Critique

Lara Croft, l’icône revisitée : quand l’aventure frôle le déjà-vu

10 octobre 2024
Par Sarah Dupont
“Tomb Raider, La Légende de Lara Croft”, le 10 octobre sur Netflix.
“Tomb Raider, La Légende de Lara Croft”, le 10 octobre sur Netflix. ©Netflix

Vingt-huit ans après ses débuts, Lara Croft revient sur Netflix avec Tomb Raider, une série animée en huit épisodes disponible dès le 10 octobre. Entre action effrénée et introspection superficielle, l’héroïne emblématique tente de captiver, mais se heurte à un scénario prévisible qui manque cruellement d’audace.

Des cheveux bruns tirés en queue-de-cheval, un body, un short, des Rangers et, bien sûr, deux pistolets… Cette silhouette n’a besoin d’aucune autre présentation : Lara Croft, l’icône indémodable du jeu vidéo, est de retour.

Créée en 1996 par Toby Gard, l’héroïne de Tomb Raider a su traverser les époques et se hisser au rang des légendes de la pop culture. Vingt-huit ans après sa naissance, elle réapparaît là où on ne l’attendait pas : dans une série d’animation signée Netflix, prête à reprendre l’aventure sur le petit écran.

Un goût de réchauffé

Les fans de la saga et les amoureux d’aventures pourraient s’enflammer à l’idée de retrouver Lara Croft dès ce 10 octobre. Après tout, le show se positionne dans la lignée des productions animées pour adultes comme Blood of Zeus, Castlevania ou Twilight of the Gods. Et avec Legendary Pictures aux manettes, on pourrait s’attendre à une aventure palpitante.

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Mais si vous espérez un souffle d’originalité, passez votre chemin. La série, malgré son emballage soigné, donne l’amère sensation de réchauffer des plats déjà servis. Ce qui se voulait un hommage vire rapidement au recyclage, et l’intrépide Lara se retrouve à brasser du vent au milieu d’une aventure sans surprises.

Un patchwork d’éléments vus et revus

Les épisodes suivent l’héroïne dans une énième quête d’artefacts anciens capables de plonger l’humanité dans le chaos. Accompagnée de son équipe, elle parcourt des contrées exotiques, découvrant des temples oubliés et affrontant des ennemis qui veulent, bien sûr, protéger ou s’approprier ces mystérieux objets.

Un grand méchant – français, évidemment – prétend vouloir sauver le monde en s’en emparant. Ce canevas d’aventures archéologiques est certes bien ficelé, mais sans surprise : des mystères éventés avant même d’être soulevés et une absence totale d’énigmes qui pourraient titiller le téléspectateur. En bref, on assiste à une succession de clichés dignes d’un sous-Indiana Jones.

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Pire, le scénario s’enlise dans un fatras de sous-intrigues prévisibles : la famille Croft, Roth, mentor et figure paternelle de Lara, et deux sociétés secrètes – La Lumière et La Trinité – censées maintenir l’équilibre du monde. Ajoutez à cela des références lourdes aux Templiers et vous obtenez un récit sans subtilité, où même les rebondissements paraissent téléphonés. L’humanité est encore une fois en danger, et Lara, fidèle à elle-même, doit la sauver. Bref, un schéma usé, sans la moindre originalité.

Vraisemblance et originalité, les élèves absents

Alors que la série tente de surfer sur une esthétique réaliste pour s’adresser à un public adulte, le manque de vraisemblance est rapidement frappant et elle cède à l’exagération. Lara survit à des morsures de crocodile, sort indemne d’un saut en parachute raté ou se relève miraculeusement après un tsunami.

Même son ennemi s’en étonne : « Vous ne mourrez donc jamais ? » Apparemment, non, et si on accepte qu’elle soit la protagoniste, cette invincibilité frôle l’agacement. Souvent comparée à Indiana Jones, Lara Croft semble ici plus proche d’un Ezio Auditore ou d’un héros dAssassin’s Creed tant ses prouesses physiques défient les lois de la gravité.

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La série se veut mature – sang et violence à l’appui – mais tout porte à croire qu’elle s’adresse à un public bien plus jeune. L’animation, bien qu’efficace, renvoie directement aux dessins animés de notre enfance, avec ce style réaliste légèrement cartoon à la Legend of Korra ou Wolverine and the X-Men. Une réalisation sans éclat particulier, qui ne révolutionne ni le genre ni le personnage. Au final, c’est propre, ça se laisse regarder, mais ça ne marque pas vraiment les esprits.

Une Lara malgré tout inspirante

Tout n’est en revanche pas à jeter dans cette adaptation, et le véritable atout demeure sans conteste Lara elle-même. Et à 12 ans – peut-être même encore aujourd’hui –, nous aurions adoré pouvoir nous identifier à cette aventurière audacieuse, déterminée et résolument cool. Loin des stéréotypes sexualisés qu’on lui a souvent collés, elle incarne ici une figure indépendante et puissante, symbole parfait du girl power.

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Ses prouesses frôlent parfois l’invraisemblable, mais ça participe aussi à son charme : une sorte de Kim Possible des jungles, toujours aussi inspirante. Sous l’armure de l’héroïne, la série tente en outre une introspection. On découvre une Lara en proie à ses démons, hantée par la mort de son mentor et écrasée par la culpabilité.

Bien que ce côté plus vulnérable soit parfois abordé de manière superficielle, il humanise l’héroïne, qui n’est plus uniquement une machine à exploits, mais une femme marquée par ses blessures, ses échecs, ses remords.

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Le show ose aussi quelques touches d’originalité, notamment une scène dans les catacombes parisiennes où Lara plonge dans une hallucination. Entre rêve et souvenirs, elle revit des épisodes traumatiques de son passé, en particulier de son enfance, révélant une facette plus intime. Ce procédé, utilisé également dans le dernier épisode, permet d’approfondir un personnage plus complexe, marqué par ses fêlures. Bien que ce soit parfois maladroit, cette tentative d’introspection ajoute une dimension appréciable à l’ensemble.

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