À 45 ans, l’auteur, déjà lauréat du prix de Flore pour La Grâce en 2020, ajoute le prix Interallié à son palmarès avec Cœur, un récit autobiographique qui retrace les origines de sa famille.
Le prix Interallié 2024 couronne ce 13 novembre l’auteur Thibault de Montaigu pour son ouvrage Cœur, publié chez Albin Michel. Ce sixième roman, salué pour sa sensibilité, explore le poids des héritages familiaux, renouant avec une veine autobiographique que l’écrivain semble s’être donné pour mission de dénouer au fil de ses œuvres. Il succède ainsi à Gaspard Koenig, lauréat du prix 2023 pour son roman Humus.
Les racines d’une destinée littéraire
Né en 1978 à Boulogne-Billancourt, Montaigu grandit au sein d’une famille d’aristocrates dont il questionne les mythes dans son nouvel ouvrage. Diplômé de Sciences Po et du Centre de formation des journalistes, Montaigu fait ses premières armes dans le journalisme à Libération avant de collaborer avec d’autres publications, comme Le Point, et Paris Match.
Depuis 2018, il dirige la rédaction du magazine L’Officiel Voyage. Sa carrière littéraire débute en 2004 avec Les Anges brûlent, un premier roman qui lui vaut d’être comparé à Françoise Sagan. Ce coup d’éclat marque le début d’un parcours d’écrivain qui oscille entre roman, chronique familiale et essai. Ses romans, parmi lesquels Les Grands gestes la nuit (2010) et Zanzibar (2013), lui valent plusieurs distinctions, le propulsant en finale des prix Interallié et Nimier, tandis que La Grâce (2020) remporte le prix de Flore pour sa sincérité poignante.
Une relation père-fils
Dans Cœur, livre sélectionné sur six listes de prix littéraires, dont le Goncourt et le Renaudot, Montaigu poursuit un travail autobiographique et se penche sur Louis, son arrière-grand-père, capitaine lors de la Première Guerre mondiale, mort lors d’une charge de cavalerie en 1914. À travers une enquête fouillée et inspirée, l’auteur cherche à percer ce mystère historique et à reconstituer le cheminement d’un homme à la gloire ambivalente.
Cœur est aussi le récit d’un autre combat, celui de son père, Emmanuel, aujourd’hui octogénaire, qui vit modestement dans un studio que ses fils lui louent. Cet homme flamboyant, autrefois emporté par la passion et les excès, se fait dépositaire d’un héritage imprégné d’honneur et de désillusions, un héritage dont Thibault lui-même semble vouloir s’affranchir.
Une écriture sincère et lucide
L’œuvre navigue ainsi entre les voix du passé et celles du présent, oscillant entre les souvenirs d’une aristocratie désuète et le portrait intime d’une famille hantée par les rêves inachevés. Montaigu, dans ce roman, brille par un style aussi fin que sincère, où se mêlent admiration lucide et tendresse pour cet héritage en clair-obscur.
Son écriture, émotive mais sans complaisance, rend hommage aux figures qui l’ont précédé, tout en questionnant l’influence des mythologies familiales sur nos propres vies. Avec Cœur, Thibault de Montaigu offre un roman qui mêle enquête historique, introspection et exploration des liens familiaux, confirmant son talent pour restituer avec justesse les sentiments qui unissent — ou désunissent — les cœurs d’une même lignée.