
Le géant du Web passe la seconde pour ne pas se laisser distancer par les navigateurs IA. Au risque de tout bouleverser ?
Déjà opérationnel aux États-Unis (avec les couacs qu’on lui connaît), l’AI Mode du moteur de recherche n°1 va progressivement s’inviter en Europe. L’Allemagne, l’Italie et la Suisse font partie de la première fournée. Le lancement de la fonctionnalité en France n’est plus qu’une question de mois. Comment faut-il l’accueillir ?
Qu’est-ce que l’AI Mode de Google ?
Après les « AI Overview », Google annonce l’AI Mode. Nouvelle pierre érigée sur l’édifice d’une recherche web alimentée par IA, cette fonction expérimentale, accessible uniquement via le Lab Google aux États-Unis, tire parti de la puissance de l’intelligence artificielle Gemini 2.0 pour propulser une recherche sur le Web radicalement différente.
Concrètement, il s’agira de discuter avec son moteur de recherche, plus que d’émettre une simple requête qui mènera vers une liste de liens. Un fonctionnement qui n’est pas tout à fait neuf pour qui a déjà utilisé Perplexity ou Arc Search, mais qu’il est impératif pour Google d’adopter pour ne pas risquer de laisser passer ce train.
Un peu à la façon des modèles de langage dits « réflexifs », l’AI Mode de Google va se creuser les méninges pour dresser une liste exhaustive de sources, dont il va prémâcher le contenu pour vous en proposer un résumé pertinent en fonction de votre requête. Les liens ayant servis à formuler la réponse seront bien sûr toujours affichés, mais moins visibles, et fatalement moins susceptibles d’être cliqués par les internautes. Chose qui pose d’épineux problèmes à l’écosystème tout entier des sites web.
Pourquoi cela fait paniquer les sites internet ?
Le site spécialisé dans le référencement de sites web LePtiDigital dresse un premier constat de l’arrivée des AI Overwiews aux États-Unis. Maintenant qu’ils sont déployés dans plusieurs pays voisins, il est important que les administrateurs de sites web prennent la mesure du changement et adaptent leur stratégie de publication en conséquence.
Pour l’instant, seuls 7 % des requêtes web donneraient à voir un résumé par IA de la requête. Cependant, le trafic Google sur certaines requêtes aurait chuté de 18 à 40 % depuis le déploiement de la fonctionnalité aux États-Unis. Plus embarrassant encore : 5 % des résumés par IA ne comportent pas de source externe, empêchant d’une part l’internaute de vérifier les dires du robot, mais privant aussi le site web à l’origine de l’information d’un précieux trafic.
Concrètement, si les sites que vous consultez régulièrement ne sont pas (encore) en danger, ils vont forcément devoir adapter leur contenu pour se conformer aux nouvelles attentes des moteurs de recherche. Tout comme les articles se sont structurés pendant des décennies pour tenter de grappiller des places sur la page des résultats Google, ils vont devoir être remaniés pour avoir une chance d’être « choisis » par l’IA qui en résumera le contenu. Ce n’est pas un secret : beaucoup risquent d’y laisser des plumes.