Avec la multiplication des équipements connectés, on peut avoir besoin d’une connexion wifi jusque dans son jardin. Pourquoi est-ce une bonne idée de s’y intéresser ? Et comment s’y prendre pour que l’extérieur se transforme en une pièce de vie supplémentaire dans laquelle on peut travailler et se divertir ?
Du wifi dans le jardin : une idée incongrue ? Pas tant que cela. On peut en avoir besoin pour diverses raisons. D’abord, la plus évidente : le télétravail, devenu monnaie courante. Au printemps et en été, on peut tout à fait allier l’utile à l’agréable en travaillant dehors. Ensuite, pour utiliser des équipements d’extérieur qui tendent à devenir de plus en plus connectés : c’est le cas des tondeuses robotisées, des systèmes d’arrosage intelligents, des accessoires d’entretien de piscine (comme les robots nettoyeurs) voire des piscines elles-mêmes.
Les appareils de smart home se multiplient également en extérieur, à l’instar des caméras de surveillance et autres luminaires connectés. Sans oublier la cuisson outdoor et les appareils de divertissement destinés aux terrasses et jardins (téléviseurs, vidéoprojecteurs nomades…). La simple consommation de contenus en streaming (musique, podcasts, vidéos, jeux…) depuis une tablette ou un smartphone justifie à elle seule d’étendre le wifi aux abords de la maison. Surtout si, suivant les recommandations de l’Ademe, on veut privilégier cette connexion qui « sollicite moins le réseau que la 4G », cette dernière consommant « trois fois plus d’énergie que le wifi ».
Capter un signal wifi ne suffit pas
On peut capter un signal wifi dans son jardin sans pour autant que cela suffise pour réaliser une visioconférence confortablement ou consulter des vidéos en streaming. Pour ces usages, même de brèves interruptions seront immédiatement visibles. Ils nécessitent un minimum de débit et surtout une connexion stable.
Le sujet n’est pas simple. Pour commencer, la portée du wifi n’est que théorique. « La portée théorique moyenne d’un routeur wifi est d’environ 150 mètres en extérieur, dans un endroit totalement dégagé. Dans votre maison, les murs, les meubles et autres appareils créent des obstacles et des interférences faisant chuter cette distance à moins d’une vingtaine de mètres. La diminution de la portée réduit le débit des données échangées, ralentissant significativement l’accès à Internet », peut-on lire sur le site de Red by SFR. Sur celui d’Orange Pro, la portée évoquée est plus importante : « La dernière version wifi offre une portée de 250 mètres en extérieur et de 35 mètres en intérieur. »
Dans les faits, de nombreux éléments peuvent réduire la portée et le débit : des murs (plus ils sont épais, plus le wifi peine à « passer »), du métal, d’autres réseaux (le problème est courant dans les zones densément peuplées), des appareils électroménagers ainsi que des objets connectés et plus généralement tout type d’appareil produisant des ondes électromagnétiques… En outre, on l’aura compris, la portée du signal dépend aussi de la génération de wifi. Il en va de même pour le débit : « le wifi 6 permet d’atteindre des débits théoriques de 10 Gb/s, contre 3 Gb/s pour le wifi 5 », indique Orange.
Et un point ajoute encore à la complexité du problème : le débit dépend naturellement du forfait internet dont on dispose (sachant que certains foyers ne sont pas encore passés à la fibre optique), mais également de la box. « La box est en charge de la distribution du wifi dans la maison. Or, la majorité des Français utilisent une box d’ancienne génération et donc une technologie ancienne : le wifi 4 a 16 ans et le wifi 5 en a 10. Les fournisseurs d’accès mettent à notre disposition une box qui est, du point de vue du wifi, en permanence en décalage avec nos besoins et nos usages dans nos logements », avertit Lionel Paris, expert produit réseau pour la marque Netgear. De plus, « en fonction du forfait choisi, il y a parfois une inadéquation entre le débit souscrit et la capacité de la box à sortir le débit (dans le cas des box d’ancienne génération notamment) », ajoute-t-il.
Viser un débit en fonction des usages
Il faut donc distinguer le débit du wifi, qui est devenu au fil du temps le moyen principal de distribution d’Internet à la maison, de celui de votre ligne. « Le débit théorique maximal n’est pas le même selon la norme wifi de votre box. Il est de 288 Mb/s à 600 Mb/s avec le wifi 4, de 5 Gb/s avec le wifi 5 et de 10 Gb/s avec le wifi 6. Donc, plus la norme wifi de votre box est récente, plus vous êtes susceptible d’avoir un bon débit »,peut-on lire sur le site DegroupTest. « Pour couvrir une maison, en termes de génération de wifi, le wifi 6 est un minimum (qui a déjà 5 ans), idéalement du wifi 6e (2 ans et demi), voire du wifi 7, disponible depuis fin 2023 », commente Lionel Paris.
Ensuite, comme le souligne à nouveau le site DegroupTest, tout dépend de la technologiedisponible à votre domicile (ADSL, VDSL2, câble, fibre). La fibre étant à privilégier, car c’est la seule qui subsistera à terme.
Mais alors, quel débit viser ? Là encore, il n’y a pas de réponse simple. Cela dépend des usages et des besoins : télétravail, connexion en visio, partage de fichiers, utilisation de services de streaming pour jouer ou regarder des vidéos… Sur son site, TP-Link estime par exemple que « pour le streaming 4K, une connexion internet avec un débit minimum de 25 Mb/s est recommandée. Cependant, pour une expérience plus fluide, surtout si plusieurs appareils utilisent Internet simultanément, visez une connexion de 50 Mb/s ou plus ». Et pour le streaming 8K, la marque suggère de prévoir « une connexion de 100 Mb/s ou plus ».
Nous citons ces valeurs à titre indicatif pour vous donner un ordre d’idée. Mais si plusieurs personnes sont susceptibles d’utiliser de tels services simultanément, le débit réellement nécessaire est bien plus important ; idem pour faire fonctionner l’ensemble des produits d’une maison connectée. Dans ce cas, « pour un domicile qui dispose de la fibre, je conseillerais une offre qui permettrait d’avoir 1 Gb/s à la maison », recommande Lionel Paris.
Quelques précautions de base
Il ne nous semble pas inutile de rappeler quelques recommandations de base concernant le placement de la box, qui est loin d’être anodin. Elle doit être installée dans une pièce centrale – on évite surtout la cave ou les combles – à distance du sol (environ 1,50 m recommande Orange) et éloignée d’objets qui pourraient créer des interférences (téléphone, boîtier fibre…). La box ne doit en aucun cas être enfermée dans une armoire ou un meuble (remarque également valable pour un routeur ou satellite wifi). Les antennes ont beau être de moins en moins visibles, elles sont bel et bien présentes au sein de ces appareils.
Enfin, même si on installe la box au centre du logement, il faut garder en tête que les murs, surtout épais, et l’eau en volume important (comme les aquariums) gênent le passage du wifi. « Gardez à l’esprit que les ondes wifi ne sont rien de plus que des ondes radio. Elles peuvent donc être très capricieuses : il suffit parfois de déplacer votre box de quelques centimètres pour optimiser son fonctionnement… », prévient Orange.
Bonne nouvelle : pour le jardin, ça n’est pas si compliqué
On pourrait penser qu’il est compliqué d’avoir du wifi à l’extérieur de la maison. Mais la bonne nouvelle, c’est que si on a fait le nécessaire pour avoir une bonne couverture wifi dans la maison, le jardin ne posera pas de problème spécifique. « Le challenge n’est pas trop l’extérieur ou le jardin, mais couvrir les étages, par exemple les combles, un garage aménagé ou une cave », confirme Lionel Paris. Plus les matériaux sont denses et compacts, plus le signal wifi peine à passer ; un mur en brique pleine est plus problématique qu’une baie vitrée. A priori, c’est d’ailleurs pour cette raison que les bornes outdoor tendent à disparaître : « Avec le wifi 5, on avait ce besoin d’étendre le signal à l’extérieur. Avec les nouvelles générations de wifi 6/6e/7, cela n’est plus nécessaire. » Alors, quelles solutions pour bien capter dans toute sa maison, y compris dehors ?
Pour les appartements avec rez-de-jardin, balcon ou terrasse et plus généralement les petites surfaces de plain-pied, c’est le plus simple. Il est possible que votre box suffise pour couvrir le logement, mais la saturation créée par l’ensemble des box des voisins vous limitera. Il peut être tentant d’opter pour une box plus récente, mais avec les changements d’abonnement et de tarif que cela implique. Le routeur wifi peut être une bonne solution (en outre plutôt accessible). Il va prendre le relai et distribuer lui-même le wifi dans le domicile, sans les limitations évoquées précédemment.
La problématique est plus complexe lorsqu’il s’agit de grandes surfaces et en particulier d’habitations à plusieurs étages (maison ou appartement en duplex, triplex…). Quelle que soit la génération de wifi, tous nos interlocuteurs s’accordent à affirmer que dans ces conditions, aucune box, aussi récente soit-elle, n’est en mesure de couvrir efficacement tout le logement. La solution recommandée par les fabricants spécialistes est le wifi Mesh ou réseau maillé.
Savoir mailler le réseau
Cette technologie utilise deux à plusieurs bornes wifi, toutes capables de recevoir et relayer le signal, qui en quelque sorte « tissent une toile ». Ces modules dispatchent intelligemment le signal selon les besoins de chaque utilisateur qui se connecte dans le foyer, en priorisant et en gérant les flux. C’est ce qui contribue à avoir une connexion stable, partout, sans zones non couvertes. Sur son site, TP-Link l’explique ainsi : « Alors que les routeurs traditionnels diffusent le wifi à partir d’un seul point, les systèmes wifi Mesh disposent de plusieurs points d’accès. Lorsqu’un boîtier Deco est connecté au modem ou à la box, ce boîtier devient le hub principal. Les autres boîtiers captureront et rediffuseront le signal du routeur. Le résultat est un réseau sans fil efficace qui fournit un signal puissant, où que vous soyez. »
Pour les logements à étages, certains fabricants défendent un modèle CPL + wifi, à l’instar de Devolo (avec ses kits Magic 2 wifi Mesh), estimant que c’est la meilleure solution pour « transporter » correctement le wifi partout dans une maison. Sinon, la marque propose aussi des répéteurs fonctionnant en réseau maillé (modèles 5400 et 3000).
D’autres privilégient des solutions à partir de bornes sans fil. Chez TP-Link par exemple, la plupart des packs wifi Mesh (gamme Deco) fonctionnent ainsi. Il existe néanmoins un pack mêlant wifi et CPL, spécialement recommandé pour « traverser les murs épais ».
Netgear propose aussi des kits Mesh, que le constructeur nomme « systèmes wifi » (gamme Orbi), qui fonctionnent tous avec une base récupérant le signal internet à la source (la box) et un ou plusieurs satellites sans fil. Ils sont déclinés en wifi 6, wifi 6e et même wifi 7. La marque recommande d’installer les satellites dans les pièces dans lesquelles on en a besoin, l’intelligence du système se chargeant du reste pour distribuer le wifi partout, dans n’importe quelle habitation.
Avec son système Orbi, la marque utilise une technologie exclusive en ajoutant une bande wifi supplémentaire. Elle est dédiée pour relier la base avec ses satellites (« comme un câble invisible dont le seul rôle est que tous les éléments communiquent les uns avec les autres »), améliorant la portée et évitant tout type de saturation, ce qui garantit une couverture totale et un débit maximum partout.
On évite le répéteur
Quid du répéteur ? Les marques spécialistes des solutions réseau ne poussent pas cette option pour les habitations à étages, car certaines zones demeurent non couvertes et cela engendre des pertes de connexion quand on se déplace dans la maison. De plus, cet appareil répète le signal du wifi là où il le capte et l’amplifie pour le porter plus loin. Cela permet donc de gagner un peu de portée au fond d’une pièce par exemple, mais sans éviter une perte de débit.
Il existe quasiment autant de solutions que d’habitations et d’usages, raison pour laquelle les catalogues des marques spécialisées sont aussi étoffés. La plupart d’entre elles proposent des « guides d’achat » qui peuvent aider à s’orienter en répondant à quelques questions sur la configuration du logement et sur les usages. Cela permet au minimum de faire un premier tri parmi les nombreuses solutions existantes.
