
De nouveaux albums surprenants font leur apparition en ce début d’année 2025 pour nous prouver que la bande dessinée asiatique sait se renouveler. Plusieurs mangas et BD coréennes sont à l’honneur dans cette sélection qui invite à la réflexion.
| La fin du système
Après avoir marqué les esprits avec la série Liar Game, le mangaka Shinobu Kaitani revient torturer notre cerveau dans La fin du système… Le point de départ de cette histoire très bien ficelée est à mettre au crédit d’un autre auteur japonais : Takeshi Natsuhara, qui a donné son aval à une adaptation manga de son excellent roman. À l’heure où les arnaques sont légion, ce livre apporte une lueur d’espoir à travers le personnage excentrique de Yohei Kamo, un professeur considéré pourtant par ses élèves comme « un dingo de première ».
Génie de l’économie, cet homme passionné lutte à sa manière contre les fraudes fiscales et autres abus de faiblesse qui empoisonnent la société et ruinent des milliers de victimes. Il a même inventé la théorie du « kamorisme », visant à dessiner les plans d’une société future plus vertueuse. Même si les cours « d’humanomique » du professeur Kamo ne sont pas du goût de tout le monde, une étudiante va découvrir que cet homme agit en réalité comme un véritable redresseur de torts sur le terrain. Abordable, drôle, mais aussi très sérieux, ce manga annonce un développement passionnant à venir.
| Mon ami Kim Jong-un
Présenté dans une édition grand format chez Futuropolis, Mon ami Kim Jong-un est une bande dessinée d’origine coréenne. Au-delà de son titre assez provocateur, l’autrice Keum Suk Gendry-Kim souhaite lancer un message anti-guerre dans un format à mi-chemin entre la BD et le documentaire. Plusieurs journalistes et personnalités ayant côtoyé le dictateur nord-coréen durant son enfance ont été interrogés dans le but d’assembler les pièces composant le puzzle de la jeunesse de Kim Jong-un. Mais qui était-il ? Et a-t-il jamais eu des amis ?
Écrit à la première personne, le récit ne porte pas de jugement, mais s’appuie sur des faits pour décrire ce qu’ont vécu et vivent encore la plupart des gens en Corée du Nord et en Corée du Sud. L’étude du cercle familial du futur dictateur permet aussi de mieux cerner sa personnalité. Ce livre tente d’offrir aux lecteurs occidentaux les clés de compréhension d’un pays complexe, déchiré en deux. Une œuvre très actuelle qui mérite son format imposant et sa mise en page en deux couleurs très pertinente.
| Lost Gods : Maxa, la sorcière aux yeux de chat
Venu de Taiwan, l’album Lost Gods : Maxa, la sorcière aux yeux de chat est un conte inquiétant qui n’est pas seulement réservé aux enfants. Il fait suite à l’histoire narrée dans Lost Gods : Shen-mu l’esprit de l’arbre, mais il n’est pas nécessaire d’avoir lu le précédent volume pour se lancer dans sa lecture. Il s’agit en effet d’une toute nouvelle mission confiée à la passeuse d’esprit Mo Yu, au temps de l’Inquisition espagnole.
Lost Gods : Maxa, la sorcière aux yeux de chat convoque aussi les yôkai, ces fameux démons et fantômes issus du folklore japonais, pour les confronter aux monstres du bestiaire occidental. Les images pleine page sont agrémentées de textes faciles à lire, mais très instructifs. Les lecteurs adultes ne manqueront pas de noter les nombreuses références culturelles qui parsèment le livre. À la fois auteur et illustrateur, Evergreen Yeh a été formé dans un studio d’animation japonais, ce qui explique pourquoi ses dessins rappellent parfois le style des films Ghibli.
| Family Compo Édition Perfect
Le manga Family Compo est enfin réédité chez Panini Comics dans une nouvelle édition Perfect. Bien moins connue en France que City Hunter (Nicky Larson) ou Cat’s Eye, cette œuvre de Tsukasa Hôjô abordait, dès 1996, des questions très actuelles comme l’identité de genre. Même s’il s’agit avant tout d’une pure comédie romantique, la finesse avec laquelle le sujet est abordé est remarquable.
On y retrouve l’humour de City Hunter et le côté familial de Cat’s Eye avec un point de départ renversant. Devenu orphelin, le jeune Masahiko part vivre chez sa tante Yukari, mais il découvre que, dans ce couple, l’homme et la femme sont « inversés ». Loin des caricatures, les portraits dépeints sont très positifs et le manga porte un message de respect et de tolérance.
| Les chats d’Ulthar
La magnifique collection des « Chefs-d’œuvre de Lovecraft » s’enrichit d’une nouvelle histoire à glacer le sang. Les chats d’Ulthar regroupe trois nouvelles effrayantes du maître de l’horreur, superbement mises en images par le mangaka Gô Tanabe. Proposé dans une édition avec couverture en similicuir, ce livre paraît aux éditions Ki-oon. Il nous offre une plongée sinistre dans les tourments du « cycle du rêve » imaginé par H.P. Lovecraft.
Dans la cité d’Ulthar, les chats sont vénérés comme des dieux, car un événement terrible a démontré qu’ils étaient dotés d’un esprit de vengeance qu’il valait mieux ne pas contrarier. Les chats sont donc présents partout et scrutent les moindres faits et gestes des êtres humains. Jusqu’au jour où quelqu’un s’apprête à enfreindre la règle en toute connaissance de cause… Après avoir lu Les chats d’Ulthar, vous ne regarderez plus jamais vos compagnons félins comme avant.