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3 raisons pour lesquelles il faut voir Don’t Look Up : Déni cosmique

02 janvier 2022
Par Agathe Renac
Politiques, médias, citoyens... Le film parodie ses personnages à l’extrême.
Politiques, médias, citoyens... Le film parodie ses personnages à l’extrême. ©Netflix

Porté par un casting exceptionnel, le film catastrophe dépeint avec un humour grinçant la société actuelle, révélant sa passivité face aux alertes des scientifiques.

À la veille de Noël, les catalogues des plateformes de SVoD font le plein de films légers qui dégoulinent d’amour et multiplient les clichés. Mais le 24 décembre, un ovni a débarqué sur Netflix : Don’t Look Up : Déni cosmique. Une parodie drôle et glaçante de la société, sur fond de film catastrophe. Le titre a attisé la curiosité des abonnés, jusqu’à se hisser dans le top 10 de la plateforme en quelques jours. Face à la montée du phénomène, les spectateurs s’interrogent : faut-il vraiment s’imposer 2h25 d’angoisse dans le contexte actuel ? La réponse est oui.

1 Pour son casting

Le scénario et la réalisation sont signés Adam McKay. Le cinéaste avait déjà traité des sujets sensibles comme la crise des subprimes de 2008 dans The Big Short : Le Casse du siècle et le portrait du controversé Dick Cheney (vice-président de Georges W. Bush) dans le biopic satirique Vice. Dans son huitième film, le réalisateur dépeint une société indifférente face à l’urgence climatique.

Don’t Look Up a pu compter sur un casting hollywoodien cinq étoiles. Jennifer Lawrence est la première à avoir rejoint ce projet aussi drôle que déprimant. On la retrouve dans le rôle d’une jeune doctorante en astronomie qui doit faire face à la bêtise humaine. Elle est accompagnée de Leonardo DiCaprio (qui interprètera bientôt Jim Jones dans un autre film), un scientifique anxieux qui devient la superstar des réseaux sociaux. Meryl Streep incarne une présidente incompétente et égoïste et Jonah Hill est en roue libre dans le rôle de son fils et directeur de cabinet. On y voit aussi Cate Blanchett, Chris Evans, Timothée Chalamet, ou encore Ariana Grande (dans une caricature d’elle-même).

2 Pour son histoire

En 2019, Adam McKay imagine une histoire inspirée du livre La Terre inhabitable : Vivre avec 4°C de plus. Le pitch : une comète fonce sur la Terre, mais personne n’y prête attention. L’année suivante, le casting est bouclé, mais le projet est confronté à un problème de taille, la Covid-19. Le réalisateur doute de son film, qui ne semble plus si délirant. Il décide finalement de poursuivre l’aventure en faisant de cette pandémie son nouveau terrain de jeu et une source d’inspiration.

L’histoire commence avec la découverte effrayante de la jeune doctorante Kate Dibiasky (Jennifer Lawrence) : dans six mois et 14 jours, une comète va s’écraser sur la Terre et détruire l’humanité. Le professeur Randall Mindy (Leonardo DiCaprio) et des scientifiques du monde entier confirment l’hypothèse. Ils vont alors tenter d’alerter la Maison-Blanche, les médias et la population mais personne ne les prend au sérieux. La Présidente des États-Unis affirme que « 99,78% de plausibilité, ce n’est pas 100% » et qu’il n’y a pas à s’inquiéter. Elle suggère d’attendre de voir comment la situation évolue.

©Netflix

Le message du long métrage est clair : les scientifiques nous alertent sur le réchauffement climatique, et nous ne faisons rien. Le fait qu’il le dise avec humour est aussi étonnant que percutant. Comédie, drame, science-fiction, film catastrophe… Il mêle plusieurs genres et parvient à captiver le spectateur.

3 Pour sa critique de notre société

Le film parodie des personnages à l’extrême. Politiques, médias, citoyens… Tout le monde y passe. Il s’attaque en premier aux classes dirigeantes, avec la Présidente qui apparaît comme une caricature de Donald Trump. Quand les scientifiques l’alertent sur la comète, elle décide de fermer les yeux, se concentrant sur les élections de mi-mandat. Les médias vont quant à eux préférer parler de la réconciliation de deux stars et du physique du professeur Randall Mindy plutôt que de la catastrophe.

Les animateurs sont hystériques et obsédés par les courbes d’audience, qui s’affolent dès qu’ils parlent d’un scandale politico-sexuel. Dans cet univers absurde (et très réaliste), les scientifiques sont désespérés. Le craquage de Kate Dibiasky à la télé va faire le tour des réseaux sociaux, les internautes prenant un malin plaisir à détourner l’image plutôt que d’écouter ses propos. On y retrouve des conspirationnistes mais aussi Peter Isherwell, un subtil mélange de Steve Jobs et d’Elon Musk, qui voit dans cette comète l’occasion d’exploiter une nouvelle richesse.

©Netflix

Don’t Look Up veut être drôle, parfois trop. Il pousse la caricature à son paroxysme et certaines blagues tombent à plat. Mais ce côté excessif capte l’attention du spectateur, qui réalise l’absurdité du monde et l’urgence climatique. Derrière ses gags et ses situations burlesques, le film cache une réalité qui alerte et angoisse celui qui le regarde. Le message est passé.

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Agathe Renac
Agathe Renac
Journaliste
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