Décryptage

Indiana Jones and the Great Circle : le retour d’Indy sur consoles est-il une bonne idée ?

01 décembre 2024
Par Antistar
“Indiana Jones et le Cercle Ancien” sera disponible en exclusivité sur Xbox Series et PC le 9 décembre prochain.
“Indiana Jones et le Cercle Ancien” sera disponible en exclusivité sur Xbox Series et PC le 9 décembre prochain. ©Microsoft / Bethesda

Si George Lucas est célèbre pour avoir imaginé l’univers de Star Wars, il n’en est pas moins connu pour son autre création majeure : Indiana Jones. Cependant, en dépit de son succès et d’un style taillé sur mesure pour le jeu vidéo, la saga n’a jamais excellé sur consoles et sa nouvelle adaptation fait face à un immense défi : séduire malgré les préjugés.

Alors que les adaptations de films sur consoles et PC ont mis longtemps avant d’être à la hauteur de leurs modèles, l’émergence de machines puissantes au rendu graphique photoréaliste nous a permis de vivre des expériences formidables issues du cinéma manette en main. Au cours de ces dernières années, des univers célèbres comme ceux de Star Wars, des films DC ou Marvel ou encore de Harry Potter ont été adaptés avec brio en jeu vidéo, ce qui n’avait rien de fondamentalement surprenant au vu des capacités des consoles modernes.

Ainsi, des titres comme Star Wars Jedi: Fallen Order, Marvel’s Spider-Man ou Hogwarts Legacy ont su cumuler succès critique et commercial, une nouvelle tendance sur laquelle espère surfer l’éditeur Bethesda avec sa toute nouvelle adaptation d’une licence culte. Seulement voilà : Indiana Jones et le cercle ancien ne part pas forcément du bon pied, plombé aux yeux des joueurs par tout un tas de choix qui ne font pas l’unanimité. Et si sa place était malgré tout dans le musée des meilleurs jeux de l’année ?

Une saga d’un autre temps  

Indiana Jones peut-il vraiment parler aux joueurs des années 2020 ? La question peut paraître saugrenue pour les plus de 30 ans, qui ont probablement connu une enfance bercée par la voix mythique de Richard Darbois, doubleur français de Harrison Ford dans tous ses grands succès des années 1980-1990 au cinéma.

De Blade Runner à Air Force One, en passant par Le Fugitif et, évidemment, Indiana Jones et la dernière croisade, cette voix de légende s’est également illustrée dans le domaine du jeu vidéo, doublant d’ailleurs le célèbre aventurier dans des adaptations console datant d’une vingtaine d’années déjà.

©LucasFilm/Paramount

Et si l’on regarde de plus près l’historique de cette saga du côté du 7e art, il faut bien avouer que l’on retient surtout la trilogie ayant ouvert et refermé les années 1980, davantage que les opus parus en 2008 (encore signé Lucas et Spielberg, cela dit) et surtout en 2023. C’est un fait : Indiana Jones est une licence culte, mais qui n’a plus forcément autant la cote qu’il y a 15 ans (voire 30, si l’on veut la jouer particulièrement élitiste).

Certes, elle a effectué son grand retour au cinéma l’année dernière, avec Indiana Jones et le cadran de la destinée, mais sans rencontrer un succès inoubliable, surfant essentiellement sur la nostalgie d’un Harrison Ford en fin de carrière et loin de l’aventurier intrépide qu’il incarnait devant les caméras de Steven Spielberg.

©Square Enix

Dans ce contexte, voir la franchise adaptée en jeu vidéo a de quoi surprendre, surtout que le terrain du jeu d’action-aventure mettant en scène des explorateurs courageux (et destructeurs malgré eux de cités perdues) est occupé depuis longtemps par deux sommités du 10e art : Lara Croft et Nathan Drake, respectivement protagonistes charismatiques des séries Tomb Raider et Uncharted.

Un coup de fouet nécessaire

En 1996, lorsque paraissait le tout premier épisode de Tomb Raider, naissait alors une nouvelle icône en la personne de Lara Croft, égérie du jeu vidéo et version numérique d’Indiana Jones pensée pour plaire aux adolescents. La chasse au trésor et l’exploration de cités mythiques revenaient au goût du jour, et l’aventurière délibérément sexy a constitué une référence en son genre pendant une bonne décennie, avant que le beau gosse gaffeur de Naughty Dog ne prenne le relais sur PlayStation 3 à partir d’Uncharted: Drake’s Fortune, sorti fin 2007.

©Sony Computer Entertainment

D’ailleurs, cette saga allait presque être davantage comparée à la série des Benjamin Gates, lui-même nouveau rival au cinéma d’un Indiana Jones probablement trop dépassé et pas assez moderne.

Dans ces conditions, il fut alors compréhensible de ne voir pendant plus de deux décennies aucun jeu vidéo Indiana Jones autre que les adaptations au sein de la série de jeux LEGO. La licence avait peiné à convaincre avec son quatrième volet, considéré par beaucoup comme acceptable, mais loin de la trilogie originale achevée 20 ans plus tôt.

©Sony Pictures

Représenter le genre exploration-aventure à l’écran relevait plus de la responsabilité d’Angelina Jolie sous les traits de Lara Croft, ou de Nicolas Cage dans le rôle de Benjamin Gates, en attendant que les aventures multirécompensées (et acclamées par les critiques) de Nathan Drake ne soient à leur tour adaptées au cinéma par Sony Pictures avec Tom Holland. Indiana Jones était devenu une relique ; un comble.

Beaucoup de bâtons dans les roues

Dans un tel contexte, ressortir Indy du placard relevait de plus en plus du pari. Et histoire que les astres continuent de ne pas vraiment s’aligner, ce défi, c’est l’outsider Microsoft qui a choisi de le relever. Alors qu’une exclusivité PlayStation, sur la console de salon la plus vendue (et de loin) entre les rivales PS5 et Xbox Series, s’imposait légitimement pour donner de la visibilité à un tel projet, c’est bel et bien l’éditeur Bethesda qui a choisi de faire revenir aux affaires le plus célèbre des explorateurs au fouet.

©Microsoft / Bethesda

Lorsque son projet de jeu Indiana Jones, qui n’a pas encore son titre définitif, est dévoilé au grand public en janvier 2021, la nouvelle génération de consoles n’a alors que deux mois d’existence et fait face à une pénurie historique, même chez Microsoft dont la machine rencontre pourtant un succès moindre. Mais surtout, on est alors à quelques semaines de l’officialisation d’un rachat historique dans l’industrie du divertissement.

Le géant américain, constructeur des consoles Xbox, acte en mars 2021 le rachat du groupe Zenimax, auquel appartient l’éditeur Bethesda. Ce dernier, créateur de licences comme The Elder Scrolls et Fallout (excusez du peu), possède de nombreux studios, dont un certain MachineGames, basé en Suède et auteur de tous les jeux de la licence Wolfenstein depuis 2014.

©Microsoft / Bethesda

Des spécialistes de la vue subjective, à qui a été étonnamment confié le développement de ce jeu Indiana Jones, dont on apprendra ultérieurement qu’ils comptent bien en faire un jeu à la première personne, ce qui divise énormément les joueurs. Beaucoup espéraient un Uncharted/Tomb Raiderlike, à la troisième personne, donc, permettant de voir le légendaire aventurier en action.

Trois ans et demi plus tard, lors de la gamescom de Cologne, le statut d’exclusivité temporaire d’Indiana Jones et le cercle ancien (oui, c’est son nom) tombe   il sortira sur PS5 au printemps  025, soit quelques mois à peine après la version Xbox Series.

Sa place est dans votre salon

Récapitulons   on est donc face à un jeu basé sur une licence à la popularité incertaine auprès des joueurs, pensé en vue subjective là où la troisième personne semble la plus légitime pour un jeu de ce genre et, pour couronner le tout, il s’agit d’une exclusivité temporaire pour un constructeur en difficulté tant sa console peine à séduire le grand public. Et pourtant, croyez-le ou non   Indiana Jones et le cercle ancien a tout pour être une agréable surprise.

©Microsoft / Bethesda

D’abord, parce que beaucoup d’amour de la franchise semble transparaître de chaque séquence de la nouvelle création de MachineGames, dont le doublage français met d’ailleurs en scène Richard Darbois (là où les anglophones ont droit au doubleur de Joel de The Last of Us, et non à Harrison Ford). Il y a fort à parier qu’au final, la vue à la première personne imposée par le studio scandinave nous mette on ne peut mieux dans la peau de l’un des personnages les plus iconiques de la culture populaire.

Mais aussi (et surtout), MachineGames est un studio qui maîtrise son sujet. Son expérience du jeu d’action à la première personne n’est plus à prouver, et un éditeur aussi important que Bethesda, surtout en passe à l’époque d’être acquis par un mastodonte tel que Microsoft, n’aurait jamais confié les clés d’une telle adaptation à n’importe qui.

©Microsoft / Bethesda

Si certaines productions des studios de l’éditeur américain ont parfois manqué d’un petit quelque chose, cela n’a jamais été le cas de ceux qui ont repris la licence Wolfenstein à leur compte avec beaucoup d’efficacité et d’humour. Et honnêtement, à qui pouvait-on faire davantage confiance qu’à des experts en dégommage de nazis  

Il n’y avait de toute évidence pas de meilleur choix à faire pour nous mettre dans la peau du plus célèbre des aventuriers et aller chercher Lara Croft et Nathan Drake sur leur terrain. S’il y a mille et une raisons de s’inquiéter de prime abord pour la nouvelle adaptation d’Indiana Jones sur consoles et PC, il y en a tout autant d’espérer.

©Microsoft / Bethesda

Certes, l’œuvre culte de George Lucas et de Steven Spielberg est une licence presque d’un autre temps, mais elle n’en reste pas moins on ne peut mieux adaptée à un médium comme le jeu vidéo, infiniment plus apte à nous glisser dans la peau des personnages de fiction les plus légendaires. Et compte tenu du succès du genre déjà bien établi, avec des références comme Tomb Raider et Uncharted, pourquoi MachineGames et Bethesda ne réussiraient-ils pas un joli coup en explorant cet univers aux commandes du plus mythique des aventuriers  

La vue immersive pourrait bel et bien constituer un pari gagnant et, si vraiment vous préférez y jouer sur PS5, il vous suffira au pire d’attendre quelques mois. Une misère si l’on en juge par les deux décennies qu’il aura fallu patienter pour retrouver Indy manette en mains.

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