonales. Entre réalisme social, lyrisme spirituel et thriller haletant, nul doute que le long-métrage devrait faire parler de lui, quelques temps seulement après la sortie de Fanon et de Magma en mars ; deux récits qui replaçaient aussi le cinéma antillais au centre du 7e art français.