Le film de Ridley Scott fait face à certaines critiques lui reprochant des nombreuses libertés historiques. L’Éclaireur démêle le vrai du faux.
En salles depuis maintenant une semaine, Gladiator II déchaîne les passions. Suite opportuniste pour certains, retour dans l’arène réussi pour d’autres, le film de Ridley Scott ne laisse pas indifférent. Et comme tout film d’époque, l’un des aspects les plus commentés concerne les libertés historiques prises par le cinéaste, qui dépeint une Rome en pleine décadence et joue avec les symboles.
Arène et Empereurs
Plusieurs historiens et spécialistes de la Rome antique ont ainsi pu s’exprimer sur les invraisemblances historiques du film. C’est le cas dans les articles relayés par nos confrères de Télérama, ou d’AlloCiné dans lesquels plusieurs experts ont pu revenir sur les armures incorrectes des gladiateurs, les bains de sang exagérés, les pouces levés ou baissés qui n’existent, en réalité, pas — cela vient du peintre français Jean-Léon Gérôme et son tableau de 1872 nommé Pollice verso —, ou encore les combats maritimes dans le Colisée.
Si l’existence des naumachies est véridique, elle demeure encore débattue par les spécialistes et le film mélange quoiqu’il en soit les périodes. En l’état du Colisée tel que montré dans Gladiator II (avec la présence de sous-sol et de tunnel), l’arène n’aurait pas pu être inondée entièrement pour accueillir un combat naval. La présence de requins est également critiquée unanimement par les historiens, qui estiment l’idée incongrue.
Au cœur de Gladiator II se trame un jeu de pouvoirs politiques entre les différents protagonistes. La citée est alors dirigée par deux frères tyranniques, Caracalla et Geta, avides de sensations fortes et de violence. Ont-ils réellement existé ?
La réponse est oui, et Gladiator II suit l’ordre historique des empereurs romains. Après Commode, Septime Sévère (le père des deux frères) devient empereur, puis Caracalla et Geta. Le film va ensuite dans une autre direction concernant le destin des deux empereurs, avec des scènes inventées et une relation entre eux plus « cordiale » qu’elle ne l’était réellement.
Anachronisme au café ?
Une scène en particulier a également beaucoup fait parler : le personnage de Denzel Washington lit un journal en buvant un café alors que ni les journaux, ni les cafés n’existaient à cette époque.
Une scène de quelques secondes seulement qui contient deux erreurs historiques, mais qui permet de découvrir qu’à l’époque romaine, les actualités étaient sculptées et placées à des endroits précis, obligeant les citoyens à se déplacer pour les découvrir.
Ridley Scott contre l’histoire
Pour Ridley Scott, toutes ces considérations ne sont que des faux débats. À l’image de son Napoléon, il reconnaît volontier ne pas vouloir suivre catégoriquement l’histoire pour amener son film et ses personnages dans la direction souhaitée. Une posture assumée qui pose finalement une seule question : est-ce si important de dévier de l’histoire dans le cadre d’une fiction, même si celle-ci se passe dans l’ancien temps ?
Gladiator II est un spectacle enivrant qui développe un riche propos et qui ne cherche pas à dépeindre une réalité factuelle.
C’est par le jusqu’au-boutisme et par l’excès que Ridley Scott est en mesure de traiter des relations humaines plus que de l’histoire. Le souvenir du premier Gladiator met un point final au débat : après tout, Maximus (Russell Crowe) n’a jamais réellement existé.
Qui viendrait contester aujourd’hui que le cinéaste n’a pas créé un des plus grands protagonistes du 7e art pour autant, bien réel aux yeux de millions de spectateurs ? Les libertés historiques dans les œuvres de fiction ont parfois du bon.