Vice-Versa s’offre une suite présentée dans les salles obscures dès ce mercredi 19 juin. Dans le film de Kelsey Mann, Joie et sa bande vont faire la connaissance de nouvelles émotions ; un argument de scénario efficace mais loin d’être surprenant.
C’est le meilleur démarrage de l’histoire pour un film d’animation aux États-Unis. Depuis sa sortie, outre-Atlantique, Vice-Versa 2 est un véritable raz-de-marée ayant engrangé durant son premier week-end d’exploitation plus de 155 millions de dollars sur le sol américain. Au niveau mondial, le film réalisé par Kelsey Mann a totalisé 295 millions de dollars, et il y a de fortes chances que la suite des aventures de Riley permette au long-métrage de se hisser dans les plus hautes sphères du box office international.
Attendu ce mercredi 19 juin, Vice-Versa 2 suit toujours Riley. Désormais adolescente, la jeune fille va devoir gérer de nouvelles émotions alors que l’entrée au lycée s’accompagne d’un grand chamboulement. De leur côté, Joie, Colère, Dégoût, Peur et Tristesse, à l’instar de leur hôte, vont devoir dealer avec des sentiments inédits, et cohabiter difficilement au cœur de leur QG avec Anxiété, Ennui, Envie, et Embarras, alors que la puberté — personnifiée par une amusante bande d’ouvriers roublards — pointe le bout de son nez.
Émotions caractéristiques de l’adolescence, ces trois nouveaux personnages montrent une nouvelle fois à quel point Pixar parvient à adapter ses films aux préoccupations intimes de chacun, mais aussi aux problématiques de la société moderne. Depuis plusieurs années, et notamment depuis la crise sanitaire de 2020 — période durant laquelle Kelsey Mann a imaginé le script de Vice-Versa 2 — la question de l’anxiété est souvent présente dans le débat contemporain.
C’est peut-être en cela que réside l’intelligence du long-métrage. En étant capable de nommer et de représenter un sentiment aussi flou et étouffant qu’Anxiété, Vice-Versa 2 réussit le pari de se réinventer avec fougue, grâce à ce petit monstre orange, capable des pires dégâts.
Pourtant, là où la création originale Pixar de 2015 apparaissait comme une véritable claque mélodramatique, nous permettant de regarder à l’intérieur de nous-mêmes de façon inédite, cette suite apparaît moins dense, et tout au plus efficace. En effet, malgré le renouveau des personnages, les situations apparaissent similaires, de la construction initiale au happy ending final en passant par l’aventure proposée.
Seules quelques séquences comme celle dédiée aux souvenirs de Riley à travers lesquels on pourra croiser un ancien crush tiré d’un jeu-vidéo des années 2000, ou bien une banane parlante rappelant étrangement la série pour enfants Dora L’Exploratrice apparaissent comme des fulgurances humoristiques bien senties, mais aussi des propositions artistiques et techniques d’animation variées.
Côté émotion, Vice-Versa 2 pourra compter sur son duo Tristesse et Embarras pour nous séduire, mais aussi sur quelques visions effrayantes, notamment une scène dans laquelle Anxiété dirige un open space morbide chargé d’anticiper les pires situations pour protéger Riley. Sur ce point, le film apparaît ainsi plus terre à terre, presque déconnecté de la joyeuseté d’antan de Pixar pour offrir une création originale plus mature. À tort ? Pas forcément. Les studios semblent, depuis plusieurs projets se questionner sur l’avenir afin de mieux comprendre ce que grandir, évoluer, et même mourir, signifient. De Soul (2020) qui questionnait la notion du deuil à Alerte Rouge (2022) qui traitait de façon fantastique l’arrivée de la puberté, Pixar semble vouloir s’interroger sur les grandes étapes de la vie.
Il faudra toutefois veiller à ce que les équipes ne tombent pas dans un phénomène désabusé, et déconnecté de la magie qui a fait son succès. Car, sans un scénario solide, et en dépit de quelques bonnes idées, le passage à l’âge de raison version Pixar ne devrait pas convaincre ses plus grands fans. La preuve avec Vice-Versa 2.
Vice-Versa 2 de Kelsey Mann avec Charlotte Le bon, Pierre Niney, Adèle Exarchopoulos, Gilles Lellouche et Dorothée Pousséo, 1h36, le 19 juin 2024 en salle.