À 37 ans, l’auteur franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy est doublement primé pour Le Rêve du jaguar. À travers le destin d’Antonio, symbole d’un pays entier, il a conquis critique et public français, porté par une écriture poétique et universelle.
Après le Grand Prix du roman de l’Académie française en octobre, c’est au tour du Prix Femina du roman de couronner Miguel Bonnefoy pour Le Rêve du jaguar. Doublement sacré en l’espace de quelques semaines, l’écrivain franco-vénézuélien, à seulement 37 ans, marque de son empreinte cette saison des prix littéraires. Dans un milieu où les doublés sont rares, Bonnefoy se distingue par la force de son récit et l’universalité de son écriture.
Un doublé historique
Depuis dix ans, aucun auteur n’avait remporté ces deux distinctions consécutivement, à l’exception des cas de prix Goncourt des lycéens. Ce doublé, Femina et Académie française, inscrits Bonnefoy dans une catégorie unique : celle des écrivains salués autant par la critique que par le public. Le Rêve du jaguar a su captiver, non seulement par la beauté de sa plume, mais aussi par sa capacité à transcender les frontières culturelles.
Bonnefoy lui-même ne cache pas son émotion. « C’est un prix que j’attendais depuis dix ans », a-t-il déclaré lors de la remise du Prix, au musée Carnavalet de Paris. Fils d’un écrivain chilien et d’une diplomate vénézuélienne, il est né en France mais a grandi avec une culture ancrée en Amérique du Sud. Bien que sa langue maternelle soit l’espagnol, il a fait du français son terrain d’expression littéraire.
Un roman universel : Le Rêve du jaguar
Dans Le Rêve du jaguar, Bonnefoy nous emmène au cœur du Venezuela pour suivre le parcours d’Antonio, un enfant abandonné, issu de la misère. Adopté par une femme pauvre, il grandit dans des conditions précaires, mendiant dans des ruelles marécageuses. Ce destin tragique semble tout tracé, mais Antonio n’est pas un homme à se laisser vaincre. Il s’élève, grâce à une persévérance et un talent exceptionnels, jusqu’à devenir l’un des plus grands médecins de son pays.
À travers Antonio, Bonnefoy peint un tableau du Venezuela, de ses luttes sociales et ses évolutions politiques, tout en illustrant les thèmes de l’ascension sociale et de la résilience. Antonio et sa famille incarnent les racines et les aspirations d’un peuple en quête de renouveau, que Bonnefoy parvient à rendre universels.
Un parcours d’exception
Depuis ses débuts en 2013 avec Icare, Miguel Bonnefoy multiplie les succès littéraires, construisant une carrière riche et saluée par la critique. Le Voyage d’Octavio, finaliste du Prix Goncourt du premier roman en 2015, annonçait déjà un talent remarquable, confirmé par Sucre noir (2017), finaliste du Prix Femina, et Héritage (2021), lauréat du Prix des Libraires.
Traduites dans une vingtaine de langues, ses œuvres font de lui un ambassadeur de la littérature latino-américaine en France, mêlant les cultures dans un style évoquant le réalisme magique. Bonnefoy séduit par sa capacité à lier l’intime au collectif, en explorant des destins individuels qui racontent l’histoire d’un pays tout entier.
Son écriture élégante, son univers riche et coloré, et sa maîtrise des thèmes universels – l’exil, la mémoire, la résilience – captivent. Le Rêve du jaguar, plus qu’une saga familiale, est un hommage à un peuple et à une terre marquée par les épreuves.
Un possible triplé ?
Si Bonnefoy brille déjà par son doublé, il pourrait créer un exploit inédit. En effet, Le Rêve du jaguar figure également dans la dernière sélection du Prix Médicis, qui sera décerné, le 6 novembre. Le romancier pourrait-il réussir un triplé historique ? Et si cela ne suffisait pas, Bonnefoy est également en lice pour le Prix Jean-Giono, dont le gagnant sera dévoilé le 14 novembre.