Critique

Dune: Prophecy : que vaut la série qui se déroule 10000 ans avant les aventures de Paul Atréides ?

15 novembre 2024
Par Pablo Baron
“Dune: Prophecy”, le 18 novembre sur Max.
“Dune: Prophecy”, le 18 novembre sur Max. ©HBO Max

La plateforme Max sort ce 18 novembre Dune: Prophecy, tirée du roman La Communauté des sœurs écrit par Kevin J. Anderson et Brian Herbert, le fils de Frank Herbert, auteur originel de Dune. Après le succès fulgurant des deux opus de Denis Villeneuve, ce spin-off explore la genèse de cet univers riche et fascinant.

Pas évident de passer après l’hyperspectacle de Denis Villeneuve. Avec respectivement 3 et 4 millions de spectateurs pour ses deux films en France, le réalisateur québécois a impressionné par son ambition visuelle et musicale en rendant hommage à l’œuvre de Frank Herbert. En attendant la sortie éventuelle d’un troisième volet, les fans peuvent découvrir cette série dérivée qui se déroule 10000 ans avant les aventures de Paul Atréides (incarné par Timothée Chalamet dans les longs-métrages).

Après de nombreux remaniements et des problèmes de préproduction, le show est finalement porté par la showrunneuse Anna Foerster (Carnival Row, Westworld). Les réalisateurs John Cameron et Richard J. Lewis signent plusieurs épisodes, tandis que Villeneuve reste impliqué en tant que producteur, garantissant une continuité visuelle et thématique.

Les femmes au pouvoir

Pour rappel, Frank Herbert a écrit six romans fondateurs de l’histoire de Dune, mais, après sa mort en 1986, son fils Brian Herbert et Kevin J. Anderson ont ajouté de nombreux romans préquels et suites (une vingtaine), explorant des arcs secondaires de cette fresque.

La Communauté des sœurs, dont s’inspire la série, se concentre sur les origines des Bene Gesserit : un ordre de femmes dotées de mystérieux pouvoirs, qui influence le monde politique et religieux de l’Imperium (l’empire galactique dirigé par la maison Corrino, d’où vient la mère de Paul Atréides).

©HBO Max

Dans ce passé lointain, les sœurs Harkonnen dirigent l’ordre des Bene Gesserit dans l’ombre, manipulant les grandes familles de l’Imperium. Tula Harkonnen est incarnée par Olivia Williams (The Crown), et Emily Watson (Breaking the Waves, Chernobyl) interprète sa sœur, Valya Harkonnen. Du côté des hommes, Travis Fimmel (Vikings) se glisse dans la peau de Desmond Hart, un personnage ambigu qui sert l’empereur Javicco Corrino, joué par Mark Strong (Kingsman, The Penguin).

Un show sombre et sanglant

L’ambiance de la série est à l’image des Bene Gesserit : sombre et intrigante. Ces femmes, qualifiées de « sorcières », possèdent des pouvoirs qui leur permettent de discerner le mensonge ou d’ordonner à quelqu’un d’agir contre sa volonté, même pour se tuer.

©HBO Max

Derrière leurs capes noires, les sœurs Harkonnen recrutent et forment des jeunes filles en leur conférant des pouvoirs mystiques, les mariant aux hommes des grandes familles pour poursuivre un projet génétique millénaire : la création du Kwisatz Haderach.

Cet être suprême, doté d’un accès total à la mémoire génétique de ses ancêtres, est celui que Paul Atréides incarnera bien plus tard, devenant un messie pour l’humanité. Valya Harkonnen, devenue Révérende-Mère, se montre particulièrement impitoyable, prête à sacrifier toute émotion personnelle pour réaliser cette prophétie.

©HBO Max

Les rituels mystiques de la Révérende-Mère engendrent des scènes sanglantes dans les couloirs des imposants édifices où siègent les puissants de l’univers Dune. Par son atmosphère austère et son intrigue complexe, le show se distingue des films de Denis Villeneuve, qui adoptent des tonalités plus lumineuses et sacrées, notamment lors de l’ascension de Paul Atréides en prophète (dit Lisan al Gaib). Dune: Prophecy opte pour un style plus sombre et contemplatif, en adéquation avec l’ambition froide des Bene Gesserit.

Un plaisir visuel malgré une narration confuse

Avec ses sauts entre passé, présent et futur, le récit utilise de nombreuses ellipses narratives, ce qui peut complexifier l’intrigue pour les non-initiés. Alison Schapker (Westworld), initialement pressentie comme showrunneuse, a confié à Entertainment Weekly que cette non-linéarité était un défi narratif important, et que « l’une des caractéristiques de Dune est que le temps n’est pas simplement linéaire ».

©HBO Max

« Certaines de ces femmes communiquent activement avec leurs ancêtres féminines, a-t-elle expliqué au média américain. Des secrets du passé influencent le présent, tandis que nos personnages façonnent l’avenir. Nous voulions que l’histoire reste vivante, impliquant des retours constants dans le passé. »

Dans cet esprit, Dune: Prophecy est à Dune ce que House of the Dragon est à Game of Thrones : un spin-off plus susceptible de plaire aux fans inconditionnels qu’aux spectateurs curieux, qui pourraient se perdre dans cette intrigue dense.

©HBO Max

Néanmoins, le budget conséquent (bien que les chiffres n’aient pas encore été révélés) se traduit par une esthétique somptueuse : les accessoires, les costumes et les décors, en parfaite symbiose avec les paysages grandioses de Hongrie et de Jordanie, renforcent l’attrait visuel de la série.

Ce spin-off immersif sera diffusé dès le lundi 18 novembre en exclusivité sur la plateforme Max, avec un nouvel épisode chaque semaine. Pour les amateurs de science-fiction et les fans de Dune, Dune: Prophecy promet une exploration captivante de l’univers des Bene Gesserit et des origines d’une prophétie millénaire.

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